dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

3.5.03

( 12:44 )

Tant de choses

Partagées tout au long de l'adolescence, ça ne s'oublie pas. Je sais, tu es loin maintenant, il y a longtemps que nos chemins se sont séparés, pour des broutilles vraiment, mais qu'est-ce que ça change ? Rien n'effacera tous ces moments que nous avons eus, ces aventures que nous avons traversées, toi, sur ta mobylette jaune, moi sur ma peugeot ocre. Ces rendez-vous farfelus, ces confidences échangée, ces peines que nous avons portées solidairement ensemble, toutes les deux. Tu te rappelles ce soir où nous avions joué à la bouteille avec toute la gang, au sous-sol, chez-moi. Quand le sort avait désigné le beau Yvon et qu'il t'avait demandé en gage, un french kiss... ? Je t'avais vue devenir écarlate, j'avais senti ton malaise et je t'avais regardée prendre tes affaires et partir en courant. Je ne comprenais pas mais j'avais eu mal avec toi. Je t'avais poursuivie dans les rues du village et quand je t'avais enfin ratrappée, tu pleurais. Nous avions marché ensemble et je nous avait acheté deux popsicles, un à la banane pour toi, au chocolat pour moi et nous nous étions assises sur les marches de l'église pour les déguster. Après de longs instants tu avais cessé de pleurer et tu m'avais confié ta peine et ton impuissance. Tu ne savais simplement pas ce qu'était un french kiss et tu avais eu peur d'être humiliée devant tout le monde et surtout de décevoir Yvon. Je t'avais expliqué de mon mieux ce que j'en savais. J'étais un peu mal à l'aise, ça semblait tellement bête comme technique. Tu m'avais demandé si c'était dégueulasse, je t'avais répondu que ça pouvait l'être si les conditions n'étaient pas les bonnes mais que ça pouvait aussi être plutôt délicieux. Nous avions bien ri et tu m'avais promis que si un jour tu t'y risquais, tu me dirais comment tu avais apprécié ou pas. Nous étions revenues chez moi et lorsque nous avions retrouvé la gang, nous leur avions expliqué, plus complices que jamais, que nous avions eu quelque chose d'urgent à faire toutes les deux.

Quelques mois plus tard, avec le timide Guy, tu avais expérimenté et tu m'avais confié que ça avait été pas mal mais que la technique restait à perfectionner. Finalement c'était comme la vie, tout est potentiel, reste à polir et à travailler.

Aujourd'hui c'est ton 42ème anniversaire. C'est difficile d'imaginer où tu en es, mais je t'offre cette pensée pleine de nos 13 ans, ce n'est pas si loin après tout et ça fait du bien :-)
# 93709090   L'insomniaque

( 12:05 )

Je me demande souvent

Ce qui fait que c'est une personne et pas une autre. Je veux dire qu'est-ce qui fait, au delà de toute pensée rationalisante, au delà de toute analyse, qu'une personne un jour nous ouvre les bras et qu'on s'y cale comme si on y avait toujours été ?
Je peux réfléchir, trouver des raisons, des qualités intrinsèques qui font que cette personne surpasse les autres, mais la vérité est que beaucoup de gens ont des qualités, qu'il y a plein de gens agréables avec qui le courant passe bien, en superficie, mais ce n'est pas ça, enfin je ne crois pas, pas pour moi. Il y a autre chose d'indéfinissable et d'insaisissable, quelque chose d'évident et de doux que je ne sais expliquer. C'est comme ça.

Et c'est tant mieux :-)
# 93708950   L'insomniaque

( 11:39 )

Au bord de quelque chose

De tout petits pas :-)Quelque chose c'est ma vie, c'est un tournant, un changement, difficile à dire mais il y a des moments où j'ai vraiment le sentiment que quelque chose est en train de bouger, quelque chose d'important. La seule image qui me vient c'est celle d'un aéroport, quand on attend pour partir, on a plein de formalités à remplir, de trucs plus ou moins agréables à accomplir, on est légèrement angoissé, plus tout à fait ici, loin d'être encore ailleurs, jamais complètement sûre d'y arriver non plus mais on garde la tête haute, on sourit et on avance, on traverse chaque étape avec patience en se disant que maintenant on ne peut plus reculer, quoi qu'il advienne.

C'est ainsi que je me sens, ni libérée d'hier, ni rassurée par demain, aujourd'hui, une minute à la fois, la plupart du temps confiante, parfois angoissée et inquiète, à d'autres moments désespérée mais consciente du fait que c'est ma vie, que je dois et peux la vivre debout.

Certains jours j'ai des rêves, des envies et des projets plein la tête. Je suis devenue plus sage, je reste toujours prudente et ouverte à la surprise, je ne suis sûre vraiment que d'une chose, je suis moi et ma vie suit son cours. Je n'ai ni contrôle, ni abandon passif, j'apprends et je fais face à ce qui est, du moins j'essaie. Le plus difficile est de ne pas me juger. J'ai compris que j'étais mon pire critique et que ma vision de moi était tout sauf constructive. Je ne suis ni blanche, ni noire, je fais avec ce que je suis et avec ce que j'ai. À certains moments je suis très fière de moi, à d'autres j'accepte mes limites et je vois ce que je peux faire. Toute cette ouverture et cette indulgence que j'ai toujours déversée autour de moi, j'essaie de me l'offrir, une goutte à la fois, pour ne pas m'étourdir.

Je suis en train de réaliser quelque chose de très important, ça c'est clair. Pour le reste on verra.

Aujourd'hui c'est samedi et la vie circule en moi. Mon corps est sain, mes fils grandissent, j'ai un amour, des ami(e)s, un toit sur la tête, un boulot qui n'est pas bête (même s'il contient ses petites absurdités) et je suis capable de vous l'écrire. La suite n'est qu'anecdote.
# 93707864   L'insomniaque

2.5.03

( 18:43 )

En fait non...

Ce n'est pas tout. Je veux dire que je m'aperçois combien c'est difficile pour moi de dire vraiment ce que je pense quand je sais que mes idées ne seront pas partagées. J'ai peur... de quoi au juste ? Qu'on ne m'aime plus. C'est bête, n'est-ce pas ?

Et donc je ravale, encore et encore. Jusqu'à ce que cette traitre amertume décide de sortir et abime ce qui est précieux. Parce qu'habituellement je ne laisse sortir mon fiel qu'avec les gens dont je suis certaine des sentiments, ceux qui m'aiment le plus, avec qui je me sens en sécurité. Sauf que ces gens là ne le méritent pas, enfin pas toujours. Et souvent ils n'ont rien à voir avec ma colère.

Méchante, moi ? Non. Mais parfois on pourrait vraiment s'y tromper. Zut.
# 93676706   L'insomniaque

( 18:30 )

Se heurter

À des idées, à des gens, à des mots. Oser dire ce qu'on pense et questionner l'autre pour être bien sûre de comprendre, pour rajouter plutôt que de trancher. Risquer de blesser et s'affirmer. Exister au delà de la simple présence physique, vivre quoi, et participer à ce qui vit autour. Déranger.

C'est loin d'être facile, ça draine beaucoup d'énergie mais ça libère quelque chose à l'intérieur. Ça peut même éviter d'accumuler l'amertume traitre qui finit par s'épandre où et quand elle ne devrait pas.

Et oui, cet après-midi il y avait réunion au bureau. C'est tout.
# 93676163   L'insomniaque

1.5.03

( 20:28 )

Je voulais

De l'ordre dans ma tête et dans mes idées mais le tourbillon virevoltait, rien à faire...

Sans rien dire, sur la pointe des mots, il a discrètement remis un peu d'ordre entre les lignes, presque rien, juste assez pour effleurer mes lèvres et y dessiner un sourire. J'ai vraiment de la chance malgré tout ce que je pourrais en dire ou vous faire croire.
# 93624367   L'insomniaque

30.4.03

( 22:41 )

Il y a des moments

Où tout semble terriblement froid. Où tout ce que je pourrais dire me semble horriblement banal. Où il n'y a plus rien à écrire parce que les mots sont taris. Où je me demande Pourquoi? Comme une sorte de litanie en boucle, jusqu'à ce que je me taise. Vide. Épuisée.

J'aimerais pouvoir y mettre des mots comme on fait de l'ordre dans ses idées, comme on finit par trouver le sens caché de chaque énigme. Mais la vérité c'est qu'il n'y a pas de sens, mon histoire est une enfilade d'absurdités qui saoûlerait le plus patient parmi tous les patients.

Je suis sans dessus ni dessous et j'entraîne tout le monde dans mon tourbillon maudit. Je me leurre en pensant qu'il y a une clé quelque part, que j'avance, que tout ira mieux.

Tout n'ira jamais mieux parce que le mieux vient du dedans et dedans c'est le désordre. L'interminable désordre.

Regardez-moi écrire. Il n'y a rien à dire et moi toujours, je m'obstine à m'extraire des mots. Faites que j'apprenne le silence, ça serait déjà ça.
# 93570193   L'insomniaque

28.4.03

( 22:15 )

007

Quelqu'un est arrivé ici en tappant espionner une boîte vocale dans un moteur de recherche. Désolée mais James est absent ce soir. Après le bip laissez votre nom et votre émail, je lui transmettrai s'il repasse.

Non mais ça fait un peu peur quand même.
# 93438010   L'insomniaque

( 22:04 )

Trouvez l'erreur

Aujourd'hui on me fait un compliment à l'effet que j'ai de beaux yeux (*rougissement*) et moi, tout ce que je trouve à répondre, au lieu d'un simple merci accompagné d'un sourire, c'est : Ah mais vous devriez voir mes fils comme eux ils ont de magnifiques yeux et blablabla...

C'est dur accepter simplement un compliment. J'ai encore beaucoup de chemin à faire, vraiment beaucoup.
# 93437393   L'insomniaque

( 21:49 )

Envie d'être bien

Je crois bien que je jouis d'un instinct de survie particulièrement vif. Chaque fois que je me sens vaciller de l'intérieur, que je sens des pans de moi tomber et que je suis tentée de me laisser choir avec le reste, surgit une petite étincelle de vitalité qui me permet de me raccrocher solidement à la vie. J'ai de la chance. Vraiment.

Ce midi j'ai déjeûné avec une amie et je lui faisais part d'une partie de mes derniers soucis. Oh, légèrement, mais elle me demandait des nouvelles et ces jours-ci elles ne sont pas réjouissantes. Ensuite nous avons parlé de vélo, de faire le Tour de nuit ensemble avec nos enfants respectifs, comme nous l'avions fait il y a deux ans. Idée magnfique et pleine d'oxygène. Ce soir je suis allée regarder le site de Vélo-Québec qui cause des différents événements de la Féria du vélo. Ça m'a donné très envie, Ensuite j'ai réalisé que j'avais ce vélo neuf qui m'attend dans le hangar, sans doute impatient de rouler encore cette année et je me suis dit que je pourrais faire plus que le Tour de l'île de nuit... Je pourrais en faire mon moyen de transport estival pour aller au boulot, rien de moins. Ça serait une façon pour moi de bouger régulièrement, d'économiser sur le transport en commun et de ne pas revivre l'été cauchemardesque transformée en sardine de métro que j'ai vécu l'été dernier. Ce serait aussi une motivation excellente pour arrêter de fumer. Parce que je dois bien avouer que ça me fait un peu peur étant donné que la distance qui me sépare de mon boulot est assez importante et que les côtes ascendantes (surtout au retour) sont assez rudes. En serais-je capable réellement ? Aucune idée. mais juste d'y songer ce soir, la fenêtre ouverte et le coeur léger me fait sentir vivante et privilégiée d'avoir cette possibilité à considérer.

Pour le reste, on verra bien :-)
# 93436509   L'insomniaque

27.4.03

( 12:11 )

Je me souviens...

Toutes les fois que j'ai tenté de me faire adopter au cours de ma vie. La première fois j'avais quatre ans. J'ai traversé une forêt (c'était un boisé entre deux rues...) et de l'autre côté j'ai trouvé une petite maison avec des enfants qui jouaient dans le jardin. J'ai sonné à la porte et demandé très poliment qu'on m'adopte étant donné que j'étais perdue et que je venais de très loin... (de la rue voisine) Je me souviens du sourire de la dame et de la permission qu'elle m'avait accordée d'aller jouer dans la cour avec ses enfants. Moi j'y croyais mais ça a dû prendre une petite heure avant que toute ma famille vienne me récupérer. Bon raté. Ensuite ce fut un évêque de l'Église Orthodoxe roumaine. Il m'a appris plein de choses mais ça s'est arrêté là. J'ai encore quelques uns des livres d'images et d'histoires qu'il m'avait offerts. J'avais 7 ans. Puis un vieux monsieur qui était le grand-père d'une amie. Je pensais qu'il prendrait soin de moi mais il s'est plutôt enfui avec mon innocence. C'est un histoire moche et compliquée et j'y ai laissé beaucoup de plumes et d'illusions. J'avais 8 ans. Ensuite, vers l'âge de 10 ou 11 ans, il y a eu M et D, un jeune couple qui s'est installé dans une grande maison au bord de la rivière près de chez moi. Ils avaient deux petites filles , toutes petites, I et Ma. Un jour en jouant au bord de l'eau j'ai fait connaissance avec M qui m'a tout de suite invitée à venir voir la petite Ma dans son berceau, une jolie poupée vivante toute blonde. Et I, une petite fille d'environ deux ans, vive et mignonne. Avec M je parlais tout le temps de sujets que je n'avais jamais osé ni même imaginé aborder avec ma mère.... Mes seins qui poussaient, les secrets de la maternité, l'amour, la vie, les rêves... Bientôt je devins une invitée quotidienne chez M qui, en y repensant aujourd'hui, devait apprécier un peu ma présence grâce au fait que je m'occupais de la petite I et ensuite de la petite Ma. C'était l'été et je me rappelle que dès mon lever je me hâtais de prendre un petit déjeûner et enfiler une paire de shorts et un t-shirt, puis je me rendais chez M. Je m'y sentais bien. La vie n'était pas compliquée, je pouvais parler, questionner et m'amuser. Je me souviens avoir rêvé d'avoir une maman "comme M" mais en attendant j'en profitais bien. L'année suivante, à la fête des mères, ma maman à moi avait un peu tiqué lorsqu'elle s'était rendue compte que j'avais dépensé un dollar pour une paire de salière et poivrière vertes et bleues pour les offrir à M. Ce fut très spontané de ma part mais je compris au regard de ma mère que "ça ne se faisait pas"... L'été suivant, dès les vacances scolaires arrivées, je repris ma routine préférée et rassurante de me rendre chez M tous les jours. Un matin, les fenêtres de chez M étaient ouvertes et moi je m'amusais à sauter sur une planche de bois posée sur un talus près de la maison, juste avant de me présenter à la porte. M dut entendre le bruit et moi je l'entendis soupirer et faire un commentaire à une voisine qui prenait un café chez elle : Ah zut, encore elle... Elle est bien gentille mais je commence à en avoir marre qu'elle arrive tous les matins à la même heure, je ne suis jamais tranquille.... Figée, je venais de recevoir une douche glacée. M ne m'appréciait pas avec la même intensité que moi je l'appréciais... Ce jour-là, je suis repartie aussitôt sur la pointe des pieds. Je crois me souvenir être allée me cacher pour pleurer dans un champ. Je ne suis plus retournée. Ainsi s'achevait tristement et froidement cette histoire d'adoption rêvée.

Encore une fois. Un peu plus tard, il y a eu la famille de Josée, ma meilleure amie d'adolescence. Oh, je ne rêvais plus qu'on m'adopte mais j'aimais tellement passer du temps avec eux, je les trouvais tellement simples et heureux. Pas parfaits, ils se disputaient bien un peu à l'occasion, mais il y avait toujours ce fond d'humour et de respect qui flottait. Puis ce fut la famille de Paola, une grande amie de fin d'adolescence, des italo-belgo-congolais venus vivre au Québec. Pour des raisons d'ordre surtout pratique, je devais dormir chez eux plusieurs fois dans la semaine (je donnais un coup de main au commerce familial) et je me mis donc à faire un peu partie de cette famille dont je partageais souvent les repas et plein d'autres moments. Les repas, justement, je me souviens du désordre volubile, des multiples plats qui circulaient entre les convives, des rires et du papa, juste avant qu'il ne tombe fatalement malade, qui me versait toujours un peu de bière en me disant de ne pas attendre pour la boire (je n'avais pas l'habitude de boire de la bière en mangeant) parce que je serais alors réduite à boire du pipi de chat.... Ce qui, selon lui, représentait une affliction majeure. Je n'oublierai jamais ces moments.

Bah, après je suis devenue adulte, impossible d'être adoptée dorénavant. C'était à mon tour de fonder une famille, du moins c'est ce qui m'était dicté. Et puis, par défaut d'avoir senti un filet sous ses pieds en grandissant, j'ai eu envie d'en tisser un autour de moi. Le problème c'est que j'y ai embarqué d'autres êtres. J'avais tant espéré avoir intégré les modèles sains mais force est de constater aujourd'hui que je ne suis que l'héritage que j'ai reçu et que je ne peux donner ce que j'ai vu et admiré mais seulement ce que je possède au fond de moi. Et que même si j'ai des miettes de beauté et de paix au fond de l'âme, elles disparaissent sous le poids accablant de tous les manques dont j'ai souffert. L'envie de fuir, je connais trop. C'est mon réflexe de survie à moi, à défaut de savoir tisser avec des fils qui fuient et qui se cassent tout le temps. Y a-t-il quelqu'un qui sait comment ?

Pour l'instant j'ai surtout besoin de poser ma tête. Je suis celle qui se souvient trop.
# 93346426   L'insomniaque

( 11:19 )

Famille nucléaire

Tristement pas dans le sens de famille avec un noyau bien centré et équilibrant mais plutôt dans le sens de famille qui explose de partout. Petites et grandes explosions, dévastatrices et désespérées. Atmosphère tendue et chargée, réflexes de survie, fuites, mutations effrayantes.

Bienvenue chez-moi.

Ne vous y installez qu'à vos risques et périls.
# 93344330   L'insomniaque