Insomnies chroniques

Ce ne sont pas toujours ceux qu'on croit, ceux que l'on désigne ou que la vie pointe du doigt. Il y a toute cette superficialité, cette première vue qui est si difficile à percer. Mais on y arrive.

La prochaine fois que vous croiserez quelqu'un pour qui tout semble être en place, chez qui même un cheveu ne dépasse, demandez-vous pourquoi il a tant besoin de présenter cette lisse image.... La réponse fait parfois peur. Mais cette crainte ne rend pas la question inutile. À moins que vous ne préfériez vivre dans un monde d'illusions.

Le désordre est humain, la confusion et le doute aussi. Le reste n'est que bouclier et miroir aux alouettes.

Ce matin, remontent toutes ces émotions retenues depuis quelques semaines, quelques mois ou quelques années... Il y a toutes ces questions, tous ces doutes, toutes ces contradictions qui commencent à s'éclaircir, à devenir moins envahissants, plus dirigés. Comme si de toute cette confusion dans laquelle je baigne depuis trop longtemps et qui, ces derniers temps, me semblait, à mon grand désespoir, devenir plus épaisse, émerge une logique, presqu'un chemin, une direction à tout le moins.

Ce qui me fait le plus de bien c'est de sentir cette ancre au centre de moi, cette partie solide qui s'enracine, qui arrive peu à peu s'imposer, un peu comme les contours d'une oeuvre sculptée qui se laissent deviner de mieux en mieux après ce travail d'extrusion douloureux et presque violent. Pas encore fini ni poli mais bien là. Envers et contre tout.

Dans ces moments c'est la foi en soi soudaine et solide qui nous permet de continuer, inlassablement, une poussière à la fois, un grain de sable de moins dans l'engrenage et un autre, et encore un autre. Juste avant d'atteindre ce stade, on s'est dit que c'était peine perdue, qu'on y arriverait jamais, mais on a duré encore un peu, juste assez pour atteindre ce moment. On se dit qu'on a eu de la chance parce qu'on a failli tout arrêter. Mais au fond, ce n'est pas la chance, c'est qu'on avait refusé de baisser les bras.

Bon, rien n'est encore gagné, je sais. Ce matin je sens des choses, je sens l'intérieur de moi. Il y a encore plein de scories, de déchets et de poussières, mais l'oeuvre est là, son coeur bat déjà. Oh, ce n'est pas un chef-d'oeuvre, du moins pas si on regarde juste comme ça mais pour moi c'est le travail d'une vie, le travail de ma vie, la seule dont je dispose.

De renouer avec cet amour/ami de mes 17 ans grâce à cette toile. Heureuse de le croiser régulièrement et d'échanger quelques mots, comme si on ne s'était jamais éloignés. Bonheur de constater qu'on se connaît aussi bien, qu'on n'a pas besoin d'expliquer ad nauséam nos états d'âme respectifs pour se comprendre. Anachronisme d'échanger avec lui via ce clavier et cet écran. Sourire de constater qu'il n'a fondamentalement pas changé, il est toujours aussi sujet aux coups de foudre à répétition. Surprise, la vie en a toujours pour moi dans sa manche. Sacrée vie, tu es belle même si parfois j'aurais bien envie de te frotter un peu les oreilles :-)

Qui m'envahit profondément en ce moment. J'aimerais que la pluie me nettoie et m'énergise comme elle le fait pour tout ce qui pousse et poussera. Mais elle contibue plutôt à tout alourdir autour, à rendre la situation plus difficile. Pas de chance, je ne suis pas une fleur.

Comme ça, sans savoir mettre les mots dessus, fatiguée, inquiète, toujours pressée, préoccupée. Parfois j'ai envie de venir écrire ici mais il me semble que rien de ce que je pourrais écrire n'arriverait à décrire correctement ce que je ressens, ou alors en dirait trop. À certains moments je suis triste, à d'autres j'ai l'impression que je vais bientôt toucher terre, ce n'est jamais pareil, alors, à quoi bon ?

Je finirai bien par retomber dans mes souliers, il le faut.