Insomnies chroniques

Vous savez, ceux-là-même qui font le piquant de la vie (ou qui le défont). Je suis là-dedans ces jours-ci, à faire une sorte de "ménage administratif" de mon quotidien. Une foule de petites tâches moches qui traînaient sont en train de se régler et chaque fois que j'arrive à en régler une j'ai le sentiment que mes épaules s'allègent un peu. Ça fait du bien.

Oh, ce n'est qu'un début, semblable au fait d'enlever la première couche de poussière quand on s'attaque au grand nettoyage de son intérieur sauf que qu'est-ce que ça fait du bien.

Je pense que ce bien-être est dû à l'impression de contrôle que j'en retire, ce sentiment de ne plus être à la merci de ce qui est réglé même si c'est un infime détail et qu'il en reste un tas d'autres. Pas grave, j'y arrive et pour la maître-procrastinatrice que je suis c'est un sentiment nouveau. De là à affirmer que je suis une nouvelle femme il y a un grand pas mais bon, d'affronter et de régler ces petits ennuis me donne de l'énergie positive.

C'est certain que les grandes questions existentielles ne disparaissent pas mais comme je n'y peux rien pour l'instant, aussi bien concentrer mon énergie sur la matérialité. Ainsi, lorsque le vent tournera vraiment pour moi (parce que je sais que ça va venir) je n'aurai plus à me soucier de toutes ces petites choses.

En attendant, je casse des briques et je signe des formulaires. Voilà.

Ce matin, en empruntant la ruelle pour aller prendre le bus, les feuilles mortes ne bruissaient pas sous mes pas, elles craquaient.

C'est l'hiver.

C'est une réflexion que je me passe trop souvent ces temps-ci. Le temps me file entre les doigts, jamais l'impression d'avoir assez de temps, de faire tout ce qu'il faut, ce que je veux, ce dont j'ai envie. Sentiment de vivre trois vies en une : Maman, amoureuse, travailleuse.... Et les amis dans tout ça ? Ils comprendront bien. Enfin j'espère. De toute façon demain...

Toujours demain. Et si demain n'existait pas finalement ? Si le temps s'arrêtait pour moi ? Qu'est-ce que je regretterais ? De ne pas avoir fait tout ce qu'il me fallait faire pour mes fils, de ne pas les avoir accompagnés à bon port. Quoi d'autre ? De ne pas avoir pris ce foutu avion quand j'aurais pu. Ou alors de ne pas avoir assez insisté pour qu'il le prenne. Les regrets c'est mal, je sais. Mais ce qui est bien c'est d'essayer d'imaginer ce qui serait regrettable et d'y remédier. Aujourd'hui. Le plus vite possible en tout cas.

La vie est un sacré puzzle. Ou une pelote de laine bien emmêlée. Elle demande une attention de tous les instants, une vigilance extrême.

En mettant le pied dans la piscine ce soir pour l'aquagym, j'ai réalisé que j'étais en train de me demander à quelle heure j'arriverais chez moi en soirée, est-ce que je devrais passer à l'épicerie ? Et la vaisselle serait-elle faite en arrivant ? Et... ? Stop ! Que je me suis dit... Cette heure n'appartient qu'à toi, tu te l'es offerte, profite-en donc. Et ce matin sous la douche, l'eau chaude qui coulait délicieusement sur ma peau alors que mon esprit voguait déjà au travail; qu'est-ce que j'allais faire en rentrant au bureau ? Et comment s'était passée la rencontre de S. ? Le curriculum vitae de M. serait-il prêt ? Stop ! L'eau chaude sur ma peau, rien que ça. Le boulot c'est tantôt.

Et là j'essaie de finir ce texte. Mon fils veut que j'écoute une chanson. il est frustré parce que je lui demande d'attendre un peu. Et là je me sens coupable. Et le sommeil qui m'attend, le lever sera difficile demain matin. Essoufflée.

Toutes ces idées qui tournent dans ma tête : Des questions, des idées, des prises de conscience. Pas le temps de m'y arrêter, même pas le temps de choisir mes mots.

Tant pis.