Insomnies chroniques

Un ajout sur Radio.Blog, une chanson de Martha Wainwright qui me fait bien vibrer ces derniers jours : Laurel & Hardy. Il s'agit d'une chanson qu'elle a écrite pour son frère Rufus. J'apprécie le texte, la musique et la voix tout à fait adorable de Martha dans cette pièce. En fait, c'est une chanson sur la complicité retrouvée au-delà des guerres obligées de l'enfance.

J'aimerais la dédier particulièrement à mon petit frère (qui aura quand même 40 ans en 2004...). Même s'il ne viendra sans doute jamais ici, même si je devrais changer quelques paroles de cette chanson pour qu'elle lui aille parfaitement et que je ne saurais jamais la chanter comme Martha le fait, je ne peux m'empêcher de penser à lui chaque fois que je l'entends. This one's for you bro :-)

J'espère qu'elle vous plaira aussi.

On se retrouve en 2004 ?

Stay tuned :-)

**Si vous désirez entendre cette entrée plutôt que de la lire cliquez ici (mp3 de 2.14 Mo)**

Mais laisse-moi te regarder un peu avant que tu me quittes. Qu'est-ce qui est venu avec toi ? Parce que c'est clair, les années se succèdent mais elles n'arrivent ni ne repartent jamais les mains vides.

Toute en douceur tu as commencé, en tout cas pour moi. Ailleurs mais dans un ailleurs qui me semblait si proche. Je t'ai accueillie là-bas près de lui et ce fut une entrée parfaite pour me donner la force de traverser ce que tu me réservais. Tu m'as demandé d'accepter plein de choses cette année et j'ai travaillé fort pour y arriver. D'habiter ce lieu confortable mais étranger, plein de vibrations dérangeantes. De faire ce boulot que j'aime dans un contexte froid et difficile. De dire au revoir à mes années-douceurs et simplicité avec un Fredoux qui ne demandait que d'être aimé, nourri et protégé, ce que je savais faire. En retour tu m'as demandé d'ouvrir mon coeur et mon chez-moi à mon fils blessé qui a tant besoin de tout ce que je ne sais pas donner mais je n'ai pas baissé les bras, j'ai juste trébuché à quelques reprises mais je me suis relevée. J'espère que 2004 apportera un peu d'espoir à ce chapitre parce que je ne sais pas jusqu'où ma force peut aller, je ne sais plus. Tu m'as quand même permis un rapprochement avec ma maman qui a définitivement abandonné la maison de mon enfance et du deux tiers de sa vie pour un nouvel horizon plus simple, plus facile pour elle. J'avoue que sur ce coup là mon regard a changé sur elle, son courage pour avancer a été une grande leçon de vie pour moi, une inspiration. Tu m'as quand même laissé entrevoir un peu d'espoir quant à ma capacité d'administrer ma vie de façon équilibrée ; au plan de la santé comme au plan financier, je pense que rien n'est encore gagné mais que des pas sont faits.

Tu m'as aussi obligée à admettre que ma vie, comme celle des autres, n'est pas une trajectoire simple et droite mais plutôt une pelote de fils entremêlés sur laquelle la patience et l'humilité sont de meilleures alliées que l'illusion de contrôle et le désir d'avancer à tout prix. Tu m'as montré que même les contes de fées ont leurs mauvais esprits et leurs malédictions. Ça ne les rend pas moins beaux mais plus humains, leçon essentielle pour l'insomniaque.

Tu m'auras aussi fait beaucoup réfléchir sur moi chère 2003 et tu m'auras permis de débusquer plusieurs à priori nuisibles à propos de moi-même que j'avais enfouis quelque part sans le moindre questionnement. Oh il en reste, j'en suis bien certaine, mais je dois quand même apprendre à travailler avec ceux-ci, ce qui n'est pas rien. J'ai compris que l'amour que l'on reçoit est une chose mais que l'amour qu'on s'offre est l'essentiel, celui que l'on se consent. Attendre l'amour inconditionnel en se le refusant à soi-même est la quête du fou ou de la folle dans ce cas-ci. 2004 et ses soeurs auront bien à faire pour me permettre de poursuivre dans cette voie.

Une autre chose que tu m'auras fait vivre c'est cette ambivalence constante entre ma bulle et mes relations avec les autres. J'avoue que je ne sais pas très bien où se trouve mon équilibre entre ces deux éléments. J'ai malheureusement laissé se briser des fils qui me tenaient fort à coeur, dans le virtuel comme dans le terrestre, à cause de cette difficulté à gérer tous ces changements dans ma vie. Autant je peux aimer l'être humain, autant j'ai besoin de temps avec moi-même pour ne pas perdre pied. Mais je sais que j'ai omis de soigner le jardin de mes amitiés trop souvent cette année. Je pourrais trouver mille excuses valables, c'est quand même la réalité. 2004 m'apportera peut-être de nouveaux éléments pour trouver l'équilibre, nous verrons.

En ce qui concerne les insomnies chroniques, 2003 m'auras permis de rester fidèle à moi-même : Un lieu d'expression de mes préoccupations du moment, parfois profondes, d'autres fois superficielles, un lieu qui me ressemble, pas toujours clair et limpide mais simple et authentique, même quand ça fait mal.

Merci 2003 et maintenant,

place à la nouvelle année.

À vous qui me lisez je souhaite que 2004 soit un beau voyage, un voyage humain.