dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

21.6.03

( 12:01 )

La musique et moi

Aussi loin que je me rappelle. Elle a toujours été là. Elle ne s'est jamais laissée posséder mais m'a toujours effleurée, est restée toujours à portée de coeur. Pourtant j'aurais bien voulu la faire mienne mais elle a toujours refusé. Des cours de chant (une voix exceptionnellement juste, une oreille impeccable mais pas assez de force), des cours de piano (des mains pour le piano mais pas assez de discipline), des cours d'accordéon (j'aimais tenir cet instrument), des cours de guitare (pas assez sérieuse), des cours de trompette et de barython (dans un ensemble musical) et j'en oublie sans doute.


Tous les hommes de ma vie, ceux qui ont compté du moins, en sont ou en ont été habités. D'abord mon père et le jazz en fond sonore de toute mon enfance. Dave Brubeck, Ella Fitzgerald et plein d'autres. Aucun souvenir de ces temps sans un fond sonore jazzé ou un orchestre qui joue quelque part. Flashback d'un retour nocturne en voiture, mon frère et moi à moitié endormis sur la banquette arrière, les jeux de lumières des phares et des lampadaires sous mes paupières fermées, mes parents plus souvent qu'autrement silencieux et la musique : Downtown de Petula Clark, c'est comme si j'y étais.


Puis mon frère. Sa première guitare à 13 ans. Le groupe Kiss et cet enthousiasme de sa part. On a bien ri, ces mecs étaient trop ridicules mais j'ai quand même chanté avec lui: Beth. Puis il y a eu Hotel California et Sweet madame Blue. Stairway to heaven aussi. Mon frère qui jouait et moi qui chantais. Il a continué de jouer et fort bien. Moi j'ai cessé de chanter.


J'ai eu 17 ans et j'ai croisé un homme, celui qui reste à jamais tatoué, le premier. Je me rappelle avec lui c'était King Crimson et des nuits au téléphone. Sa mandoline et son yukulele. Une chanson composée pour moi. Juste un petit air joyeux que j'entends encore dans ma tête. Peter Gabriel aussi et Kate Bush. Bien sûr Michel Rivard, auparavant de Beau Dommage. Beaucoup de couleurs, un nouveau chemin devant moi, toujours la musique.


Puis celui que j'ai épousé. Beaucoup de complicité au début. Le film "Les uns et les autres" de Lelouch, sa bande sonore : Un parfum de fin du monde(Le dj embauché pour animer la réception des noces avait refusé de le faire jouer comme "chanson de départ"...), dans un tout autre registre, The art of noise et cette amie danseuse/couturière qui nous l'avait fait découvrir. Billy Joel également, parce que ça lui faisait du bien et que je ne pourrai jamais l'entendre sans penser à nos années ensemble (15 ans). (Don't ask me why).


Toujours Lelouch, La belle histoire, qui m'avait fait rester au bord de mon banc, les larmes aux yeux et la gorge nouée pendant 3 heures. Saisie par cette fresque de la vie et de ses hasards qu'on ne comprend presque jamais mais qui font basculer nos vies. Et cet inconnu qui faisait battre soudainement mon coeur sans le savoir, et ma vie qui partait dans tous les sens et la femme en moi qui commençait à s'éveiller de son long sommeil et la petite fille qui tremblait, impuissante, sans rien comprendre. La belle histoire. Celle de la vie qui recommençait à circuler en moi. Mes fils et moi qui dansions dans le salon et les voisins qui étaient venus frapper parce que trop de bruit. Ce n'était que partie remise...


Quelques années plus tard. Un disque live accompagné de piano. William Sheller, Solitaire, Un homme heureux, une révélation, un bouleversement. Plus jamais la vie comme avant à cause d'un croisement virtuel rapide comme l'éclair dans la nuit d'été. Un instant précis où tout bifurque et on croit savoir où on va. Quelle blague, quelle prétention, quelle illusion. Bercées et entretenues par Suzanne Véga; Nine objects of desire "If your love was taken from me, it would be just like the world before Colombus..." (et bien on s'y fait, c'est pas si mal) et Yann Tiersen; Le phare(pour celui-ci le sort est conjuré puisqu'on me l'a offert à nouveau, on me l'a échangé plutôt). J'ai perdu l'illusion, survécu et conservé la musique, encore une fois debout. Mais plus jamais pareille.


Et puis...
Ma légendaire pudeur m'empêche de poursuivre. L'homme que j'aime et qui m'aime. Nos musiques, celles qu'il m'a fait découvrir, celles que nous nous sommes offertes. Parfois aucun mot, juste la musique. Julie Doiron, Will you still love me in december ? These walls, une partie de notre histoire. Beth Gibbons et Rustin Man, Mysteries, comme la vie et les chemins qu'elle nous trace. Anna Karina et Rezvani(pas trouvé de lien intéressant et pertinent mais si j'y arrive je rectifie, pardon), Ma ligne de chance, ou le bonheur dans la simplicité. Il y en a plein d'autres que je ne sais pas écrire parce que c'est encore trop privé, parce que c'est à nous. Toute une playlist qui s'allonge un peu chaque jour comme notre histoire, notre belle et difficile histoire, ce ménage à trois, lui, la musique et moi.


Voilà, la musique et moi. Et encore, ce n'est qu'une petite partie.


Bonne Fête de la musique et bon solstice d'été


PS: Vous avez été entendre KMS au moins ?


Et y'a aussi plein d'autres trucs via ici


Bon ça y est j'arrête. Pfiou :-)
# 95894482   L'insomniaque

19.6.03

( 23:10 )

Ben voilà

Une autre étape qui s'achève ce soir, Fred a terminé son primaire et ce soir avait lieu une soirée "de graduation" avec collation des grades. Très fière de cet oiseau, de savoir qu'il a réussi et qu'il a franchi plusieurs obstacles qui se dressaient sur son chemin. C'est quand même une victoire qui lui ressemble, toute en nuances et en discrétion. Il n'a pas remporté d'honneur ou de prix en rafale mais le certificat de l'élève s'étant le plus amélioré durant l'année scolaire. Non ce n'était vraiment pas gagné d'avance et ma poitrine a serré fort quand je l'ai vu recevoir son diplôme et que j'ai croisé son regard.

J'ai aussi été frappée par la beauté et l'éclat de ces jeunes pousses du printemps, de leur enthousiasme, de leur complicité. Dommage parce qu'ils seront bientôt disséminés et chacun retrouvera son propre chemin, je le souhaite. Cette petite fille qui a remporté des prix d'excellence et de performance dans presque toutes les catégories, pourquoi son regard était-il si triste et son visage si sérieux, je me demande. Et cette autre, déguisée en femme, robe noire moulante, sandales plate-forme et coiffure remontée, se tenant toute droite sous le regard de sa mère vêtue et coiffée exactement de la même façon et de son père qui répétait à la volée qu'il "tuerait" sur le champ le premier garçon qui s'approcherait de sa fille... Pourquoi accorder tant d'importance à l'image si elle doit rester seule sur son île de perfection ? Et ce petit garçon, de loin le plus petit et le plus frêle, cet "as de l'informatique" et ce brillant élève à en croire tous les commentaires, pourquoi était-ce si difficile pour lui de trouver de la compagnie ?

Je sais, l'école est une micro-société qui n'est que le reflet de ce qui l'entoure mais c'est dur de constater déjà les barrières et les névroses de demain.

Et moi, comme d'habitude, au milieu de tout ça, silencieuse et attentive j'observais et j'écoutais pendant que le père de Fred réglait des affaires très importantes dans un coin de la salle, le téléphone collé à l'oreille. Il était là de corps, pouvions-nous en demander plus ?

La fatigue et l'émotion ont fait piquer mes yeux un peu trop, je suis sortie fumer une cigarette sous le ciel rose et bleu de cette fin de journée. Je me suis alors soudainement sentie seule et étrangère parmi toute cette agitation. J'aurais voulu pour un bref instant, être parmi les miens, avoir les mêmes préoccupations, ne penser qu'à la tenue de mon fils ou à ses notes scolaires, avoir envie de parler de mon emploi avec ces autres parents ou alors leur raconter en détail l'école géniale que Fred va fréquenter dans quelques semaines. Mais j'étais seule sous ce ciel, terriblement seule et je ne savais que penser à ce qui me manquait à cet instant précis.

Drôle de petite fille coincée à l'intérieur. Vraiment.
# 95849214   L'insomniaque

17.6.03

( 07:01 )

Difficile

De ne pouvoir ni ne savoir être là où on voudrait quand il le faudrait. Juste le temps d'un coup de pied bien placé, très doux le coup mais sans pitié.

C'est tout.
# 95749031   L'insomniaque