dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

11.1.03

( 09:45 )

Chronique de la fin d'un voyage

Nous sommes samedi matin et je suis chez moi. Qu'est-ce que ça veut dire chez moi ? Ça signifie Montréal, là où j'habite. Je prends mon café en bullant un peu devant mon écran, en essayant de mettre un peu d'ordre dans mes idées et surtout de trier les émotions qui m'ont traversée depuis les deux derniers jours. Jeudi matin, réveil et lever tout en douceur. Douche, café, croissants (allez, une dernière fois... :-) Puis, un peu d'organisation; bouclage des valises, au revoir Ailleurs sous un soleil magnifique. TGV vers Paris, les champs qui se couvrent peu à peu de blanc, impression de me rapprocher de Montréal. Gare Montparnasse, zigzag à travers la foule compacte et affairée de la grande ville, chargés de sacs et d'émotions, nous arrivons dans ce café, le seul que je connaissais. Peut-être pas le meilleur mais un point de repère où nous avons pu donner rendez-vous à quelques personnes. À peine entrés et dirigés vers une table près de la fenêtre, elle nous aperçoit et vient vers nous. Elle est grande, c'est bien ce qu'elle nous avait dit, mais sa grandeur est aussi au fond de ses yeux, là où l'âme se réfugie. Nous discutons, doucement, comme un frôlement intense, pendant une heure, une journée ou un mois, je ne me souviens plus très bien. Je sais juste que nous nous sommes reconnues et qu'il s'est mis à faire beaucoup plus chaud sur Paris tout à coup. Puis, juste quand il le fallait, il est entré, s'est approché de nous, discrètement, timidement même, mais avec détermination. Il s'est joint à nous, et le plaisir a continué. D'autres yeux à rencontrer, pas de déception, tout était comme il se devait. Encore quelques instants ou quelques heures, ça n'a pas d'importance, c'est elle qui nous a trouvés, frigorifiés près de la fenêtre mais le coeur tout chaud. Encore un regard dans lequel se plonger, un sourire qui se dessine. Mais oui, c'est bien elle, telle que ses mots me l'avaient laissée connaître depuis presque quatre ans. Son regard est un peu farouche, on aurait pu deviner, mais quand elle l'accorde, on la découvre, profonde comme un beau grand lac, de ceux près desquels on ne se lasse pas de réfléchir. Puis, devant ce nouveau groupe, le silence nous saisit un peu la gorge puis les mots repartent de plus belle. Je parle trop, c'est la nervosité, et je ris, c'est le bonheur. Celui qu'on étreint très fort parce qu'on le sait fugace. Un après-midi qui durera toujours, quelques instants gravés maladroitement mais juste au bon endroit.
Nous bougeons, comme des nomades avec sacs et appareils photo, nous trouvons une brasserie, un peu pleine mais avec un coin juste pour nous. Qu'est-ce qu'écrire ? Pourquoi écrire l'intime sur le net ? Qu'attendons-nous de nos lecteurs? Silence ou présence ? Jugement ou partage ? Les questions fusent, les aveux aussi. La bière et le chocolat nous désaltèrent, les flash nous aveuglent, le soir tombe sur Montparnasse. Il est temps de nous séparer et de passer à la soirée qui s'annonce aussi intense.
Métro de Paris. Une première pour moi. Je cogne tout le monde avec mes sacs, je n'ai pas les yeux assez grands. Je suis sagement ces deux hommes qui savent un peu plus que moi où nous sommes et où nous allons (à peine mais bon...) mais je n'arrête pas de me dire à l'intérieur de moi: Ça y est, je prends le métro de Paris, c'est pas un rêve, la preuve, tout le monde me bouscule. Il ne faut rien oublier, non rien de rien. Déjà nous descendons et remontons à la surface. Elle nous attend, enveloppée de ses épais pulls, elle nous souligne tout de suite le froid, je souris. Elle nous guide jusqu'au restau de couscous, très honnête selon ses dires. Nous la croyons et nous avons bien raison. Je l'observe et je l'écoute. Elle est tellement "comme elle est" mais je découvre qu'elle est encore plus... C'est normal, l'écran ne dit jamais tout. Le thé à la menthe nous réchauffe, le couscous nous redonne des forces et les conversations repartent, les rires éclatent, les questions resurgissent, les réponses sont différentes les discussions s'animent et les flash se remettent à illuminer ce lieu tout rose et coloré. Au dessert, puisqu'il faut bien que ce jour se termine, ils se joignent à nous: Cette amie qui est venue travailler sur Montréal un été et son chéri, viennent nous cueillir pour nous amener dormir chez eux pour cette dernière nuit dont je ne veux pas. Mais nous sommes épuisés. Alors nous chargeons les bagages dans la voiture et nous voici repartis dans la banlieue de Paris. Presque perdus, les rues défilent, toutes mélangées, sous nos yeux. Par là ? Ou bien par ici ? Je regarde encore très grand. Je veux tout voir, tout garder en moi.
Nous allons dormir, remplis d'émotions contradictoires: Cette belle journée qui se termine mais aussi ce moment de vie si doux. Je m'endors en versant quelques larmes mais je ne sais pas bien si ce sont des larmes de bonheur ou de tristesse. Un peu des deux je crois.
Réveil avant les aurores, derniers préparatifs, nous chargeons les sacs dans le coffre, ma belle amie va nous conduire au RER qui nous amènera à l'aéroport. Un peu frustrée de ne pas avoir pu profiter plus de sa présence, je la sens triste et tendue mais elle fait tout pour nous le dissimuler. C'est dur la vie en concentré, parfois ça nous empêche de s'attarder sur des choses importantes. Mais les avions n'attendent pas.
Dans le RER, je veux tout voir et tout sentir, mais je veux surtout regarder bien ses yeux, encore. C'est bête comme on peut en venir à prendre une présence près de soi pour une évidence. Les départs nous permettent de mesurer la fragilité de l'évidence. Nous chantons doucement ce refrain qui nous donne de la force. On ne va pas craquer. Le bonheur n'est pas une ressource inépuisable, il faut le chouchouter pour qu'il nous accompagne même s'il nous faut pour cela nous faire violence. Jusqu'au bout.
L'aéroport est trop grand, je cours ici et là pour enregistrer mes bagages. Il m'attend. Je reviens vers lui puis nous prenons un dernier café ensemble. Un peu nerveux et fatigués mais toujours ce refrain. Nous nous disons au revoir et à bientôt. Les mots choisis sont importants, ils permettent à nos mains de se laisser aller. Je traverse le contrôle des passeports, un dernier signe de la main, je le regarde s'éloigner pendant quelques secondes, il s'arrête devant le tableau des départs. Il repart sans se retourner, je fais pareil et je souris sans même que la larme au bord de mon oeil ait la chance de couler sur ma joue. Je souris encore plus grand. Perfect goodbyes. Nous ne méritons pas moins.
Ensuite je m'endors sur un siège de la salle d'attente. Je me réveille pour monter dans l'avion. Je me rendors. Je me réveille à Zurich, sous la neige, je souris, Montréal se rapproche définitivement. Sur le vol Zurich-Montréal, une fille perdue près de moi. Je reprends ma contenance pour l'aider un peu. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui a besoin de nous, ça évite de s'alourdir sur soi. Presque huit heures de vol. Un repas, du vin blanc, un film, quelques heures de sommeil (c'est le vin blanc), quelques pages de lecture, Julie Doiron et Beth Gibbons dans mes oreilles. Montréal sous le soleil de fin d'après-midi, tout est rose et jaune, sauf les contrôles douaniers qui sont gris et beiges. Je récupère ma valise, celle qui a roulé sur les trottoirs de Paris, puis je sors. Fredoux me croque sur la pellicule de son nouvel appareil photo, je le prends dans mes bras et je le serre fort. Ça y est je suis à nouveau maman, c'est l'ordre des choses, nous rentrons.
Et ce matin je suis là à vous écrire. Tout va bien, j'ai beaucoup de chance.

Et lundi le boulot.
# 87264126   L'insomniaque

9.1.03

( 03:05 )

Happy and sad

Juste ces deux mots avant de quitter ce lieu. Le bonheur est simple mais il faut que j'apprenne à laisser glisser. Le plus beau là-dedans c'est que je sais que cette douceur m'appartient, qu'elle est à l'intérieur et qu'elle m'accompagne, où que j'aille. Alors je respire et je souris. Quoi qu'il arrive.

Maintenant Paris :-)
# 87156108   L'insomniaque

7.1.03

( 07:23 )

Et puis Paris

Jeudi, dernier jour de mes vacances, nous irons sur Paris. Je pense que ce sera une très belle journée. je suis très excitée à l'idée de croiser quelques personnes qui sortiront de l'ombre pour moi. Je suis vraiment une personne privilégiée. J'espère tellement ne pas décevoir. Oui je sais, c'est un signe d'avoir peur de décevoir avant de craindre d'être déçue soi-même... Mais ça fait 41 ans que je vis en ma compagnie et ce ne sont pas deux petites semaines en France qui vont me métamorphoser. Peut-être pas mais je pense que d'exprimer ma crainte la rend juste un peu moins menaçante. Un pas de plus, même en vacances...
# 87056474   L'insomniaque

( 07:12 )

Envie d'écrire

Pourtant devant l'écran, je bulle. Pourquoi ? Sans doute parce que je suis trop près pour avoir du recul. Ça ne durera pas, bientôt j'aurai suffisamment de distance pour réécrire toute l'histoire de mes vacances. Pour l'instant je les savoure, jusqu'à la lie. Ensuite on verra.

Tiens, une question comme ça en passant: Pourquoi les gens qui magasinent chez Leclerc semblent-ils plus stressés que ceux qui poussent le chariot chez Carrefour ? Probablement une question bête mais une question quand même. Tout serait-il donc une histoire de moment et de contexte ? Comme la vie quoi...

Sinon aujourd'hui il y a un ciel de neige au dessus d'Ailleurs. Avec du soleil aussi mais à moi on ne me la fait pas, il y a de la neige là haut. Reste à savoir si elle tombera. J'avoue que ce serait bien chouette d'aller marcher avec lui sous de jolis flocons. De toute manière, quoi qu'il arrive, il fera beau aujourd'hui :-)
# 87056164   L'insomniaque

5.1.03

( 07:20 )

You are my sunshine

Bleu le ciel au dessus d'Ailleurs. Le printemps est fini, bienvenue à l'hiver. Mais ça c'est juste dehors. Inside we are safe and warm.
Il y a tant à raconter mais à la fois presque rien. La beauté de la lumière, ça se raconte à votre avis ?

Quelqu'un a dit: Les gens heureux n'ont pas d'histoire. Pourtant c'est faux, ils en ont une, tissée d'une infinité de petits détails qui n'intéressent qu'eux. Enfin, c'est ce qu'ils se plaisent à penser. Plus le bonheur est simple et doux, moins on a envie de l'expliquer.

Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu rebelles
Ils ont un monde à eux
Que rien n'oblige
À ressembler à ceux
Qu'on nous donne en modèle

Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu cruels
Quand ils vous parlent d'eux
Y'a quelque chose
Qui vous éloigne un peu
Ce sont des choses humaines


William Sheller
# 86959202   L'insomniaque