dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

9.11.02

( 11:09 )

It comes with the territory

Depuis que le monde est monde, l'enfant naît et c'est l'aventure qui commence. Certains jours elle est belle, remplie de joie, d'autres jours elle est difficile, on se questionne sur la folie dont il fallait être possédée pour accepter de donner la vie. Mais on continue. Parmi tout ce qui peut survenir, les ennuis de santé, petits ou grands, ne sont pas exceptionnels. Ça fait partie du rôle de parent que d'accompagner ses enfants lorsqu'ils surviennent. C'est loin d'être amusant, c'est rempli d'inquiétude mais il faut passer au travers et être forts, sinon à quoi sert-on ?
Depuis que je suis maman-oiseau, j'ai été plutôt bien servie de ce côté. Oh, rien de dramatique en soi, juste plein de visites aux docteurs et aux urgences, plein de nuits blanches à soigner, à réconforter, à écouter et à souhaiter. J'avoue que c'est sans doute l'aspect que j'avais le moins prévu avant de donner naissance, mais on se rend vite à l'évidence: Bienvenue dans le monde de la parentitude. Certains enfants viennent avec un lot plus élevé d'ennuis de santé, d'autres semblent plus fort, on ne sait pas toujours très bien pourquoi. Et franchement, on n'a pas trop le temps de se questionner, on soigne, en espérant que cette fois-ci ça ira, que le prochain épisode sera lointain, qu'on pourra se concentrer sur autre chose; les comptines et la bicyclette par exemple. C'est la vie.

Mon fils aîné est venu au monde avec une malformation urinaire. Après quelques années on s'est bien rendu compte que ça n'était rien de bien grave puisque ça s'est résorbé avec la croissance. Tant mieux. Mais j'avoue qu'au début c'était bien inquiétant que de voir son petit bout de quelques jours subir tests après tests pour trouver ce qui n'allait pas, de devoir se rendre deux fois par année à l'hopital Sainte-Justine pour qu'on vérifie l'évolution du problème au moyen de tests tous plus traumatisants les uns que les autres pour l'enfant ET pour les parents. Sa condition nous obligeait à lui donner des antibiotique en doses propédeutiques chaque jour de sa petite vie pendant environ 3 ans (selon l'urologue en tout cas). Au bout d'un certain temps, ces doses répétées d'antibiotiques, ont déréglé son système immunitaire. On aurait dû pouvoir le prévoir mais on n'était pas à ce stade, on aurait tout fait ce que l'urologue aurait dit parce que ça concernait la santé de notre fils. La conséquence fut que le fils en question se mit à attraper tout ce qui traînait dans l'air, en plus de développer l'astme assez sévèrement et quelques allergies un peu inattendues. Continua alors la tournée des cliniques et autres instances médicales et bien sûr, les nuits blanches.
L'effet pervers de tout ça finit par être que l'enfant, très sensible et intelligent (je ne dis pas ça parce que c'est mon fils, hein ;-) , comprit que sa santé et surtout ses maux, étaient une bonne façon de récolter l'attention de son entourage. Bien sûr, il recevait de l'attention à d'autres moments, mais jamais de façon aussi intense selon sa perception de notre inquiétude. Rajoutons à tout cela l'arrivée d'un petit frère à 3 ans et demi d'écart et deux ou trois événements déclencheurs ou renforçants dans l'histoire de sa vie, il a conclu que le point d'ancrage de notre amour pour lui était sa santé. Sans doute en avons-nous été un peu responsables mais je peux dire honnêtement et sans rougir que nous n'aurions jamais pu empêcher ça, même en en étant conscients parce que nous étions en mode survie à cette époque.

Cette histoire n'est sans doute pas exceptionnelle. Mais un autre facteur déterminant a contribué à la rendre juste un peu plus douloureuse: Le fait qu'il soit venu par un père qui ne tolèra jamais la place que cet enfant allait prendre dans notre vie. La personnalité de mon fils: Grosses pattes, touche à tout (à tous surtout), exigeant affectivement, extraverti, toujours quelque chose à dire ou une question à poser. C'était trop. Ma vie devint tout à coup une lutte constante à installer la paix chez nous, à favoriser une vie de famille normale. Je devins le tampon officiel. Du mieux que je pouvais, j'absorbais tout et j'essayais de transformer en normalité. Comment expliquer mieux ? J'aimais mon fils ET son père et je me disais qu'il ne s'agissait que d'un malentendu et que si j'arrivais à instaurer la bonne atmosphère, à trouver les bons mots et les compromis adéquats, tout irait bien... Pas besoin de préciser que je n'ai pas su être à la hauteur de la tâche. Plus je tamponnais, plus chacun devenait encore plus exigeant, moins tolérant, et j'absorbais encore. Jusqu'au jour où j'ai éclaté, où tout a débordé. Un jour je me suis perdue et j'ai baissé les bras. Je me suis dit qu'après tout c'était peut-être moi la source du problème (c'était l'opinion du père après tout) et que si je n'y étais plus tout serait plus facile pour eux. De toute manière je n'avais plus la force et je n'avais aucun soutien autour de moi. je me faisais constamment répéter que c'était ça la vie de famille, alors je me suis dit que j'avais tout raté. Pourquoi pas un peu plus ? Je suis partie. On m'en a voulu énormément mais je ne pouvais tout simplement plus.
Mais bien sûr, l'histoire a continué, avec ou sans moi. Après une brève lune de miel entre le fils et son père, ils se sont éloignés à nouveau. Mon fils a grandi, il est devenu adolescent. Il est tellement beau mais il est aussi encore plus tout ce qu'il était avant, c'est à dire lui-même. Et son père a découvert le paradis à l'intérieur de son boulot, là où on ne le remet jamais en question et où on le reconnaît toujours. Moi j'ai continué à vivre, à essayer de trouver une place en compagnie de mon plus jeune qui, au moment de mon départ, avait encore bien besoin de sa maman. J'ai essayé d'être à la hauteur, j'y suis arrivée mais tout juste, parfois pas du tout. Au début l'aîné, par solidarité avec son papa, de qui il avait tant besoin, m'en a voulu terriblement. Je me suis dit alors que si c'était le prix à payer pour qu'il ait l'amour de son père, je saurais supporter. Ces dernier mois il s'est rapproché de moi, il m'a raconté combien la vie lui était insupportable auprès de son père. Je lui ai dit qu'il pouvait venir habiter avec moi quand il voudrait mais que bien entendu, chez-moi aussi il devrait suivre certains règlements. À quinze ans on voudrait bien que la terre tourne autour de nous mais son frère et moi existons déjà et mon amour est illimité dans les limites du raisonnable. Il m'a répondu qu'il ne voulait pas recommencer sa vie ailleurs et qu'il préférait habiter chez son père parce que ses amis ET ses habitudes y étaient. J'ai respecté sa décision tout en lui précisant que j'étais là s'il avait besoin de quoi que ce soit. Avec un bémol toutefois, celui de faire la part des choses car mon fils aîné a tendance à manipuler un peu pour obtenir des faveurs. Je ne serai jamais la maman-gâteau coupable. Enfin, j'essaierai.

Ainsi va la vie. Chaque jour je me demande ce que j'ai fait. Où j'avais la tête de mettre au monde des enfants dans un gachis pareil, que j'aurais pu ou dû savoir. Ensuite je me remets les idées en place en me disant qu'on ne sait jamais, que si on savait la race s'éteindrait et que de toute manière l'histoire de ma famille est exceptionnelle. En l'écrivant ici je ne suis même pas certaine qu'on puisse en saisir la portée. Tant pis, je l'écris pour moi, pour me libérer, parce que c'est tellement lourd de porter tout ça en soi pendant tant d'années.

Jeudi mon fils aîné ne se sentait pas bien. Quelque chose comme une grosse crise d'asthme, ce qu'il n'avait pas vécu depuis plusieurs années. Il m'a appelée parce que son père ne pouvait se libérer de son boulot. Je l'ai aidé du mieux que j'ai pu à distance, j'ai tenté de trouver une façon qu'il puisse se rendre à la clinique. C'est finalement son père qui l'a conduit à l'hôpital en fin d'après-midi. Il l'y a laissé vers 2 heures am, en observation sur une civière aux urgences. Vendredi matin mon fils m'a téléphoné de l'hôpital et je m'y suis précipitée. Je n'ai pas trop réfléchi, pour moi c'était ma place dans l'univers ce matin là. Je savais très bien qu'il n'était pas mourant mais quand il m'a dit qu'il était seul j'ai senti son inquiétude et j'ai réagi. Une fois à l'hopital j'ai aperçu ce bel adolescent en blouse bleue, allongé bravement parmi ces personnes âgées, entre une dame souffrante et sénile et un vieillard sympathique mais très malade. Comme il avait un peu faim et qu'il semblait relativement en forme, nous sommes allés ensemble à la cafétéria de l'hôpital et je lui ai offert un petit déjeûner (celui de l'hôpital n'avait pas fait long feu). Ensuite nous sommes retournés à sa civière où nous avons attendu patiemment le médecin qui lui a finalement donné son congé. Après plusieurs tentatives, nous avons rejoint son père pour qu'il vienne nous prendre en voiture. Mon fils m'a remerciée d'être là, il m'a serrée dans ses bras. Lorsque son père est arrivé et que nous sommes montés dans la voiture: Tempête violente. Le père a reproché à son fils d'avoir gaspillé la journée de deux personnes. Il criait si fort en conduisant que j'avais peur que nous fassions un accident. J'ai eu beau protester doucement mais fermement que je ne considérais nullement avoir perdu ma journée, que ça m'avait fait plaisir de venir, il continuait de plus belle. Je me suis tue, mon fils aussi. Le paget de l'homme ne cessait de retentir d'appels urgents et importants de très loin. Qu'est-ce que nous étions dans tout ça ? Il m'a laissée sur un coin de rue pour que j'attende l'autobus et que je retourne travailler (ma vraie place selon lui). J'ai retenu mes larmes de mon mieux, j'en ai échappé une ou deux mais j'avais beaucoup de boulot et je m'y suis concentrée.
Au retour de la journée, j'ai pris des nouvelles du fils, j'ai appris qu'il était sorti toute la journée avec une amie dès son retour à la maison. Je n'ai pas compris. Mon fils m'a dit qu'il ne pouvait supporter de rester avec son père toute la journée, son père m'a dit que sa sortie était la preuve qu'il se foutait de nous. J'ai raccroché. Qu'est-ce qui m'échappe ? J'ai passé la soirée à tenter de penser à autre chose, je ne me suis jamais sentie aussi inutile et impuissante. Je me suis couchée tôt parce que j'étais épuisée. Toute la nuit j'ai fait des rêves sordides à la Stephen King. Je me suis levée ce matin, le coeur toujours aussi lourd, ne sachant toujours pas quoi tirer de cette situation. Qu'est-ce que je ne comprends pas ? Parfois je voudrais disparaître sans que ça fasse mal. Je sais c'est lâche mais je ne vois pas autre chose. J'ai beau rêver, faire des projets pour vivre autre chose, un peu de douceur, c'est toujours ça qui me ratrappe. Mais c'est quoi ça ?

Bon, quelle tartine. Je ne sais pas si je dois mettre en ligne. Ça fait du bien d'écrire mais ai-je le droit de publier un tel texte ?
Je le prends. Tant pis.
# 84279420   L'insomniaque

8.11.02

( 22:35 )

Peut-être qu'au fond

J'aurais surtout besoin d'un bon massage. Juste me laisser toucher par autre chose. Et d'un peu d'équilibre.
Voilà.
# 84261849   L'insomniaque

( 21:54 )

Tant et tant

De froid et de violence autour de moi. Parfois j'ai le sentiment d'être tombée par erreur dans un mauvais film. Pourtant je résiste mais on dirait qu'à chaque nouvel assaut je perds un morceau de mon coeur. C'est presqu'idiot de dire ça comme ça mais ce soir je me sens tellement vidée que j'ai du mal à trouver les mots.
Je n'aurais jamais imaginé que ma vie serait comme ça. Well, it is.

Et le pire c'est que ça n'est même pas si terrible, it just feels like it. Or is it ?
# 84260407   L'insomniaque

7.11.02

( 10:26 )

Jolie citation et questionnement d'automne profond

Et il a ajouté: Tous les dons sont utiles en ce monde? Certains plus évidemment que d'autres: la vaillance du chevalier, la maîtrise du chirurgien, la douceur de l'infirmière?
Mais, vois-tu, il ne faut jamais négliger la douce chanson de ceux qui savent, mieux que personne, aider les perce-neiges à éclore.

Manu et ses petites histoires

Et les dons, ils ont tous une place, vous croyez ?
# 84174851   L'insomniaque

( 09:02 )

Je n'aime pas tourner en rond

Mais force est d'admettre que ça m'arrive souvent. Comme aujourd'hui. Je me suis accordée une petite journée avec du temps personnel. J'ai besoin de me retrouver, de m'entendre penser. Ça avait pourtant bien commencé, je me suis levée presqu'aussi tôt que lorsque je vais travailler, me suis préparé un café, me suis même assise à la cuisine avec Fredoux AVANT de m'asseoir devant mon écran. Je lui ai expliqué un devoir qu'il ne comprenait pas (en fait, il comprenait mais il ne se faisait pas confiance, c'est souvent ça). Je l'ai écouté m'expliquer le fonctionnement de son ciné-club en anglais à l'école, j'ai signé les autorisations nécessaires pour qu'il ait le droit d'emprunter des cassettes vidéo(d'ailleurs les dites autorisations sont restées sur la table de la cuisine après son départ mais bon).

Et là, tout s'est bousculé.
Je tourne en rond et je ne suis même pas la Terre.
# 84171379   L'insomniaque

5.11.02

( 20:18 )

Traverser la foule

Tout ce monde dans le métro et personne à moi, rien que des inconnus et pas de lumière au bout du tunnel. Manteau de laine, il fait chaud. On me pousse, Je me retiens. Je ne suis rien d'autre qu'un obstacle. Il y a ces deux-là qui se bécottent avec toute l'impudeur de ceux qui sont seuls au monde. Je détourne le regard, je retiens un peu plus mon souffle, comme si j'étais coupable de me trouver là. Mes yeux piquent et ma gorge serre un peu, j'ai chaud et j'ai froid, mais non, je ne pleurerai pas, je ne veux plus pleurer. Il faut que je rentre vite chez-moi. Mais où est chez-moi ? Ça n'a plus d'importance, il fait déjà nuit. Un autre jour de passé.
# 84089523   L'insomniaque

( 20:09 )

Il y a des soirs

Où j'ai juste froid. Je ne me sens pas triste, pas vraiment en tout cas. Je regarde le monde et je me demande comment je peux m'y inclure. L'impression qu'il n'y aura jamais ma forme, l'illusion de rêver que peut-être... Mais non.
# 84089174   L'insomniaque

4.11.02

( 21:05 )

Première neige... Je veux bien mais...

Ça vous est déjà arrivé à vous de devoir descendre d'autobus en pleine heure de pointe pendant une tempête de neige parce que la chauffeuse a des ennuis.... gastriques ?
Moi si, ce soir. La pauvre chauffeuse était bien souffrante, du moins elle le semblait. je n'aurais pas voulu être à sa place et devoir arrêter devant chaque restaurant pour courir aux toilettes. D'autant plus qu'avec le débit de circulation complètement bouchonné, c'était plutôt long pour atteindre les dits restos... Enfin, elle a fini par nous demander de descendre pour attendre le prochain bus et elle a filé par une rue dégagée en passant même sur un feu rouge. J'imagine qu'elle avait fort hâte d'arriver au garage. J'entends encore les gens bougonner en descendant sur le trottoir enneigé. Pas un pour lui demander si ça allait ou pour compatir le moindrement. Enfin.
Ça a quand même fait que je me suis retrouvée sur le trottoir, sans bottes, les pieds dans la neige et la gadoue, pas un autobus en vue. J'ai finalement marché jusque chez-moi en me promettant d'acheter des bottes au plus vite.
C'est ça aussi Montréal.
# 84035372   L'insomniaque

( 20:15 )

Normalement

Je ne fais pas de citation ici, c'est mon journal et je préfère partager mes coups de coeur ailleurs. Mais cette fois-ci c'est différent. Parce qu'elle a écrit ça :

J'ai l'impression que les gens sont de fins stratèges, qu'ils jouent (finement) le grand jeu social. Le Grand Jeu Social, plutôt. Ils font bien attention à ne pas perdre du terrain, du respect, du pouvoir. Ils accumulent autant qu'ils peuvent les points-plaisir qu'ils ont gagné. L'idée qu'ils ont pu faire mal à quelqu'un ne les effleure pas, ou si peu. Ils ne sont pas forcément agressifs et détestables, ben non, ils sont juste prudents. Ils ferment à clef leur petite maison bleue sur la colline. Ils y invitent leurs amis, parfois, mais ils regardent à travers le judas avant d'ouvrir la porte. Leur petite maison est assez douillette, confortable. Il y a des pièces condamnées, et non, il ne faut pas demander ce qu'il se cache derrière. Des choses douloureuses, un peu sales, un peu obscures, des choses dont ils ont honte. La pièce est fermée à clef, ils ont même mis une armoire devant la porte pour qu'on ne se doute plus qu'il existe quelque chose par là.

Et lorsque j'ai lus ces mots, ils m'ont transpercée. Il a fallu que je les relise lentement, un à un, pour bien les absorber. Ce sont ses mots. Et je n'en saisis peut-être pas l'exacte signification mais ils touchent un lieu très profond en moi.

Le gens sont froids parce qu'ils ont peur. Ils s'enferment dans leurs pauvres certitudes, un isolement étanche qui se perpétue par lui-même. Si on ne se met jamais en position d'être touché, on ne le sera jamais. Et c'est la preuve qu'il n'y a rien de touchant. Donc on est bien mieux dans son confort ouaté. On ne donne pas parce qu'on ne reçoit jamais et le fait qu'on ne reçoive jamais justifie qu'on ne tende pas la main. Et puis tendre la main, c'est bien connu, comporte des risques de contamination, alors prudence...
Je suis peut-être comme ça moi aussi. Ou peut-être pas.
Pardonne moi Ultraorange si j'ai récupéré une partie de ton propos. J'espère juste ne pas l'avoir trop déformé. Pendant un moment je me suis sentie un peu moins seule. Merci.
# 84033193   L'insomniaque

( 19:45 )

Comment dire

Cet homme qui est entré dans mon bureau ce matin. Gracile. Lointain. Triste. Tellement triste.
J'essayais de lui faire des signes rassurants pour qu'il s'ouvre un peu. Il ne semblait pas me voir. L'impression qu'il vivait sur une autre planète. Jamais vu un regard pareil.
Quand il ouvrait la bouche pour parler, on aurait dit qu'il allait s'évaporer.
Une partie de moi aurait voulu le laisser fuir, ne pas ouvrir la porte, oublier que de tels êtres existent.
L'autre partie, la plus forte, était rivée.
Il a fini par me regarder un peu plus, il m'a presque souri. Je l'ai trouvé beau comme une photo. J'ai pensé au film de Pedro Almodovar: Tout sur ma mère. je ne sais expliquer pourquoi exactement. Ce que je sais par contre c'est que son spectre ne m'a pas quittée de la journée. Je n'arrête pas de revoir ce moment où il a ouvert et de ressentir en même temps ce froid qui est descendu tout le long de ma colonne. Qu'est-ce que j'ai fait là ? Qu'est-ce que je peux pour lui ?
Rien probablement. Ou si peu.
# 84031836   L'insomniaque

3.11.02

( 20:54 )

Et puis mon voisin

Qui fait dans la guitare électrique ce soir. Nouveau ça. Pas tellement agréable par contre. Pouvu qu'il n'ait pas l'idée de devenir célèbre.
# 83981288   L'insomniaque

( 20:51 )

Dommage

C'est trop dommage. Je ne peux toujours pas publier et il me semble avoir tant de choses à dire. Ou peut-être pas. J'ai rencontré quelques collègues diaristes cet après-midi dans un cadre intéressant. Beaucoup de discussions qui n'ont rien à voir avec le diarisme et tout avec la vie. Saviez-vous que derrière chaque écrivailleux de quelqu'acabit qu'il ou elle soit, se dissimule fragilement une vraie personne avec ses peurs, ses failles et ses grandeurs ? Vous vous en doutiez, j'en suis certaine, je voulais seulement confirmer.

Et puis la discussion a effleuré la question de l'écriture d'un journal: Recul ou spontanéité ? Recul sans doute pour ceux qui veulent comprendre avant d'écrire afin de livrer un message clair. Dans mon cas c'est de plus en plus spontanéité, parce que je me rends compte que mes mots ne se placent jamais par hasard et qu'ils ont souvent un message à me livrer selon leurs associations. Paradoxal ce que je dis là ? Une diariste qui apprend à se connaître à travers ses écrits... Ce n'est pas la seule voie, bien sûr, mais je réalise que c'en est une pour moi. Me retenir me pousse à correspondre à une idée déjà construite. M'éclater me fait voir des angles que je ne soupçonnais pas. Journal-thérapie donc, les Insomnies Chroniques ? Sans doute en partie mais n'en parlez surtout à personne. Merci.
# 83981120   L'insomniaque

( 11:39 )

C'est pas moi...

Il faut que je me convainque, c'est pas possible sinon. À toutes les semaines je lui téléphone pour prendre de ses nouvelles et lui donner des miennes, histoire de ne pas perdre contact, de rester à l'écoute. Et elle n'a jamais rien à me dire. Le pire c'est que ce que je lui raconte ne l'intéresse que moyennement et là je suis généreuse. Longtemps j'ai cru que c'était moi, que j'étais sans intérêt, que si je faisais un effort elle m'aimerait, du moins elle m'apprécierait. Trop longtemps. Maintenant je comprends, c'est devenu clair comme de l'eau qui ruisselle sur les roches. Elle ne sait pas s'intéresser aux gens, elle en est incapable. Ce qui ne se chiffre pas ne l'intéresse pas et elle se croit indigne de relations humaines. Ça ne peut pas être autre chose. ça m'attriste un peu pour elle mais qu'est-ce que ça me rassure sur moi. Il était temps.
# 83961178   L'insomniaque

( 09:59 )

Muselée

C'est ainsi que je me sens depuis quelques jours, faute de pouvoir publier ici. Suis-je addict ? Oui sans doute mais je le gère bien :-) Remarquez que je peux très bien écrire, c'est juste la publication qui ne peut pas se faire. Petit problème technique du côté de l'hébergeur. Mais c'est beaucoup moins motivant d'écrire en ne sachant pas si je pourrai mettre en ligne. C'est comme ça.
Ou alors ça me force à tourner encore plus ma langue sept fois dans ma bouche avant de m'exprimer. Ça n'est pas forcément une mauvaise chose.
Cette nuit j'ai rêvé beaucoup mais un rêve en particulier me revient ce matin. Le contexte est un peu flou mais il me semble que j'étais redevenue étudiante et je devais m'installer dans une petite ville en Angleterre. La partie du rêve qui m'a le plus marquée est celle où je me cherchais un appartement. On m'a fait visiter un logement plutôt spécial avec des escaliers et des passages partout. Je me rappelle d'une superbe pièce qui donnait sur les toits, une chambre pleine de lumière au bout d'un escalier long et étroit. Dès que j'ai vu, j'ai su que c'était chez-moi. Étrangement, c'était une visite collective, nous étions plusieurs à regarder et les autres poussaient des réflexions qui signifiaient que cet appartement était beaucoup trop bizarre, pas du tout convenable. Mais moi je ne disais rien, je regardais et je savais que j'avais trouvé mon chez-moi, que je ne vivrais nulle-part ailleurs. Je me demandais juste si j'arriverais à dormir dans la superbe chambre à coucher si lumineuse. Mais je me disais aussi que ce n'était pas très grave puisque je pourrais en faire un autre usage car il y avait aussi une autre pièce plus modeste que je pourrais utiliser pour dormir.
C'est sûr c'est un rêve intéressant et très visuel que je ne peux décrire en détails faute de mots. Mais ce qui me fait plaisir ce matin c'est qu'on m'a toujours dit que lorsqu'on rêvait d'une maison, on rêvait de soi. Ce rêve me dit donc que ce que je suis ne convient peut-être pas à tout le monde mais n'en est pas moins précieux. Ça me dit aussi que toutes mes remises en question des derniers mois me mènent enfin vers cette chambre lumineuse, difficile à atteindre mais ô combien précieuse. J'arrive bientôt chez moi, il ne me reste plus qu'à fixer les conditions, signer le bail... Je me sens bien en écrivant tout ça, ça doit être le signe de la justesse. Pour un dimanche matin du début novembre c'est pas mal du tout.
Un autre café ? Il est fort et bien chaud.
# 83958139   L'insomniaque