dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

22.6.02

( 10:30 )

J'en profite

Pour venir écrire un petit mot ici, peut-être le dernier en direct du bunker puisque demain je lève le camp pour mon prochain logement et que d'ici là je dois faire des cartons et du nettoyage. Si on n'a pas remarqué je dois dire que je suis beaucoup moins ici depuis quelques temps déjà. En fait, j'y passe régulièrement mais avec beaucoup moins de dévouement et d'intérêt que d'habitude. Et ceci vaut aussi pour le web en général. Il y a plusieurs raisons à ça, notamment le fait d'avoir recommencé à travailler à plein temps depuis deux semaines, travailler très intensément je dois dire, parce que c'est un contrat de quatre semaines de remplacement que je remplis et que cela suppose que je sois fonctionnelle et productive tout de suite, on n'a pas le temps de former les remplaçantes. C'est normal et j'ai accepté ce mandat en pleine connaissance de cause mais je dois avouer que je ne me souviens pas d'avoir été aussi fatiguée en rentrant le soir, mentalement et physiquement. D'autant plus que durant les deux semaines qui s'achèvent, j'ai également postulé, passé un entretien et obtenu un emploi régulier à temps plein, qui va débuter le 8 juillet prochain (le lundi suivant la fin de mon contrat actuel) et cherché et trouvé un endroit pour vivre puisque mon temps ici se termine. Cette recherche de logement s'est faite dans une atmosphère chargée et ambivalente. Cependant les choix que j'ai faits sont plus clairs ce matin et, même si je n'ai pas choisi en fonction de mon coeur, j'assume les conséquences de mon choix tout en sachant que deux possibilités s'offrent à moi: 1) Je n'aime pas cet endroit et je décide de bouger à nouveau l'an prochain (Pas envie mais s'il faut, il faut...) ou, 2) Je m'y sens très bien et je m'y installe graduellement pour y faire mon nid douillet pendant quelques années. Rien n'est donc dramatique ni irréversible. Ce qui a été difficile furent surtout les circonstances dans lesquelles le choix a été opéré mais je ne suis pas encore prête à tout analyser et décrire. Peut-être que je le ferai ultérieurement. Rajoutons à ce tourbillon, la vie quotidienne et la fin de l'année scolaire pour Fredoux, les démarches complémentaires à un déménagement: Téléphone, électricité, organisation générale (camion, aide, horaire), et vous aurez une bonne partie de portrait général de mes deux dernières semaines. Intenses, vous dites?

Oui, très intenses mais surtout productives. En ce court laps de temps on peut dire que j'ai encore presque changé de vie, du moins j'ai pris un tournant important et je dois maintenant tout faire pour le négocier harmonieusement. Heureusement j'ai la chance de pouvoir compter sur des bases solides humainement, des êtres qui me soutiennent inconditionnellement, parce que je ne pense pas que je pourrais arriver à voir clair et à rester debout. Je sais, ce sont surtout des événements heureux qui ont ponctué ces dernières semaines, mais même le bonheur peut déstabiliser. Enfin je ne sais pas pour vous mais pour moi oui.

Juste d'être arrivée à écrire ces lignes me fait pousser un grand soupir de soulagement mais aussi de légère anxiété. Dans les trois jours qui viennent je vais travailler fort physiquement et émotivement pour que tout se passe efficacement et légèrement. Pas trop envie de m'alourdir, c'est le moment d'avancer.

Je ne sais pas quand je pourrai revenir ici. Peut-être aurai-je le goût et le temps d'écrire un autre petit mot d'ici à mon départ, mais ensuite j'ignore quand je pourrai me rebrancher à ma nouvelle adresse et surtout être suffisamment dégagée pour m'y investir. Je sais qu'il me reste des choses à dire lorsque j'aurai installé mon chez-moi. J'ai des idées et des projets mais tout cela viendra en temps et lieu. À ceux et celles qui m'ont écrit un petit mot ces derniers jours, sachez que je suis touchée et que vous m'avez sans doute aidée plus que vous ne savez, mais en ce moment je ne peux répondre. Restez-là quand même si vous le voulez bien, ça n'est qu'une interruption temporaire, un recul pour mieux sauter. Merci.

Voilà, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un excellent week-end de la Saint-Jean-Baptiste et un début d'été agréable. Ici au Québec, c'est la période bénie où la chaleur s'installe et où nous avons deux longs week-end consécutifs, je compte bien profiter du suivant, puisque celui qui débute sera tout sauf reposant.

À bientôt,
# 78064041   L'insomniaque

19.6.02

( 23:05 )

Je ne sais pas pourquoi

Mais ce soir il remonte à la surface. C'est pourtant rien qu'un fantôme et je croyais que je l'avais bien enterré. Bizarre comme parfois le passé insignifiant ne veut pas décoller. Nous avions 15 ans, cet âge si fragile. Non je n'étais pas amoureuse de lui et je devais bien être la seule. Je trouvais plutôt qu'il avait l'air ridicule avec sa petite coupe à la "René Simard" et sa moue de vieil enfant gâté me laissait indifférente dans le meilleur des cas. Mais je ne lui aurais jamais dit. J'avais déjà cette faculté de vivre dans mon monde et d'ignorer ce qui n'y entrait pas. Mais lui ne l'entendait pas ainsi. Oh non. Il m'avait choisie entre toutes pour me haïr et m'humilier. Ses quolibets m'embêtaient, parfois me peinaient, surtout quand il s'en servait pour briller devant les autres boutonneux de la haute mais je me disais qu'il se servait de moi comme d'un jouet, qu'il allait vite s'en lasser et que de toute façon ça n'était pas personnel, c'était juste le hasard qui m'avait désignée. Impossible qu'il en ait été autrement me disais-je, puisqu'il ne me connaissait pas, nous n'avions même jamais échangé deux mots. Un jour, je sortais du cours de biologie (mon préféré) et je me dirigeais calmement vers le cours de physique (celui que je détestais). La circulation était serrée dans les couloirs de l'école, une file à droite et une à gauche, à la queue leu leu... À la sortie de la classe de bio je le croise. Nos yeux sont vis à vis, nos visages pourraient presque se toucher. Je suis là à me demander ce que tout le monde lui trouve, il a un visage non pas laid, mais à mon avis inintéreressant parce que rien n'y brille. Au moment où nous nous croisons réellement, il s'approche vraiment tout près et, ses yeux dans les miens il me dit: Tu es laide, avec une sincérité déchirante. Je me souviens de l'avoir détesté tellement fort à cet instant mais surtout d'avoir réalisé qu'il me haïssait sincèrement puisqu'il n'avait dit ces mots qu'à moi sans que personne d'autre ne les entende et rigole... Je me souviens de ce picottement dans ma main droite et de cette envie de le gifler tellement fort, aussi fort que la douleur dans ma poitrine, et aussi de cette force qui m'avait aidée à résister et à garder mon bras bien collé à mon corps. J'imagine ce qu'il avait dû lire dans mes yeux, cette incompréhension devant cette haine si profonde et cette impuissance à pouvoir trouver un sens ou une origine à celle-ci. Je me souviens de ses mèches de cheveux gras qui trainaient sur la joue que j'aurais eu envie de frapper, du col élimé de son veston froissé (c'était une école privée et il y avait un code vestimentaire strict), de sa chemise ouverte sur un col roulé blanc et du sourire de satisfaction qui avait déformé sa bouche, tant il était fier de m'avoir dit ces mots. Je me souviens de ce serrement dans ma poitrine, alors que je marchais vers la classe de physique, de ce picotement au coin de mes yeux et de ma lutte pour ne pas laisser les larmes couler. Je me souviens du cours de physique, ou plutôt je me souviens de mon absence ce jour-là alors que je me torturais avec ce sentiment d'injustice d'être détestée gratuitement.
Et ce soir, malgré ces 25 ans qui se sont écoulés depuis, j'ai toujours cette envie de le gifler très fort et ce serrement autour du coeur. Je sais que ce n'est pas bien et que je devrais laisser aller, oublier ce moment. Après tout je n'ai plus quinze ans depuis très longtemps et son ignorance et sa méchanceté sont aussi bien loin derrière. Mais je ne peux m'empêcher de m'interroger sur le sens que cette blessure enfouie a pris pour moi au fil des années. Je me demande aussi dans quelle mesure la haine qui m'a pénétrée ce jour-là, a quelque chose à voir avec ce besoin constant d'être rassurée par ceux que j'aime aujourd'hui. Comme si à cet instant précis dans le temps, j'avais ressenti toute l'injustice de l'univers et ma vulnérabilité.
Je me dis que de l'écrire ici va peut-être l'exorciser ou du moins le dédramatiser. Peut-être ai-je aussi envie de rabaisser ce bouclier qui se lève quand on me regarde au fond des yeux, cette façon à moi de vous dire: Vous ne pouvez pas m'atteindre et donc pas me blesser.
Mais profondément ce soir, j'aimerais pouvoir retourner à ce moment et ne pas retenir mon bras. Non pas pour lui faire mal particulièrement, mais surtout pour ne plus jamais regretter mon impuissance. C'était faux, je le sais maintenant, j'aurais très bien pu me défendre, je n'ai juste pas osé. Ce soir je le sais.
# 77962352   L'insomniaque

18.6.02

( 23:47 )

Et vous savez quoi ?

Demain soir je vais rencontrer mon nouveau proprio afin de signer... Mon bail !
# 77918852   L'insomniaque

( 23:36 )

Sinon

À travers mon tourbillon je continue d'observer Montréal et ceux qui l'habitent. Je n'en finirai jamais de m'étonner.
Ce matin dans le métro, en pleine heure de pointe, une fille parle très fort en s'adressant à ceux qui l'entourent en poussant d'étranges réflexions. Je finis par comprendre que personne ne la connaît et qu'elle souffre d'un handicap intellectuel. Elle est sympathique mais envahissante. Elle fait des commentaires gentils mais un peu déplacés mais tout le monde lui sourit. Un moment elle fait remarquer à une dame qu'elle est bien jolie ce matin... Celle-ci rougit un peu et la remercie. La fille finit par se lever pour descendre mais au passage elle dépose plusieurs baisers sonores sur les joues de la dame maintenant cramoisie qui lui souhaite tout de même une bonne journée. Une fois qu'elle a quitté le wagon les passagers continuent de sourire et certains se risquent même à avancer qu'elle est étrange mais pas méchante. Je descends à la même station que la dame embrassée quelques instants plus tôt. Je la perds de vue dans la foule alors que je m'arrête pour m'acheter un café avant de sortir. Je la retrouve quelques instants plus tard à l'extérieur en train de griller une cigarette avec ses amies de bureau et je la vois sourire en racontant son aventure du métro. Ses compagnes rient et sourient et c'est alors que je me dis que cette fille un peu bizarre a eu un pouvoir que bien peu possèdent, celle de faire sourire tout un wagon de travailleurs un mardi matin pluvieux et sans doute bien d'autres encore si toutes les personnes présentes décident de raconter l'anecdote dans leur milieu de travail. Chouette, non ?

C'est ça aussi Montréal :-)
# 77918404   L'insomniaque

( 23:17 )

Juste moi

Je ne sais être que moi, avec tout ce que ça suppose. Bien sûr je me suis trompée souvent et je me tromperai encore mais je n,ai pas encore abandonné et je n'en ai nulle intention. Ma vie en ce moment est intense et je me suis dit aujourd'hui que jusqu'à maintenant je gère très bien. Malgré ma fatigue et les coins ronds que je tourne parfois, je pense que j'ai beaucoup de courage et de force. Et ça ça vaut une mention.

Bravo à moi :-)
# 77917682   L'insomniaque

17.6.02

( 20:56 )

Mais what is going on ?

Reçu de très belles et généreuses missives de deux belles dames du web. Ça m'a fait piquer les yeux. Pourquoi ? Parce que ce qu'elles m'ont dit sonne tellement juste, j'aurais pu moi-même l'écrire à quelqu'un d'autre et y croire très fort.
Ne te laisse pas marcher sur les pieds, qu'elle m'a dit. J'ai des pieds moi ? Je crois que je ne les sens plus.
Mais tu es, à mes yeux, aussi grande qu'un arbre, dont les branches s'étirent jusqu'au ciel. Alors je ne comprends pas, pourquoi tu te sens parfois si petite, dit l'autre...
Moi non plus je ne comprends pas.
Pour la première fois de mon existence je n'ai plus aucune piste de réponse, je les ai toutes essayées.

Un jour je sens que j'avance et je suis grisée, le coeur qui explose presque.
Et puis le lendemain j'étouffe comme une noyée.

La vie m'arrive par bourrasques et mon coeur vire avec elles.
D'une main la vie caresse ma joue droite et de l'autre elle gifle la gauche.

La nuit dernière j'ai rêvé que je m'électrocutais en marchant sur les rails du métro. Je devais rejoindre quelqu'un de l'autre côté. Je ne me rappelle plus qui exactement mais je crois que c'était Fredoux et il fallait que je le rejoigne. J'ai senti physiquement le courant traverser mon corps et mon coeur qui voulait s'arrêter mais je continuais d'avancer. Ça n'était pas très agréable comme rêve mais pas horrible non plus. Le seul qualificatif qui me vient est étrange.
Je sens qu'il se passe quelque chose en ce moment, je crois que je suis dans un tournant de ma vie. D'un côté il y a toutes ces gens de mon passé et tout ce qu'ils ont la certitude de savoir à propos de moi. Et de l'autre il y a... Je ne sais pas vraiment, c'est comme vide pour l'instant, mais ça concerne mon avenir ou de quoi sera fait demain. Entre les deux il y a ce passage difficile et dangereux, comme des rails pleins d'électricité que je dois franchir, quitte à ce que mon coeur s'arrête, ça je comprends.
De plus, les moyens de transport (métro, bus, train, avion, voiture) ont toujours été présents dans mon univers onirique, de façon particulièrement concentrée vers la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte. J'ai toujours senti que ça concernait ma façon d'avancer dans la vie. Et là ça revient.
Je suppose que c'est bon signe.
De toute manière je n'ai pas le temps de me poser toutes ces questions, surtout que je sais de moins en moins y répondre. Alors je continue.

Allez, encore un pas.
# 77868097   L'insomniaque

16.6.02

( 23:41 )

Mais

Il y a cette amie qui me connaît depuis toujours, qui m'a fait remarquer un point intéressant: Dès que je pose des gestes concrets pour prendre le contrôle de ma destinée, des vents contraires s'élèvent et je me retrouve dans l'impossibilité de bouger.
Qu'est-ce que je n'ai pas compris encore au juste ?
L'acceptation ou la lutte ?

Pour l'instant, le sommeil...
(C'est pas gagné)
# 77830775   L'insomniaque

( 23:31 )

Difficile

Pour moi d'expliquer où j'en suis. Encore plus où je vais. Par contre, il m'arrive d'entrevoir d'où je viens. Presque.
Parfois les gens veulent nous aider, il y a toujours un prix d'attaché. Certains prix sont abordables, d'autres viennent nous chercher ce qu'on a au fond des entrailles. Et on se sent complètement vide après. Ça n'est pas rationnel, c'est totalement émotionnel.

Ce week-end j'ai décidé que j'étais assez solide pour me trouver un logement, que je pouvais m'engager dans un bail. J'ai cherché. J'ai trouvé. Toute seule comme une grande. Au même moment des personnes de bonne volonté ont décidé de trouver pour moi, parce que soudain ça les arrangeait. Ils ont remué ciel et terre pour moi. Selon leurs dires. J'ai souri et remercié. Puis j'ai essayé de réfléchir, de soupeser les pours et les contres, de prendre une décision juste et équilibrée. Les dés ne sont pas tombés sur la face qu'ils auraient voulu. Ils m'ont ouvert la poitrine et l'ont labourée. Je n'ai pas su me défendre parce que je n'ai pas les armes nécessaires.
Quand je songe à prendre le logement qu'ils me proposent, j'ai du mal à respirer. Pourtant cet endroit est très bien et le prix très raisonnable. Mais c'est leur choix et l'emplacement, quoique convenable, n'est pas celui qui me convient le mieux.
Quand je songe à prendre le logement que moi j'ai trouvé, quand je revois les pièces, la lumière, la rue, mon coeur bat un peu plus fort. Mais quand je songe à aller contre la volonté de la majorité des bien-pensants et à voler de mes ailes, enfin, mes yeux piquent et mes bras baissent.

Je suis une ingrate et je ne pense qu'à moi. Ils l'ont dit, ceux qui veulent mon bien tellement fort.
Je suis une éponge faible et sans assurance. C'est moi qui le dis, celle qui se sabote depuis la nuit des temps.

D'un côté comme de l'autre je n'en sors pas. Aussi bien ne pas faire de vague et leur laisser faire mon bien.
Vraiment?

Je ne me suis jamais sentie aussi déchirée.
Mais je déménage le week-end prochain. God knows where.
# 77830370   L'insomniaque

( 20:31 )

Être adulte

C'est plein de sens et de non-sens.
Ça veut dire prendre seule des décisions et laisser couler les regards et les mots qui tuent.
Ça veut dire se regarder dans la glace et y lire dans ses yeux toutes les questions sans réponses.
Ça veut dire être seule et trouver ça normal..
Ça veut dire ravaler cette boule qui serre la gorge et la garder bien au chaud dans son ventre.
Ça veut dire ne jamais décevoir personne d'autre que soi-même.

C'est bien chiant être adulte mais il paraît qu'il faut tous y arriver.
# 77824299   L'insomniaque