Insomnies chroniquesDans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours... |
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2.8.03 ( 12:05 ) États d'âme (parce que j'en ai une)
Oui je pense que j'en ai une. Un peu brumeuse, je le concède, mais elle est bien là, je la sens. En fait, depuis que je me rappelle c'est toujours ce sentiment qui m'a permis de tenir. Parce que ma vie est souvent sans dessus-dessous, j'ai trop souvent au ventre cette peur de l'absurdité et du non sens. Mais cette conviction que tout à sert à quelque chose, va quelque part, c'est ce qui me sauve. Quoi et où, ça c'est autre chose. Mais de savoir qu'il y a un sens et une direction me suffit. Enfin la plupart du temps.
Hier à l'épicerie j'attendais en ligne pour passer à la caisse en poussant mon chariot. Il y avait foule. Derrière moi une petite famille : Une maman, un papa (fin vingtaine à vue de nez) et leur petite fille qui devait avoir 3 ans et demi ou quatre ans. Un moment la maman faisait des bisous à sa petite fille qui était assise dans le chariot. Elle lui disait qu'elle l'aimait beaucoup et lui demandait si elle aussi (la fillette) l'aimait beaucoup. La petite répondit qu'elle l'aimait "juste un peu", avec ce petit air diabolique que seules maîtrisent les petites filles de 3 ou 4 ans. C'est alors que la maman s'est mise à jouer le grand jeu de la douleur. Tu me déçois beaucoup de ne pas m'aimer autant que je t'aime.... Je voulais t'offrir plein de choses, faire plein de choses avec toi mais si tu ne m'aimes qu'un peu et patati et patata... C'est alors que la fillette s'est mise à pleurer et à implorer le pardon de sa maman. Le papa lisait une revue empruntée dans un présentoir pour tuer l'attente. Moi j'avais envie de vomir, rien de moins. Éventuellement la maman a pris sa petite fille dans ses bras et lui a dit de ne plus pleurer, qu'elle l'aimait toujours et qu'il ne fallait pas gâcher la belle journée avec ça, que c'était juste pour lui apprendre à ne pas être méchante avec les gens... Elle lui a changé les idées en parlant de la cassette vidéo qu'ils allaient emporter chez l'Oncle machin qu'ils allaient visiter ce soir et que la petite pourrait visionner et au parc qu'ils allaient visiter et... Bon. Finalement la petite fille s'est remise à sourire et à bavarder mais je ne peux m'empêcher de penser à cette entaille creusée dans son âme juste avant. Pourquoi tant d'inconscience ? On dit que des adultes blessés font des enfants blessés. N'y a-t-il pas moyen de briser cette chaîne quelque part ? Il y a cette chanson de Paul Piché qui me revient soudain à la mémoire : L'escalier. L'escalier Paroles et musique: Paul Piché 1980 Juste avant d'fermer la porte J'me d'mandais c'que j'oubliais J'ai touché à toutes mes poches Pour comprendre que c'qui m'manquait C'était ni ma guitare Ni un quelconque médicament Pour soulager quelque souffrance Ou pour faire passer le temps Pis tout au long de l'escalier Que j'ai descendu lentement Parce que sans raison j'aurais r'monté Parce que sans raison j'allais devant J'étais tout à l'envers Parce que c'qui m'manquait C't'ait par en-dedans J'me sentais seul comme une rivière Abandonnée par des enfants Et pis le temps prenait son temps Prenait le mien sur son chemin Sans s'arrêter, sans m'oublier Sans oublier de m'essouffler Y'a pas longtemps j'étais petit Me voilà jeune et plutôt grand Assez pour voir que l'on vieillit Même en amour, même au printemps Alors voilà je me décris Dans une drôle de position Les yeux pochés et le bedon La bière sera pas la solution J'aimerais plutôt que cette chanson Puisque c'est de ma vie qu'il est question Finisse un soir dans ma maison Sur un bel air d'accordéon Pis les enfants c'est pas vraiment vraiment méchant Ça peut mal faire, faire mal de temps en temps Ça peut cracher, ça peut mentir, ça peut voler Au fond, ça peut faire tout c'qu'on leur apprend Mais une belle fin à cette chanson M'impose de dire c'que j'aurais dit Si j'avais pas changé d'avis Sur le pourquoi de mes ennuis Ben oui, j'allais pour me sauver Vous dire comment faut être indépendant Des sentiments de ceux qu'on aime Pour sauver l'monde et ses problèmes Qu'i fallait surtout pas pleurer Qu'à l'autre chanson j'm'étais trompé Comme si l'amour pouvait m'empêcher D'donner mon temps aux pauvres gens Mais les héros c'est pas gratis Ça s'trompe jamais, c't'indépendant La gloire paye pour les sacrifices Le pouvoir soulage leurs tourments Ben oui, c'est vous qui auriez pleuré Avec c'que j'aurais composé C'est une manière de s'faire aimer Quand ceux qu'on aime veulent pas marcher J'les ai boudés, y ont pas mordu J'les ai quittés, y ont pas bougé J'me sus fait peur, j'me sus tordu Quand j'ai compris ben chu r'venu Quand j'ai compris que j'faisais Un très très grand détour Pour aboutir seul dans un escalier J'vous apprends rien quand j'dis Qu'on est rien sans amour Pour aider l'monde faut savoir être aimé La vie c'est parfois du temps perdu à réparer les douleurs tordues qu'on nous a fait porter sans y penser. Oui c'est comme ça.
# 105984031064721350 L'insomniaque
1.8.03 ( 09:11 ) Géographie du centre de moi
« L'amour élabore une géographie sacrée du monde. Cet endroit, cette maison, ce point de vue particulier sur la mer ou sur les montagnes, cet arbre, deviennent les symboles sacrés de l'être aimé ou de l'amour. »
Francesco Albéroni Citation tirée du livre Les hasards nécessaires de Jean-François Vézina. Et nous sommes le 1er août.
# 105974348513476281 L'insomniaque
30.7.03 ( 22:23 ) Il y a trois ans
Ce soir je passais ma première nuit dans mon nouveau logement après une longue journée de déménagement. Je me souviens que tout s'était très bien passé, mieux que je n'aurais pu l'espérer. Puis le camion était reparti, ensuite les amis restés pour une bière s'en étaient allés un par un. Il n'était resté que cet ami qui savait comment je me sentais, combien j'étais à la fois heureuse et craintive. Il m'avait proposé les feux d'artifices pour célébrer mon arrivée sur Montréal. C'étaient les feux de fermeture, le thème était "les dessins animés". Je me souviens de mon émerveillement devant toutes ces explosions et la musique que je reconnaissais des dessins animés de mon enfance. Il y avait la foule tout autour mais je me sentais libre et soulagée. Sur le chemin du retour, en marchant, nous avions rencontré une amie à moi de très longue date avec son copain et son fils. Ça m'avait fait très plaisir de la voir, nous nous étions perdues de vue depuis plus de 6 ans... Ils nous avaient invités à boire une bière de fin de soirée sur leur terrasse pas très loin d'où nous étions et là nous nous étions raconté tout ce temps perdu. Ensuite j'étais rentrée, fatiguée et fourbue mais heureuse, dormir pour la première fois dans mon bunker quelque part dans une ruelle de Montréal. Chez moi.
Il y a trois ans c'était aussi la naissance de ma nièce, la troisième enfant de mon frère, sa deuxième fille. Il y a deux ans je bouclais mes valises pour ce grand voyage que j'allais entâmer demain. Je n'étais pas bien plus brave mais j'étais tellement fière d'aller enfin au bout d'un de mes rêves. Et l'an dernier je m'installais dans mon nouveau boulot et dans mon nouvel appartement. Aujourd'hui j'ai (presque) fini mon curriculum vitae qui me permettra peut-être de toucher un autre rêve. Et l'an prochain, je serai où ?
# 105961820596579494 L'insomniaque
( 13:07 ) Quête de sens
« Être sensible à la synchronicité, c'est être capable de sentir cette force du sens, être capable de saisir le moment idéal pour agir, saisir le carpe diem provenant de cet ordre global. Les rencontres gravitent souvent autour de ce timing et c'est l'intuition qui nous pousse à l'action et à l'adaptation. Nous sommes attirés vers certaines personnes, certains lieux et certaines situations alors que nous sommes régis par une impulsion de l'inconscient collectif, par quelque chose qui nous dépasse. Nous ne pouvons expliquer certains de nos choix sinon par l'étrange attraction du sens qu'elle suscite dans notre récit de vie. »
Les hasards nécessaires. Page 124.
# 105958482383751196 L'insomniaque
29.7.03 ( 21:54 ) Dans le métro
Je me suis remise à lire ces derniers jours. Il faut dire que l'achalandage (un peu )diminué des transports en commun durant les vacances m'y incite un peu plus. Je suis tombée sur un petit bouquin passionnant qui s'appelle Les hasards nécessaires par un auteur qui s'appelle Jean-François Vézina. L'auteur, un psychologue québécois y traite des hasards, coincidences et autres synchronicités qui traversent nos vies et de la manière de les regarder et de les analyser afin de s'en servir pour avancer et grandir (ceci est un résumé très très simplifié). En s'appuyant sur la notion de synchronicité telle qu'amenée par Jung, il nous explique de façon simple et intéressante la théorie du chaos et celle des fractales en mathématiques et en physique et comment l'existence humaine ne s'y soustrait pas. Je ne suis pas certaine d'être bien claire dans mon explication mais ce que je veux vraiment dire c'est plutôt que les hasards et les synchronicités ont particulièrement touché ma vie ces dernières années et que j'apprécie beaucoup cette perche tendue pas Monsieur Vézina afin d'en tirer un sens utile et pas seulement ésotérique.
De toute manière, si vous voulez en savoir plus, vous n'avez qu'à faire comme moi, c'est à dire de vous plonger dans ce livre éclairant sans lourdeur. Voilà.
# 105953005113937604 L'insomniaque
( 21:28 ) En fait...
# 105952851561708734 L'insomniaque
( 21:25 ) Une bonne dose d'humilité
C'est ce que ça me prend alors que je tente de refaire mon curriculum vitae pour le présenter dans un autre pays, là ou les normes sont différentes.... Moi, la conseillère en emploi d'expérience, je dois demander conseil et faire abstaction de mes connaissances. C'est un drôle de sentiment, sans doute pas très loin de celui de mes clients immigrants en fait. Quand ils arrivent ici on leur fait tout refaire à la sauce québécoise... Tu parles...
C'est un peu comme perdre ses repères tout à coup. Déstabilisant. Étrange aussi ce sentiment soudain d'être un imposteur alors qu'on maîtrise raisonnablement bien son sujet. Comme si tout ce que j'y écrivais allait être mis en doute, examiné, questionné, alors que lorsque je rédige mon curriculum vitae ici, je me sens très sûre de moi. Pourtant j'ai très envie de tenter le coup, quitte à ne pas réussir. Je suis certaine que je vais y apprendre quelque chose. Si seulement je peux arriver à accepter de ne pas tout savoir et à être prête à recommencer et à m'ajuster autant qu'il le faudra. Cela finira-t-il par donner quelque chose ? Je l'ignore. Mais je sais que le chemin sera tout aussi excitant que l'arrivée éventuelle et hypothétique. On verra bien. Pour l'instant il me reste encore bien du boulot. Toujours aussi talentueuse (tueuse de talent ?!?) pour se percher sur un fil, cette insomniaque, n'est-ce pas ?
# 105952833597492812 L'insomniaque
27.7.03 ( 23:18 ) Étrange week-end
Qui m'aura fait passer par toute une gamme d'émotions et de réflexions. Difficile de tout expliquer, même à moi-même, mais disons que j'ai vraiment le sentiment d'être au bord de quelque chose d'important en ce qui concerne ma vie et surtout ma façon de la ressentir. L'impression d'être trop entière parfois, de trop chercher à tout comprendre, à tout intégrer. La vie est tout sauf logique, du moins cette logique qui nous est accessible. Rien n'est blanc ou noir, tout est nuance. Le doute et l'imperfection sont partie prenante de la vie, il faut que je l'accepte.
Mon amie B disait hier, à son retour d'un grand voyage qui l'aura menée aux Indes, que l'Inde, justement, est un continent d'absurdité et d'intelligence (J'espère avoir bien compris ses paroles). Ce soir je me dis que cela peut aussi s'appliquer à la vie. On a beau essayer de tout ordonner, il y a toujours ce détail qui vient gâcher notre symphonie. Le secret du bonheur serait donc le détachement. Pas un secret facile à appliquer mais il me semble qu'une fois qu'on a compris cela nos efforts peuvent être mieux dirigés, c'est à dire vers le détachement plutôt que vers une vaine tentative d'ordre et de contrôle. Je crois que je ne serai jamais à la hauteur de l'image de moi que je me suis fixée (avec beaucoup d'aide) au fil des années. J'aurai beau continuer de faire chaque fois un pas de plus, il y aura toujours quelque chose qui m'échappera. Parce que je suis humaine, c'est tout. Cela ne veut pas dire que j'abandonne et que je baisse les bras, ça signifie seulement que je pourrais vivre mon imperfection plus...sereinement. Et intuitivement je me dis que mes efforts seront mieux investis dans cette direction que dans ce vain espoir de tout dompter les énergies qui m'entourent et qui m'habitent. Toute cette joie de vivre que je perds à pleurer sur des douleurs auxquelles je ne peux rien. Ma mère me disait encore ce week-end que j'avais un défaut qui était de toujours culpabiliser pour des choses qui n'originent pas de moi. Elle a raison mais je n'ai aucune idée de comment faire autrement. Surtout quand les dites imperfections touchent la vie de mes enfants. Pourtant je les ai conçus dans l'amour et j'ai tout fait pour leur donner ce qui me semblait essentiel, au mieux de ma connaissance et de mes capacités (qui ne sont pas, disons-le, infinies mais qui valent bien celles des autres). Certains facteurs et événements hors de ma volonté sont survenus en chemin et mes fils ne vivent pas la vie dont j'avais rêvé pour eux. Bien sûr, ça me déchire mais je dois absolument cesser de me culpabiliser sinon je ne pourrai plus être une mère-guide pour eux, je ne serai plus qu'une mère-tristesse ou une mère-amertume. En plus de me ronger de l'intérieur je leur ferai porter le poids de mon impuissance. Ils méritent mieux et moi aussi. J'ai souvent le sentiment d'être seule sur mon île en ce qui concerne la situation de mes enfants mais ce n'est qu'une illusion. J'ai la chance d'avoir des gens et des ressources tout autour de moi. Il faut que j'arrête de geindre sur ce que j'aurais voulu et que je commence à jouer les cartes que je possède, tout simplement. Ma condition de vie ne me permet pas d'offrir à mes fils le nid douillet dont j'avais rêvé mais l'être humain que je suis peut leur offrir beaucoup. Mais pour ça il faut que je chasse cette grande tristesse qui finit par être un poison pour eux, pour moi et pour les autres personnes que j'aime. Et puis, il faut que j'avoue, la vie dans toute son absurdité ne m'a jamais laissée tomber jusqu'ici. Elle s'est même débrouillée pour me faire quelques magnifiques cadeaux à travers mon brouillard et mes tempêtes, elle en a sûrement encore quelques uns dans sa manche qu'elle me réserve. Mais pour ça il me faut appliquer une bonne dose de confiance et de détachement. Je crois. Voilà donc les résultats de cet étrange week-end. Pas mal, non ?
# 105936231438625917 L'insomniaque
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