Insomnies chroniques

De sentir une vague de réalisme froid nous engloutir.
Ce n'est pas la première fois.
C'est bien ça qui est embêtant.

Pourtant j'aime la vie. Personne ne doute de ça, j'en suis certaine.
Mais c'est quoi ce sentiment de ne pas savoir la vivre?
Et puis d'abord, y-a-t-il une façon de vivre?
C'est bien ça la vraie question.

Il m'arrive de trouver que la vie ressemble à une vitrine lorsqu'on la regarde.
Mais qu'y a-t-il derrière les décors de carton? Quel en est le vrai sens?

J'ai grandi dans un entourage où on ne se posait pas trop cette question.
La vie comme une chaîne de montage, du début à la fin. Au pire, on n'arrivait pas à suivre, au mieux, on ressortait au bout avec un tampon de qualité. Quand même mort mais fonctionnel.
Comme sans doute beaucoup de gens, j'avais plein de rêves et d'envies de petite fille. On les a tolérés gentiment tant que ça ne dérangeait pas trop. On a tôt fait de m'informer que dans la vie on ne faisait pas ce qui nous plaisait mais bien ce qu'on pouvait...
Insouciante, j'ai refusé en silence. Je sentais profondément que la vie c'était plus que ça.
Mais quoi?

J'ai passé presque toute ma vie adulte à naviguer maladroitement entre les il faut et les je veux.

Je n'ai jamais eu de convictions religieuses, elles faisaient partie des il faut
Mais toujours ce sentiment qu'il y a un mystère derrière la vie, que la chaîne de montage est une illusion.

La vie m'a appris à écouter, à sentir et surtout à ne jamais cesser d'espérer.
C'est pourquoi croire en Dieu fait de moins en moins partie des il faut pour moi mais de plus en plus des je le sens.
Mais là n'est pas mon propos.
Je ne connais rien à ce sujet et je n'ai pas l'intention de vous avouer quoi que ce soit. C'est juste un cheminement.

Sauf que maintenant je me mets à douter des mes anciens doutes.
Qu'est-ce que la vie? Mystère ou absurdité? Ou alors un mélange des deux?

Hier j'ai eu une bulle heureuse. Je me suis revue assise à l'école en train de faire une dictée. J'ai toujours aimé les dictées. Parce que j'avais toujours confiance de les traverser victorieusement. Sans jamais savoir quelle était la prochaine phrase, le prochain mot, je me délectais d'avance à savoir que ce serait difficile mais que j'y arriverais.
Confiance face à l'inconnu je crois.
C'est tout con mais c'est vraiment le meilleur exemple de la douceur de mon enfance. Il y en a eu d'autres mais aucun plus fort.

Savoir écrire.
Est-ce le meilleur outil de survie dont j'aurais pu hériter?

Et qu'est-ce qu'on fait alors quand la vie devient une dictée de Pivot en japonais?

On l'écrit.
On le crie.

C'est déjà ça.

J'ai le sentiment pour la première fois qu'il est mieux que je poste mes entrées dans l'ordre chronologique de la journée.
Alors j'ai changé les spécifications.
C'est tout.

Mais est-ce mieux?

I think so.

Je viens de me relire. On dirait que j'ai peur.
Peur de quoi?

Qu'on sache que l'insomniaque n'est pas faite que de rêves...

The Dark side of the moon.

Tant pis.

Un autre matin de doute.
Sur moi, sur la vie, sur tout.
Est-ce possible une vie qui n'est qu'une série de faux départs?
Est-ce que ça arrête un jour ce sentiment de patauger?

Suis-je la seule qui vit ça?

Pourtant il fait très beau aujourd'hui.
Mais c'est dehors.

Oui, oui, je sais, ça va passer.
Mais ça revient toujours.

Merde.

Il se faufile discrètement dans notre vie, en essayant de ne pas trop se faire remarquer tout en espérant être reconnu.
On est souvent distraits parce qu'on cherche à l'apercevoir dans ce qui brille. Pourtant son reflet est dans les toutes petites choses.

Quand on entrevoit sa silhouette il faut se retourner doucement, surtout ne pas l'effrayer. Une fois face à lui, lorsqu'on l'a bien identifié, il faut vite lui prendre le bras, le regarder droit dans les yeux et lui dire clairement qu'on veut qu'il s'attarde, qu'on a de la place pour lui chez soi.

Simple non?

J'ai quelque chose qui m'habite très fort depuis quelques jours:
Prendre soin de moi.
Physiquement.
Envie de vivre à plein et d'être bien dans ma peau.
Ce midi j'ai mangé sainement et je suis allée marcher après le repas. Oh, rien qu'une petite promenade mais l'air était bon et je me sentais toute ragaillardie ensuite.
J'ai un corps. Peut-être pas celui que j'aurais choisi mais c'est le mien.
Ça me peine lorsque je lis ces jeunes femmes qui pestent contre leur corps.
Mais je l'ai fait aussi. Ou plutôt, j'ai essayé de l'oublier. Ça n'a pas fonctionné.

J'ai grandi avec une image très négative de moi-même. D'aussi loin que je me rappelle je me disais que c'était une erreur, que ça n'était pas moi.
Aujourd'hui je regarde des photos de moi à travers les années. Ça ne correpond pas à mon souvenir.
Il m'arrive de me demander où j'ai pigé cette haine pour moi-même, elle vient de tellement loin.
Mais ça n'a plus d'importance de trouver où, quand, comment, qui....
Ce qui compte ce sont les décisions que je prends à partir de maintenant.
Mon corps est ce que j'en pense et que j'en fais.
Rien de plus, rien de moins.
Et maintenant j'ai très envie d'en faire un ami.
Après tout, nous avons plein de projets ensemble et je n'ai pas l'intention d'en perdre une miette.

Gourmande, moi?

Et avec tout ça je me suis couchée bien tard pour une insomniaque qui devait se lever aux aurores(Vous trouvez que j'ai un accent vous? ;-)
Ce soir j'ai la tête pleine d'idées mais j'ai aussi le cerveau un peu flou.
Comment concilier le repos et le plaisir? En tout cas, ça n'est pas toujours évident...

Ça viendra...

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusée. Les blagues et les confidences fusaient de toute part. Un beau moment qui a fait bien du bien....
C'est chouette de croiser des gens de sa planète, quand la connivence s'installe instantanément, comme si on se connaissait depuis toujours... Et au fond, c'est un peu le cas ;-)
Douce folie, quand tu nous tiens. Je sens bien des échanges riches et drôles à l'horizon.
Merci Améthyste et Sofia.

À bientôt surtout,