dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

14.6.03

( 08:57 )

Drôle de matin quand même

Hier soir je me suis endormie tôt, à moitié habillée, sans même avoir éteint, ni mon ordinateur, ni les lumières. J'ai bien dormi mais par séquences. À quelques reprises je me suis réveillée avec l'envie de me lever mais chaque fois je me suis rendormie avant d'avoir pu concrétiser le projet. Vers 6h30 j'étais définitivement éveillée, presque comme un matin de travail. Je me suis levée avec un petit mal de dos, rien de grave (j'espère...) mais le sentiment d'avoir gardé la même position trop longtemps. J'ai enfilé ma chemise de nuit (quand même...) et me suis préparé du café dans ma cafetière-cadeau-de-moi-à-moi; un double expresso. Il pleut sur Montréal et les voitures sont doublement bruyantes avec leurs pneus qui soulèvent l'eau sur l'asphalte. Ça m'énerve. Je n'entends ni les enfants, ni les oiseaux. Juste le bruit des voitures et mes doigts qui cliquètent surt le clavier. Au fond il y a le ronflement de l'ordinateur que je n'entends plus, la plupart du temps, mais il est bel et bien là. Je devrais mettre de la musique mais je ne sais pas très bien ce que j'ai envie d'entendre alors dans le doute je m'abstiens (elle est sage cette insomniaque).

Il y a une semaine je m'éveillais, un peu (beaucoup) courbaturée de ce Tour de l'île de nuit, j'étais fière de moi. Hier après-midi, j'animais une rencontre de mes pairs venus des quatre coins de l'île. Il y a quelques années j'aurais été terrifiée (bon, les piles de ma souris qui viennent de me lâcher en plein milieu de cette phrase, *soupir*) de prendre cette position (pourtant fort simple, je sais...) mais hier tout a coulé de source. Je m'en suis très bien tirée avec beaucoup de simplicité. Je ne m'en serais jamais crue capable. Hier soir j'ai savouré ma fierté. J'ai secrètement offert ce grand sourire intérieur à mon père, où qu'il soit. Je sais qu'il a pu mesurer ce pas pour moi, lui qui n'a jamais hésité à s'avancer pour dire ce qu'il pensait ou pour défendre ce en quoi il croyait. Je sais que sa main était sur mon épaule hier après-midi et moi j'ai été sa digne fille. Dans une semaine ce sera la fin de l'année scolaire, la fin du primaire pour Fredoux. Je sais que ma poitrine sera gonflée de fierté à l'idée de tous les obstacles qu'il a surmontés cette année. Ce sera aussi la préparation de son départ pour aller vivre chez son père. Je sais que c'est un objectif qu'il caresse depuis longtemps et je sais que je ne suis pas vraiment en cause. C'est plutôt le désir de retourner à ses sources, de débuter la grande aventure du secondaire dans le quartier de sa petite enfance, avec ses amis. Je sais aussi qu'il a très envie de retrouver son compagnon canin, Cailloux, venu dans sa vie il y a quelques semaines et qui ne peut habiter confortablement dans un appartement de Montréal. Je sais aussi qu'il a besoin de la présence de son papa (pas nécessairement moins que celle de son chien quand même...) et que c'est une étape importante qu'il s'apprête à vivre. ça ne m'empêche pas de vivre un deuil, une espèce de douleur au fond de la poitrine, un sentiment de tristesse mêlé avec de la fierté. Il me manquera mon Fredoux, dans le quotidien. Sa petite voix qui m'accueillait souvent au retour du boulot : Tu as eu une belle journée maman ? Il faut dire que ça n'a pas toujours été comme ça. Au départ ça été plutôt : Qu'est-ce qu'on mange ? mais nous avons travaillé fort, il a compris que j'avais plus besoin d'un accueil de ma personne avant de reprendre ma fonction de maman, une sorte de transition. Et nos promenades à bicyclette, nos parties de Uno avant le dodo ou dernièrement, nos parties de Scrabble... Il va me manquer, c'est sûr.
Je dois cependant faire une place pour mon fils aîné qui arrive. Je sais que lui n'a pas vécu toutes ces douceurs, loin de là. Il fut pourtant une époque où lui et moi étions de tendres complices mais c'est loin maintenant. Et puis à son âge, je sais que j'entre dans un monde totalement étranger, que le travail que nous aurons à faire est à tout le moins proche du petit miracle. Et ça me fait peur, un peu. ça me fait apprécier doublement ces trois dernières années en compagnie de Fredoux où tout ce que je croyais compliqué était en réalité tout simple....

Et puis l'insomniaque-femme, que lui arrivera-t-il ? Devra-t-on encore la reléguer aux oubliettes ? Ce rêve que j'ai de m'éveiller près de lui, ces matins lumineux ou pluvieux que nous avons envie de vivre et de revivre ensemble, devrai-je le mettre dans un carton de rangement ? Je ne veux pas. Ce serait un manque de respect envers La Vie. Il faudra que nous trouvions le temps et l'espace. Il reste juste à trouver le quand, le où et le comment. Des détails quoi.

Pour l'instant je dois me centrer sur ce qui est. Nous sommes samedi, il pleut mais l'éclaircie est annoncée pour cette après-midi. Je reçois des amis que j'aime énormément ce soir, j'ai des tonnes de ménage et de rangement à faire, des courses et un curry d'agneau à préparer. Ça va sentir bon et je serai pleine de vie, je le suis déjà.

*edit à 9h50*
J'ai finalement mis de la musique qui me donne envie de bouger : The Boo Radleys. C'est exactement ce qu'il fallait :-)
# 95659439   L'insomniaque

( 08:04 )

Sans titre

Parce que je ne sais pas du tout dans quelle direction cette entrée se dirige. Tout ce que je sais c'est que je suis réveillée depuis plus d'une heure, que mon premier café est presqu'achevé et que je bulle devant cet écran, passant d'une page à l'autre, sautant de lien en lien, en tentant de fixer les idées qui tournent dans ma tête.

J'ai encore traversé une semaine chargée; d'actions, d'émotions, de questions, de décisions, de réflexions. Je ne sais pourquoi la vie me bouscule ainsi dernièrement, l'impression d'aller vers quelque chose ou quelque part mais impossible de moduler le rythme et encore moins de savoir où. Et ça, ça m'énerve. Quand tout arrive de partout, quand mon énergie est presque toute consacrée à ne pas trop dériver, quand je sens un courant de fond sans pouvoir l'identifier.

J'essaie de prendre un recul face aux événements et aux émotions qu'ils suscitent mais j'avoue humblement que je n'y arrive pas vraiment. Pourtant à la surface tout va bien, je pense que j'assure correctement. Mais il y a ce vertige, ce cri qui monte : Hé, ho, on s'en va où comme ça ? Est-ce ça l'âge adulte ? Quand la vie nous entraîne dans un tourbillon et qu'on se met à assurer, à fonctionner, à ne plus réfléchir ou à ne plus rêver... ?

On a souvent dit de moi que je rêvais trop. Mais si j'avais besoin de mes rêves pour vivre ? Si c'était aussi essentiel que l'air que j'inspire ? Si de les perdre était l'équivalent de m'éteindre doucement ?

Et si je n'étais pas faite pour être grande ?
# 95658789   L'insomniaque

8.6.03

( 15:20 )

Parfois la vie

Lance de bien drôles de questionnements et nous laisse là, sans un indice, à soupeser, à douter, à réfléchir. Seule. De toute évidence il va falloir que je décide seule. Sans doute parce que ma question ne concerne que moi et que je dois savoir ce que je veux vraiment. C'est une question qui revient régulièrement depuis des années comme un boomerang et elle touche un aspect fondamental de ma vie ; le travail, ou plutôt sa place dans ma vie, l'importance que j'y accorde, ce qu'il représente pour moi.

C'est bête mais c'est comme ça.

Il y a des choses qui me passionnent, d'autres pas. Lorsque quelque chose me passionne je peux y plonger sans limite. Ou presque. Pour le reste, je tolère, je fonctionne ou alors je réussis par la peau des fesses. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est juste que les ressources personnelles que je consacre à ce qui me passionne diminuent les ressources restantes pour les autres domaines. C'est logique. L'histoire de ma vie est une recherche d'équilibre tout en ne perdant pas le sens. Dans toutes les sphères de ma vie. Chaque fois que j'ai versé vers trop de stabilité et pas assez de passion je me suis retrouvée éteinte et j'ai perdu le contact avec mes forces. Et chaque fois que j'ai balancé trop entièrement dans mes passions, je me suis retrouvée dans des positions de faiblesse parce que je n'arrivais plus à gérer le reste. C'est ainsi, je suis une excessive diront certains. Oui mais une excessive responsable (ou insécure, c'est selon) parce que je cherche toujours cet équilibre, cet espace dans lequel je me sens vivante mais dans lequel je ne décroche pas totalement du quotidien insipide mais obligatoire si on veut vivre un tant soi peu dégagée et libre de culpabilité, enfin je crois.

Et c'est cette question qui revient toujours me hanter, me tarauder, m'asticoter, comme le vent qui déstabilise le funambule sur son fil.

Le métier que j'exerce a ses difficultés et ses frustrations mais je l'aime. D'abord parce qu'il me convient bien, je l'exerce en général de façon naturelle, avec instinct même, parce qu'il me permet à la fois de mettre à profit des compétences mais aussi de laisser couler mon intérêt et ma curiosité pour l'humain. Il y a quand même certains instants de fatigue et de désabusement, quelques déceptions et de la colère contre l'injustice et le manque d'humanité et de logique du marché du travail, le manque de clarté des gens, le manque de confiance. Mais il contient son lot de grandes et petites victoires, de moments et de relations privilégiés. Je m'y sens à ma place même si je caresse à l'occasion l'envie et le rêve de faire autre chose. Jusqu'à maintenant cet autre chose est resté plutôt flou ou à tout le moins imprécis. Je m'en suis toujours tirée en me disant plus tard je saurai, quelque chose se présentera... Mais voilà, l'avenir me semble se rapprocher de plus en plus et je m'aperçois que ce plus tard devient de plus en plus maintenant. Et je n'ai pas plus de réponse à mes questions, d'assurances à mes peurs.

J'ai bien une ou deux hypothèses. J'ai parlé dernièrement d'un retour aux études qui me permettrait d'exercer une autre facette de mon métier, plus en profondeur. Il y a aussi tout l'aspect des communications écrites et verbales qui m'attire très fortement. Former et soutenir des gens qui voudraient exercer mon métier ou alors démystifier certains aspects par l'écriture ou la parole. J'ai eu quelques expériences en animation radio il y a bien des années et ça m'est toujours resté. Il y a aussi l'envie de connaître et de vivre ailleurs tout en vivant d'autre chose, c'est à dire de n'importe quel métier de service ou de communication (c'est là dedans que je me sens utile) qu'on voudra bien me laisser exercer pour que je puisse explorer cette autre facette de mes rêves.

Voilà où j'en suis, comme un oiseau sur sa branche qui a envie de déployer ses ailes mais qui tâte le vent et le fond de son âme.

Et cette semaine une question qui revient alors que je la pensais réglée. Non, elle ne l'était pas mais ça aurait été tellement plus facile... Je m'explique un peu : Dans l'organisme où je travaille il y a un poste de coordination qui va s'ouvrir. On en avait déjà parlé il y a quelques semaines mais la question avait été réglée d'elle-même puisque pour des raisons de logistique organisationnelle la personne allait devoir exercer deux postes à demi-temps et le deuxième poste n'était pas de mon champ de compétences actuelles. Question réglée donc. J'en avais été un peu agacée parce que l'aspect coordination m'aurait tout à fait bien convenu, c'est un poste que j'avais déjà exercé deux fois mais pas jusqu'au bout parce que les circonstances en avaient décidé autrement. Cette fois-ci n'était pas encore la bonne occasion, tant pis. Je m'étais consolée en me disant que ma vie actuelle (hors travail) contenait assez de défis à relever comme ça, que je n'avais à m'imposer de nouvelles responsabilités et que de toute manière je ne savais pas si je voulais rester ici ou partir ailleurs, donc c'était pour le mieux.

Mais voilà qu'un retournement de situation inattendu se produit : Non seulement le poste devient ouvert à tous mais il passe d'un demi-temps à un quatre jours, ce qui serait idéal, surtout si je désire libérer du temps pour des études éventuelles... De surcroît, j'ai toutes les compétences et l'expérience pour y poser ma candidature.

Les questions que je me pose sont les suivantes : Est-ce que c'est vraiment ça que je veux ?, Est-ce vraiment là la direction que je désire prendre ?, Ai-je les épaules assez solides en ce moment pour assumer la transition ?, Est-ce que je veux risquer de me casser le nez ?, Est-ce que j'accepte d'entrer en compétition avec une bonne amie qui a décidé depuis le début de poser sa candidature ?, Est-ce que j'ai besoin de ça en ce moment dans ma vie ?...

Que de questions pour un dimanche matin magnifique où j'aurais aimé plutôt me demander ce que j'allais faire d'une si belle journée. Me voilà maintenant à m'interroger sur ce que je vais faire d'une si belle vie...

Je sais que toutes ces réponses doivent être trouvées par moi seule mais j'avoue que j'ai du mal à prendre position. J'aurais sans doute besoin d'une épaule et d'un souffle pour donner corps à mon élan. Pas qu'on me pousse de sur ma branche mais qu'on soutienne mon envol et ma direction juste un peu, un tout petit peu.

Such is life.
# 95432668   L'insomniaque