Insomnies chroniques

J'aime beaucoup cette photo. Il faudrait que je la travaille un peu pour la qualité (ce n'est qu'un scan d'une vieille photo noir et blanc récupérée dans un coffre à souvenir) mais ce matin, juste comme ça, j'avais envie de vous la partager.

Quarante-deux
Aujourd'hui est un jour comme un autre.
Un beau jour, cadeau de la vie, un pas de plus pour l'insomniaque.
Je me suis levée doucement, pris ma douche, préparé mon café et souri.

La pente est parfois abrupte mais jamais trop pour les muscles qu'on a. Il s'agit d'apprendre à suivre son rythme et à faire confiance à qui on est. C'est le travail d'une vie.

Ce matin je fais l'inventaire de toutes les douceurs que la vie m'envoie et je lève les yeux pour regarder bien droit, vers l'avant.

À treize heures douze minutes, heure du Québec, cet après-midi, c'est reparti pour un autre tour. Je m'offre une chanson qui me fait sourire à tout coup et je la partage avec vous:
Lolita de Martha Wainwright. C'est pour moi.

Et merci la vie :-)
(merci à vous d'être là)
PS: Pour la chanson c'est dans Radio.Blog. Vous n'avez qu'à cliquer dessus et à dédier votre sourire à votre insomniaque préférée.

Rien qu'à moi pour y planter ma tente et y semer ma vie. Un lieu pour mes fils et moi, un endroit chaud qui nous accueillera. Une île pour vivre et pour construire des ponts, ceux que j'aurai choisis.

Ce pays est en moi, il ne me reste plus qu'à l'affranchir.

J'ai toute la force de ma colère qui gronde. Et pour une fois cette force travaillera pour moi. Je le veux.

Il n'est jamais trop tard.

Je comprends maintenant que mon impuissance est une illusion. Elle est ma fuite et pour qui me connaît bien elle peut devenir une arme. Mais seulement si je me laisse faire.

Je n'arriverai jamais à comprendre complètement comment j'ai pu me laisser berner à ce point, combien on a profité de mon humanitude, comment j'ai pu tisser moi-même cette toile. Mais ce qui compte c'est que tout est clair soudainement. J'ai en moi toute la force qu'il me faut et personne n'a le droit de m'immobiliser, ni surtout le pouvoir.

Je me suis laissée souffrir par des blessures qui ne m'appartenaient pas.

Bon, j'ai l'air bien brave comme ça mais ce soir ce sont des mots que j'écris. Le vrai courage sera dans l'action. Et honnêtement, je ne sais pas trop comment je m'y prendrai exactement. Je sais seulement que je vois l'horizon que je veux atteindre et je sais aussi que je ne veux plus subir.

Je ne veux plus subir.
Je ne veux plus subir.
Je ne veux plus subir.

Et j'ai le choix.

Celles qu'on dissimule derrière un drap et qui grandissent jusqu'à devenir des monstres. Il est grand temps que je m'attaque à ces ombres. J'aurais dû le faire bien avant, avant qu'elles ne deviennent aussi écrasantes.

Je suis en colère contre une fourmi.

Demain je lève le drap et je la confronte. C'est assez.

C'était quand même une des plus belles journées de l'été à Montréal. J'étais émerveillée juste de voir le bleu parfait du ciel. Le soleil sur ma peau, le vent juste comme il faut, le sourire des gens qui respiraient plus qu'ils ne transpiraient.

Près de l'endroit où je travaille il y a une église avec un double clocher peint tout en vert. Assise dehors à ma pause, mes yeux se perdaient dans cet agencement de couleurs tellement jolies. J'aurais voulu vous les montrer.... une autre fois peut-être.

C'est juste pour dire que la vie est faite de contradictions comme ça. Heureusement.

Ça brûle et ça déchire. J'ai l'impression d'avoir un volcan en plein centre, prêt à entrer en irruption. Mais la croûte est trop épaisse, la lave n'arrive pas à se frayer un chemin. L'explosion n'en sera que plus puissante. D'une minute à l'autre.

C'est ainsi que je me sens ces derniers jours. J'ai découvert ma colère et depuis elle cherche à éclater. Je ne sais pas comment, je ne suis pas certaine contre qui, j'ai peur des dommages colatéraux. Il y a quelques temps, une collègue perspicace avec qui je discutais, m'a pointé cette rage à l'intérieur de moi. Sur le coup je n'ai rien dit mais j'ai senti un petit tremblement à l'intérieur, de ceux qui nous indiquent qu'on a localisé une bombe. Depuis ce temps j'observe ce qui se passe en moi et je ne suis pas du tout rassurée.

L'impuissance me fait pleurer et je suis impuissante face à ma colère. Depuis quelques jours je pleure. Un petit rien me fait déclencher les larmes et tout à coup c'est la cascade, comme si tout était lié et qu'il n'y avait pas de fond. Ce qui m'effraie le plus c'est que cette tristesse sans fond fait peu à peu place à ce brûlement que j'évoquais. Mon premier réflexe est de m'immobiliser pour tenter de la calmer. Mais elle ne fait que grandir. Toute ma vie j'ai pleuré ma colère. Est-ce à 42 ans que je vais la crier ?

Et que me restera-t-il après ? Qui sera encore là ? Où me retrouverai-je ?

J'ai peur.