dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

5.10.02

( 12:31 )

Something else

Je lisais hier soir la dernière entrée de l'Idéaliste. Je n'aime pas trop aborder ce sujet ici mais cette fois-ci ce qu'il exprime me rejoint tellement et résume bien les raisons pour lesquelles je me suis retirée de la CEV et que j'ai évité de m'impliquer dans les discussions controversées du moment sur l'avenir et la direction que celle-ci prendra. Quelques extraits m'ont particulièrement interpellée:

Je me pose donc une question: est-il possible de mêler un personnage intime, se dévoilant au fil des ses pages, et un personnage public qui fait état de ses opinions? Théoriquement on devrait pouvoir séparer les deux, ou du moins, ne pas faire intervenir le public dans le privé et inversement. Or c'est ce qui s'est passé récemment. Plus ou moins maladroitement au départ, avec cette critique publique d'un journal privée... à cause de sa participation publique (ce qui n'était pas précisé, mais me semble de plus en plus évident). Confusion des genres dans laquelle je me suis jeté tête baissée, en commentant en privé une critique publique.

Un peu plus loin:

La frontière que moi je maintenais volontairement assez hermétique, un autre avait décidé de l'abolir. J'aurais du la refermer immédiatement, mais d'autres se sont engouffrés dans la brêche et ont surenchéri. Et moi aussi, sans mesurer vers quelle impasse je me dirigeais.

Et encore un peu plus loin:

J'en arrive donc à la conclusion qu'on ne peut pas avoir ce double rôle. D'autres avant moi en ont fait les frais: MöngôlO, Strophe, sans doute d'autres encore. Et Damélie qui reprend courageusement les rênes de la CEV devra être prudente là dessus.

En réalité c'est un choix très égoïste que de privilégier l'égo au profit de la communauté mais c'est ça que j'ai fait. Toute ma démarche d'écriture de ce journal en est une de contact avec moi-même, d'expression d'un je qui n'avait jamais su déplier ses ailes. De lire cette entrée m'a permis de mettre des mots sur mon malaise devant tous ces événements et mon réflexe de repli. C'était tout simplement l'étirement entre mon individualité encore hésitante et cet instinct communautaire qui m'habite depuis... toujours ?
Je pense qu'il n'y a pas de bon choix à faire, il faut faire celui qui nous convient. J'ai encore trop de territoires à explorer à l'intérieur de moi et ma quête est encore trop fragile pour la mettre de côté et me battre pour la communauté. Je suis une idéaliste c'est vrai, mais pour l'instant je découvre les plaisirs de l'égocentrisme.

Je mérite donc de marcher seule.
# 82560514   L'insomniaque

( 12:04 )

Transition

Mais entre quoi et quoi ? Je n'arrive pas à fixer mes idées. C'est normal, c'est une transition, un changement de saison, mais ça n'en reste pas moins inconfortable.

En ce moment j'ai le goût de tout changer. Un jour ce sont mes cheveux qui m'énervent, je me dis que je vais les faire couper, teindre, adopter une nouvelle tête. Le lendemain je les trouve parfaits. Pour moi. Je me dis que sans mes cheveux longs je perdrais quelque chose. Et puis j'ai beau regarder toutes les têtes autour, il n'y en a aucune qui me fait envie. Je me coiffe un peu autrement: Hier c'était une queue de cheval haute derrière la tête, et ça y est, je suis.... bien ? C'est un exemple un peu superficiel mais il illustre bien mon état général interne.

J'aime mon travail, mes clients, mon bureau. Il demeure quand même un certain vide, comme un manque d'adhésion de ma part. Une mauvaise chimie ? Pourtant je ne me suis jamais sentie autant en possession de mes moyens professionnels (modestement quand même*). Il y a des jours où je me surprends de mon efficacité et de ma pertinence. Je sais, ça fait prétentieux mais ça m'est arrivé très peu souvent dans ma vie d'être sûre de moi à ce point. Alors j'assume et je dis: Je fais bien mon métier et il me va très bien.

Pourtant.... Tous les jours j'ai un moment de questionnement: Qu'est-ce que je fais ici ?. Il est parfois furtif ce moment, d'autres fois il s'attarde... Mais chaque fois il me fait douter. Et si c'était trop facile ? Quoi ? Faut-il absolument que ce soit difficile ? Non mais... Mais quoi ? C'est ce sentiment d'être bloquée sur une note, d'avoir appris à la jouer parfaitement, d'en avoir senti toutes les nuances et d'être là, à attendre la prochaine.

Cette semaine j'ai écrit une carte de souhait pour Frédéric. J'avais envie de lui dire des choses, de lui offrir des mots pour ses 12 ans (ne vous en faites pas, il a aussi reçu un petit cadeau, le pauvre ;-), je lui ai écrit que les adultes aussi grandissaient. Peut-être plus en taille, mais en sagesse et en compréhension. En lui écrivant ces mots j'ai eu un instant de découragement. C'est que parfois c'est essoufflant d'apprendre.

Il m'arrive d'envier (presque) ceux pour qui la vie semble si simple. Pourtant si je suis honnête, je m'emmerderais profondément dans leurs souliers. Est-ce une tare ou une richesse de toujours tout remettre en question ? Vous n'en avez pas assez de tous ces remue-méninges ? Moi si.
# 82559788   L'insomniaque

( 11:43 )

Je suis comme le temps

Grands vents (c'est la faute de Lili), soleil, nuages qui se succèdent. Température mitigée. Ni l'été ni encore l'automne, tout bouge. Entre deux.
# 82559226   L'insomniaque

3.10.02

( 10:13 )

Comment faire rosir de plaisir une femme plongée dans son livre dans le métro à l'heure de pointe un jeudi matin ?

Facile.
Demandez lui si ce jeune garçon est son fils et faites-lui remarquer combien il semble bien éduqué...
Ensuite, laissez ces mots mijoter dans sa tête pendant deux ou trois stations, bousculez-la un peu avec vos cartons soigneusement pliés (mais quelle idée aussi, transporter des cartons dans le métro à l'heure de pointe...?), excusez-vous gentiment, attendez qu'elle se lève pour descendre, souriez-lui et souhaitez-lui une bonne journée.
Voilà, elle rentrera au boulot avec le sourire et se demandera bien où pouvait bien aller cet homme fort sympathique avec des cartons pliés sous le bras par un jeudi matin d'octobre. Si ça se trouve, vous viserez vraiment bien et elle finira par raconter tout ça dans son blogue/journal sur le web, en plein milieu de son avant-midi au boulot. Terrible :-)
# 82466638   L'insomniaque

2.10.02

( 22:18 )

Génétique ?

J'ai parlé avec mon frère ce soir, l'américain. On a pris des nouvelles l'un de l'autre, parlé des enfants et il m'a raconté son passage à Paris au début septembre. Dès que nous avons abordé le sujet sa voix est devenue différente. Plaisir et enthousiasme, voilà ce que j'y entendais. Bien sûr il a adoré et il lui tarde d'y retourner. Il a de la chance car son boulot le demande donc il y fera probablement quelques sauts durant les mois qui viennent. Je l'écoutais me raconter et je ne pouvais que sourire.
# 82446425   L'insomniaque

( 22:05 )

Douze ans

C'est bien peu quand on y pense. C'est l'âge de Fredoux depuis midi vingt et une aujourd'hui. Et moi, il y a douze ans ce soir, j'étais émerveillée et heureuse. Ça n'a pas changé. N'empêche que douze ans, je dois me rendre à l'évidence, c'est la porte de l'adolescence. Il faudra que je sois à la hauteur.
# 82445853   L'insomniaque

( 19:54 )

Elles s'en vont

Les oies. Je sais c'est normal, nous sommes au bord de l'hiver. Mais quand même, trois volées dans l'espace de trois heures. C'est à croire que leur bail prenait fin hier... ?
Elles nous laissent à l'automne et à l'hiver et s'en vont au sud. Je les suivrais bien. Pas tellement pour le sud mais pour le voyage. Et puis, honnêtement, je n'ai pas trop envie d'affronter le froid cette année. La lumière me manque déjà.
# 82440380   L'insomniaque

1.10.02

( 22:40 )

À bien y penser

Je m'aperçois que ce silence ressemble beaucoup à celui que je fais dans ma vie peu à peu. Je ne m'isole pas, je définis mon espace. Je ne rejette personne, je me donne la place. Il me semble que plus j'avance, moins j'ai envie de l'inutile et du superficiel. Et je l'accepte de moins en moins.
Il y a un prix que je ne suis pas prête à payer pour avoir le droit de vivre: Celui du chantage et du conditionnel, celui du contrôle et de la négation.
Je ne sais pas très bien décrire ce passage, il y a certains jours où j'ai craint de m'engager seule dans un cul de sac. Pas ce soir, je sens que ce qui se détache n'appartenait tout simplement pas. On m'a quelquefois gentiment reproché d'être rêveuse et d'idéaliser la vie, je me suis défendue. Ce que je n'avais pas compris c'est que les rêves étaient mon moteur, l'idéal mon essence. En les niant je me coupais de mon pouvoir. Une amie m'a écrit qu'à un moment de sa vie elle n'arrivait qu'à être trop quelque chose. Elle n'essayait pourtant que d'être elle... Je me suis reconnue dans ses mots. À force d'essayer de ne pas déranger, je ne fais qu'erreur par dessus gaffe. Tiens, ça me fait penser à un petit livre d'histoire que Fredoux aimait particulièrement que je lui lise avant de dormir alors qu'il avait 4 ou 5 ans. Ça s'appelait Le désordre et ça racontait l'histoire d'une petite fille qui retrouvait sans cesse ses choses en désordre. Lorsque sa maman la grondait ou lui demandait comment c'était arrivé, elle disait: Mais je ne sais pas, ça n'est pas moi... Et on voyait apparaître un tout petit bonhomme au début, qui grandissait à chaque nouvel incident, et qui était responsable de ce désordre, bien sûr. Plus elle le niait, pires étaient ses mauvais coups, jusqu'au jour où toute la cuisine se retrouva inondée à l'heure du repas et que toute la famille risqua de se noyer. Le petit bonhomme devenu grand avait un air de plus en plus buté et frondeur. Lorsque les parents de la petite fille aperçurent finalement le drôle de bonhomme, plutôt que de le gronder (malgré la situation qui s'aggravait), s'approchèrent et lui firent un bisou. Soudainement le petit bonhomme se mit à rapetisser, de plus en plus à chaque bisou. Mon fils adorait cette histoire et je prenais à chaque fois la peine de lui expliquer, en guise de conclusion, que ce petit bonhomme n'était en réalité que le côté de soi qui se trompe et dérange. Plus on le nie, plus il grandit et nous échappe, mais si on apprend à le reconnaître et à l'aimer, il reprend une taille normale et devient beaucoup plus discret et surtout moins menaçant.
Hum...
Les livres pour enfant contiennent parfois des leçons aussi utiles pour les parents que pour les enfants. Suffit d'y être attentif. C'est sûrement une des raisons pour lesquelles lire des histoires à ses enfants est très important. Bisou à mon petit bonhomme et bonne nuit à tous :-)
# 82396232   L'insomniaque

( 22:17 )

Aigre douceur

Enfin le silence revient. Depuis que je navigue seule, je sens que peu à peu je me réapproprie mes pensées. Est-ce un leurre ? Le fait de savoir que ceux qui me lisent l'ont choisi me donne une liberté que je n'avais pas imaginée. Les yeux qui se posent ici ont demandé à être prévenus de mes mots ou alors, suivent un lien ami. Oh, il y a bien quelques égarés qui ont secoué Google ou un de ses acolytes, mais c'est si rare.
Et pourtant.
Ce silence me fait en même temps tout drôle, comme si les touches de mon clavier s'agitaient dans le vent, comme si mes doigts étaient trop détachés, comme si ma tête ne savait plus quel fil suivre. Bon, ça va passer, c'est juste un petit vertige normal. Je vais m'habituer.
# 82395196   L'insomniaque

30.9.02

( 22:58 )

Ma conscience ?

Je me demande bien comment appeler cette petite voix qui prend plaisir à me contredire et à me culpabiliser chaque fois que j'ai envie de me faire plaisir... Ma conscience ? Pas sûre... En tout cas, si c'est elle, elle n'est vraiment pas sympathique et ne semble pas trouver que je mérite d'être bien. Je ne suis pas certaine d'avoir envie de lui faire trop de place. Sauf qu'elle s'impose, la bougre, et ne demande jamais si elle est la bienvenue. À bien y penser elle me fait grandement penser à quelqu'un que je connais très bien. Dites-moi, c'est possible que les mères se recyclent en conscience parfois ? Nan... Je n'y crois pas.

Enfin, bref, bonne nuit.
# 82345408   L'insomniaque

( 22:47 )

En fin d'après-midi

Je passe à l'épicerie au retour du boulot. C'est la petite épicerie de mon quartier, il n'y a pas beaucoup de monde. Il faut dire que c'est plus ou moins bien tenu et qu'en plus le propriétaire n'est pas du tout sympathique. Mais quand on n'a pas envie de faire un détour c'est mieux qu'un dépanneur et ça fait tout à fait l'affaire pour des petites courses. Bon, toujours est-il que je pousse mon chariot vers les caisses lorsque je suis interpellée par un homme en compagnie de son petit garçon, Jérémie qui doit avoir environ trois ans. ils ont l'air tous les deux bien embêtés, plantés devant le rayon des produits en vrac dans lequel on trouve noix, arachides, bonbons et autres délicatesses du genre. Pardon madame, je suis semi-voyant et je cherche des arachides enrobées de yaourt pour Jérémie. Il a un contenant dans les mains et le contenu est rond et blanc mais il semble bien que ce soient des bonbons à la menthe plutôt que des arachides au yaourt. Je comprends bien ce qu'il veut, je me penche aussitôt à la recherche des dites arachides qu'on trouve normalement dans toutes les bonnes épiceries... Je lis les inscriptions sur tous les pots qui peuvent sembler, même vaguement, contenir la collation préférée de Jérémie mais sans trouver. Je réussis quand même à dégoter des amandes enrobées de yaourt et je les propose au papa qui me dit tout simplement: Ah... C'est dur ça, non ? Je lui explique donc qu'en effet, les amandes sont des noix et qu'elles sont habituellement plus dures que les raisins. Je pousse le zèle jusqu' à aller vérifier dans une autre section, celle des produits naturels, au cas où les raisins au yaourt y seraient placées mais rien. C'est alors que l'homme explique gentiment à Jérémie que malheureusement ils ne vont pas trouver de raisins au yaourt ici. Il me dit de laisser tomber et s'éloigne.
Je reprends donc mon chariot et continue de me diriger vers les caisses. Alors que je dépose les articles sur le tapis roulant je sens une petite amertume remonter dans ma gorge. Oh, vraiment pas grand chose, juste l'impression qu'on a oublié de me dire merci. Mais voyons, qu'est-ce qui me prend ? Le pauvre monsieur était semi-voyant, c'est normal que je l'aie aidé. Et puis, qui sait s'il ne m'a pas prise pour une employée de l'épicerie ? Et alors, même une employée aussi pleine de sollicitude aurait pu mériter un petit merci il me semble...
Qu'est-ce qui me prend ? Serais-je semi-serviable ?

Peut-être bien, mais je sais que même si rendre service me vient facilement pour quiconque en a besoin autour de moi, je n'aime pas du tout être prise pour acquise.
Et puis, entre vous et moi, je n'aime pas trop non plus les raisins au yaourt.

Voilà.
# 82344953   L'insomniaque