dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

20.7.02

( 14:35 )

Artistique-Conventionnelle-Sociale

Oh c'est juste mon profil selon la typologie de Holland qui ne vous dit sans doute pas grand chose. En fait ce que ça signifie c'est que je suis d'abord une artiste (besoin de m'exprimer) mais que j'ai un côté qui a besoin d'encadrement et de planification (besoin de méthode) avec un fort besoin de contacts humains (besoin d'échanger). Ça donne une fille avec la tête pleine d'idées et de rêves qui n'ose pas trop les dire parce qu'elle ne sait pas bien comment elle va y arriver et qui se contente finalement de sourire tout le temps en souhaitant être aimée et utile à la fois.

C'est moi.
# 79193741   L'insomniaque

( 12:28 )

Et puis vous savez quoi ?

J'ai marché dans cette rue :-)
Oui, oui.
# 79190545   L'insomniaque

( 12:26 )

Un samedi matin

J'ai envie de vous ouvrir une petite fenêtre sur mon bureau.

Là où mon regard se pose

Voilà.
# 79190501   L'insomniaque

19.7.02

( 11:16 )

Quand plus rien ne fait du sens

Quand j'ai l'impression d'avancer sans boussole. Quand je n'ai plus de carte pour interpréter ce que je vois. Comme maintenant.
Je m'accroche de mon mieux et je tente de ne pas perdre contact avec l'essentiel, avec le centre.
En lisant ces lignes on pourrait croire que ça va très mal pour moi. Ça n'est pas le cas. Il y a même de très belles choses qui arrivent. Et d'autres plus difficiles. C'est la vraie vie finalement, juste en plus concentré.
Ce qu'il y a de bien c'est que je ne peux pas me perdre en réflexions. Je dois réagir spontanément, de mon mieux.
Et ça fait surgir l'essentiel ça.
C'est clair, je ne suis pas seule.
# 79151697   L'insomniaque

16.7.02

( 20:31 )

Parfois le monde est beau

18:20hrs. J'attends le bus pour rentrer chez moi (encore). Je prends ma place dans la ligne moyennement courte parmi les gens aux visages fermés ou fatigués. Je dois être pareille, j'ai bien hâte d'arriver à la maison, j'ai faim et j'ai un peu mal aux pieds parce que je me suis offerte une balade sur la rue Saint-Denis en cette fin d'après-midi ensoleillée. Une femme qui doit avoir la trentaine se place derrière moi, elle semble examiner et manipuler un sac en platique vide mais je ne lui porte pas trop attention, j'ai juste envie que le bus arrive pour m'asseoir. Une autre fille, blonde, jolie, environ 25 ans, prend place derrière la femme au sac. Elle doit avoir l'air plus accessible que moi puisque cette dernière, un peu hésitante, dans un français approximatif, lui demande, en pointant une adresse inscrite sur le fameux sac en plastique, quelle direction elle doit prendre pour aller à cette adresse. Visiblement c'est une épicerie dont l'adresse est imprimée sur le plastique, c'est du moins ce que la fille blonde, très patiemment, finit par arracher à la dame. Celle-ci explique qu'elle ne connaît pas du tout Montréal, qu'elle vient d'arriver et qu'elle veut se rendre à cette épicerie parce qu'elle connaît vaguement la gérante qui pourrait sans doute lui donner du travail. La blonde la rassure en lui indiquant qu'elle pourra demander au chauffeur à quel arrêt descendre exactement, qu'il n'y a aucun problème et qu'elle attend le bon bus dans la bonne direction. Je trouve décidément cette fille bien sympathique de s'attarder ainsi pour aider cette femme et je culpabilise légèrement de ne pas avoir eu l'air plus disponible et ouverte quand elle est arrivée.. Mais bon, elle a pu obtenir les indications, ça n'est pas si grave... C'est alors que la blonde se met à poser des questions à la dame pour savoir ce qu'elle veut faire comme travail à cette épicerie. Elle lui demande si elle veut faire caissière en pianotant dans l'air avec les doigts pour lui faire bien comprendre. La dame sourit et dit que oui, elle veut être caissière. La blonde lui suggère alors de venir à l'épicerie où elle-même travaille comme caissière, en prenant soin de lui expliquer où ça se trouve, de lui écrire l'adresse, le numéro de téléphone et le nom de la responsable en lui recommandant de l'appeler Madame (en fait, elle saisit très bien que la dame ne connaît pas encore tous les usages locaux). La dame sourit maintenant bien grand devant la gentillesse de cette jeune femme et la remercie chaleureusement.
C'est alors que je me rends compte que moi aussi je souris bien grand. Il y a vraiment des gens qui sont beaux parfois. peut-être même souvent, si on sait regarder et écouter.
# 79041461   L'insomniaque

( 07:00 )

Des mots et des idées

Ce matin il y en a des tonnes qui se bousculent dans mon coeur et dans ma tête. Mais je n'ai pas le temps d'écrire, pas comme je voudrais...
J'en viens à me demander si inconsciemment je ne provoquerais pas ces blocages du soir, ces marées de fatigues, et ces inspirations du matin impossibles à suivre, de peur de laisser couler mes mots.
Et si je disais vraiment ce qu'il y a au fond de moi ces temps-ci ? Et si ?
Oui j'ai peur.
Et ça n'est pas la première fois.

Tant pis ?
# 79013648   L'insomniaque

14.7.02

( 14:28 )

D'où je viens

En réalité il faut bien préciser la question.
Je viens d'un moment de plaisir et de complicité partagé par mes parents, sans doute un soir de novembre. J'aime imaginer qu'il y avait eu quelques verres de bon vin juste avant, de la musique (probablement du jazz), une conversation tendre, quelques rêves prononcés. Mais je n'en sais rien vraiment. Je me souviens juste qu'un jour mon père m'a avoué avec un sourire, se rappeler exactement du moment de ma conception. Ça m'avait fait chaud au coeur. Je me souviens aussi que ma mère l'avait légèrement disputé à cette occasion en lui reprochant de dire des bêtises... Pour moi ça n'en était pas mais je n'ai pas osé questionner plus. Après tout, c'était leur intimité et elle n'avait sans doute pas envie de la partager, c'était son droit. Et puis, j'imagine aussi qu'elle n'était pas à l'aise dans cette situation, elle n'avait pas grandi dans un milieu ni une époque très ouverts. N'empêche que quand je repense à cette confidence de mon père, il y a quelques années, je regrette parfois de ne pas avoir demandé qu'il me raconte. C'est trop tard maintenant.
Mais je sais qu'il s'en rappelait, c'est déjà ça :-)
Moi aussi je me rappelle de la conception de mes fils. je ne sais pas si un jour je saurai leur raconter. On verra bien.

J'ai grandi dans un petit village au nord de Montréal qui s'est plus tard appelé une banlieue mais à l'époque c'était la campagne. Mes parents avaient choisi de faire construire leur modeste bungalow dans un lieu qui servait de villégiature, au bord de la Rivière des Milles Îles. Je me rappelle que mes parents m'ont souvent raconté l'histoire de leurs premières années dans la nouvelle maison. Ils travaillaient tous les deux à Montréal et voyageaient soir et matin. Ils devaient laisser leur voiture en haut de la côte et sortir leurs bottes de cahoutchouc pour descendre jusqu'à la maison en traversant les champs pleins de bouse de vache. Le soir, ils relaxaient en écoutant le chant des grenouilles et la rivière. Je pense que ce furent de belles années. Mes parents s'étaient mariés en 1953 et moi, leur aînée, je ne suis venue qu'en 1961, c'est donc dire qu'ils ont pris le temps de vivre et de se connaître, de construire leur nid. Mon père, paraît-il, désirait quatre ou cinq enfants. Normal, quand on sait qu'il avait grandi comme enfant unique, dans les années'30, ce qui était assez rare. Il avait donc envie de remplir sa maison de rires et de petites voix. Moi aussi, j'aurais bien aimé. Ma mère, elle, avait grandi seule durant les onze premières années de sa vie et avait vécu difficilement l'arrivée d'une petite soeur. Il y avait eu un petit frère entre temps mais il n'avait pas survécu plus de quelques jours, je ne sais pas exactement pourquoi. Il paraît donc que la négociation n'avait pas été facile pour ouvrir la porte aux enfants et pour s'entendre sur leur nombre. On était alors au début des années soixante, la contraception n'était pas encore tout à fait au point mais elle était accessible et envisageable, c'était déjà bien. Bon, la rumeur dit que ma mère ne voulait qu'un enfant et que ce devait être un garçon. Ce fut moi mais comme je ne correspondais pas, de toute évidence, à la commande de départ, trois ans, trois mois, trois jours et trente trois minutes plus tard, il y eut mon frère et ce fut tout. Nous représentions alors la famille type des années'60: Un père et une mère, un garçon et une fille, un bungalow, deux voitures et bien sûr un chien: Queenie, un beagle qui a grandi avec mon frère et moi et qui s'est éteinte vers l'âge de treize ans. Elle fut par la suite remplacée par deux ou trois successeurs mais aucun dont le souvenir est aussi vif. Nous vivions donc, presque paisiblement, dans notre petit village et nous découvrions le monde, de façon graduelle. D'abord les USA. La Côte est, je devrais dire. Tous les étés nous partions en famille pour des endroits tels qu'Hampton Beach(New Hampshire) ou Wildwood(New Jersey). La mer, le sable et le soleil furent pour moi un terrain de jeu régulier chaque été. Le reste de l'année ce furent la cour d'école, la cour d'église et le bord de la rivière. Nous avions aussi un grand terrain et il fut vite équipé d'une piscine, puis d'une autre et d'une suivante. L'eau fut toujours très près de moi, sous une forme ou sous une autre. Les amis aussi. D'abord ma première meilleure amie, Dany (elle s'appelait Danielle), qui habitait à deux maisons de chez moi. Ensemble nous passions des après-midis immenses à jouer et à s'inventer, à découvrir la vie aussi. Et puis il y avait les autres: Lucie, son frère Alain (mon premier amoureux), la petite Loulou qui zozotait en parlant et qui nous faisait bien rigoler (qui est devenue la grande Loulou quelques années plus tard), Gagars, un handicapé qui avait bien plus de 15 ans de plus que nous tous mais qui jouait avec nous tous les jours sans que personne d'entre nous ne s'étonne de sa présence, ne la craigne ou ne la refuse, il faisait partie de nous. Bien des années plus tard j'ai su qu'il s'appelait Sylvain et qu'il avait été institutionnalisé parce que ses parents se faisaient trop vieux pour assurer ses soins mais pour nous il était simplement Gagars et s'insérait dans tous nos jeux et toutes nos expéditions. Il y eut aussi d'autres passants: Les petits: Line, Chantal, son petit frère Michel. Les grands: Pierre (frère de Dany), François et Yvan, Robert (notre voisin). Ceux venus de Montréal: Shirley et sa grande soeur Patricia, qui semblaient en savoir tellement plus que nous sur la vie, qui appelaient un lavabo un cygne et qui ne se balançaient jamais mais préféraient se balancigner... Ceux qui parlaient mal: Serge (que tout le monde appelait Chocolat et son frère Robert, que nos parents nous avaient interdit de fréquenter de peur que nous apprenions de mauvais mots.... Il y avait aussi tous ceux des autres rues qui s'aventuraient parfois jusque chez nous et qui devinrent plus présents au fil des années suivantes tout en demeurant étrangers... C'est bête comme le monde de l'enfance ressemble au monde adulte, en plus petit, mais avec les mêmes barrières.
C'est là que je suis née et que ma vie a pris forme. C'était un milieu assez simple mais tout de même privilégié et on a toujours pris soin de me faire comprendre que j'étais née pour autre chose, que le voisinage ne correspondait pas à ce qui m'était promis dans la vie. J'ai toujours eu du mal à comprendre ce qui me distinguait d'eux et plus tard toujours eu un peu de mal à trouver où j'appartenais... Mais ça c'est une autre histoire.
Je pense que tout ça correspond à ma première origine. Bien sûr je ne raconte pas tout, ça n'est pas le but, mais lorsque je pense à mon enfance ce sont ces images qui remontent d'abord, ce sont ces gens, ces expériences et mes questionnements de l'époque. Il y a de ça en moi aujourd'hui, je le sens profondément.

Première couche de vernis.
# 78940988   L'insomniaque