Insomnies chroniquesDans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent...toujours... |
|
archives :
24.5.03 ( 13:10 ) Chez-moi![]() Je sais, ça fait partie de la vie, on doit s'y attendre, ça finit toujours par arriver. Je ne sais pas pourquoi ça me rend triste, ce n'est qu'une maison et même pas si jolie que ça. Mais c'est là que sont mes origines. Dernièrement j'ai l'impression de perdre des bouts de moi, d'opérer une sorte de mue. C'est une bonne chose mais ça fait peur et ça rend fragile. Je ne sais pas si j'ai encore la force de devenir plus fragile. L'avenir nous le dira.
# 94832337 L'insomniaque
23.5.03 ( 23:13 ) Drôles de questions![]() Je sais ça doit paraître bête comme questions mais depuis que je suis toute petite ce type d'interrogations remonte régulièrement à la surface. Je me souviens m'être souvent arrêtée sur les couleurs. Le rouge que je vois et que je nomme "rouge" est-il le même "rouge" que l'autre voit et nomme ? Se pourrait-il qu'il voie complètement autre chose ? Et lorsque j'aime, qu'est-ce que je ressens au juste ? Pourquoi est-ce que j'aime mes enfants, mes parents, mes amis et mon amour si différemment ? Qu'ont ces sentiments en commun ? Tu as une place dans ma vie ? Nos existence sont interreliées ? Je viens de toi ? Tu viens de moi ? Tu me fais du bien ? Nous avons besoin l'un de l'autre ? J'ai plaisir à intéragir avec toi ? Et quelle est la place de ce qu'on appelle amour dans la vie ? dans ma vie... À quoi sert une relation amoureuse dans le fil de cette vie ? Est-ce un accompagnement ? Une sécurité ? Un garde-fou ? Un but ? Pourquoi à 20 ans dit-on Un jour je serai avec Lui, à 30 ans Voici celui avec qui je marche, mange, dort et paye le loyer et à 40 ans J'aimerais trouver celui qui me complète, ma moitié d'orange à moi... ? Et à 50 ans, que dit-on ? Je sais c'est très subjectif comme questionnement, c'est même très personnel. J'aurais juste envie, certains soirs comme aujourd'hui, d'avoir plus de certitudes et moins de flottements. Je voudrais savoir quelle importance j'ai le droit ou le devoir d'accorder à ce qui monte de l'intérieur et ce que je dois faire de toute cette pression qui vient du dehors. Est-ce que je dois laisser mes ailes se déployer ou les garder sagement pliées contre mon corps en cas de besoin ? J'aimerais que le jour où mon souffle s'échappera, que ce soit tôt ou tard, avoir le sentiment d'avoir vécu pleinement et de ne rien regretter, ou si peu. C'est humain, non ? Y-a-t-il vraiment quelque part une(ou des) réponse(s) à ces questions ? Sinon, existe-t-il au moins un remède à toutes ces ruminations du cerveau ? Parfois il m'arrive de rêver d'être un caillou rond et lisse au fond d'un ruisseau, de ne jamais penser mais simplement être. Drôle de vie, vraiment.
# 94813169 L'insomniaque
21.5.03 ( 22:04 ) Et puis vous avez peut-être remarqué
Les petits changements qui se passent ici. Oh pas bien grand chose, on fait juste rafraîchir et mettre en ordre comme on se doit au printemps. C'est bien suffisant pour me donner une envie renouvellée d'écrire. Vous avez vu les nouvelles archives ? Elles sont plus faciles à consulter et de plus, si jamais on a envie de relire un mois au complet, on n'a qu'à cliquer sur le nom du mois et on est automatiquement dirigé vers la première entrée du dit-mois. Chouette non ?
Il y a aussi ce joli séparateur mauve (!) qui permet de distinguer les jours et le texte qui prend mieux son espace. Que du bonheur. Pour moi en tout cas et j'espère que vous aimerez aussi :-)
# 94714912 L'insomniaque
( 21:47 ) Un mal qui fait du bien...![]() J'ai donc entrepris de faire une petite balade avec Fredoux, les soirs de semaine, après le souper. J'utilise aussi ma bicyclette pour faire de petites courses à travers le quartier quand je le peux. Et je projette quelques jolies promenades au bord de l'eau pour les prochains week-ends. Partir avec mon appareil photo, une bouteille d'eau, mon discman et un livre, sentir le soleil et le vent, regarder le ciel et les gens. Respirer. Une seule ombre au tableau, cette maudite cigarette qui fait encore partie de ma vie. Réussirai-je une bonne fois pour toute à rompre ce faux-esclavage ? Je crois bien que oui, je ne sais juste pas quand. N'empêche que ce serait une très bonne idée juste avant cette excursion.... Bref, ce soir j'ai mal aux cuisses, un mal qui fait du bien parce qu'il me permet de sentir mon corps d'une nouvelle façon et j'aime ça. Voilà.
# 94714234 L'insomniaque
19.5.03 ( 20:23 ) Bonne idée Vani :-)
L'aquarelle que j'ai reçue en 2000 lorsque j'ai quitté la boîte où j'ai travaillé pendant 9 ans et demi. Celui qui l'a peinte (suivre le lien de l'aquarelle) avait été mon client quelques années plus tôt et avait décidé d'en faire cadeau à la boîte en reconnaissance des services reçus. Lorsque je suis partie on a décidé qu'elle devait me suivre. Présentement elle est dans ma chambre, l'encadrement est un peu endommagé et le passe partout a besoin d'être rafraîchi mais je garde cette oeuvre précieusement, elle a beaucoup de sens pour moi. Merci à Vani de m'avoir suggéré de vous la montrer.
![]() Les ficelles de la vie, aquarelle par monsieur Jean-Guy Carier
# 94606475 L'insomniaque
( 11:24 ) Mine de rien![]() Il y a quelques jours, au détour d'une conversation, j'évoquais cette journée-là, le 19 mai 2000, qui s'était déroulée comme un film sans paroles, juste une musique d'ambiance, du piano. Le genre de journée où dans un petit 24 heures toute une vie bifurque et entraîne dans son sillon d'autres vies, c'est la loi ici-bas, tout est relié et on ne peut espérer que nos pensées, décisions ou actions, ne concernent que nous, pour le meilleur et pour le pire. C'était un beau jour de printemps, comme aujourd'hui. Ce matin-là j'avais une boule au ventre parce que c'était mon dernier jour dans cette boîte où j'avais passé 9 ans et demi. Je n'arrivais pas vraiment à me détendre parce que je savais qu'il y aurait de l'émotion et que moi, devant les grandes émotions, je paralyse. Je suis comme ça depuis toujours. Un peu d'émotion me stimule, beaucoup me fige, comme si je n'arrivais pas à tout absorber correctement. Ce jour-là, je l'anticipais comme ça. C'était pourtant un départ joyeux puisqu'il me permettait de poursuivre ma route professionnelle vers un lieu qui me permettrait de grandir et d'évoluer mais je savais que je devais d'abord traverser ce jour et bien le traverser. Tout fut finalement parfait, l'équipe avec laquelle je travaillais depuis toutes ces années m'avait invitée pour un repas d'au revoir dans un resto très chouette, décoré tout en mauve (je suis certaine que c'était voulu) et entre le rire et les larmes nous avions évoqué tous ces moments que nous avions franchis ensemble, il y eut aussi quelques flashes pour capturer ces instants et surtout, ce collègue avec qui j'avais travaillé, ri pleuré, mangé, bu et partagé pendant près de cinq ans, celui de qui je m'étais sentie si près que ça avait rendu plein d'horreurs supportables, ce collègue, disais-je, qui avec son sourire toujours aussi mutin, même si ses yeux contenaient une petite larme, m'avait présenté, au nom de l'équipe, cette aquarelle chargée de sens et de beauté, offerte à la boîte quelques années plus tôt par un client heureux, cette aquarelle que j'avais regardée si souvent en me rappelant ce qu'on nous avait dit en nous l'offrant : Elle représentait une femme, de dos, qui tenait la ficelle d'un cerf-volant bien haut dans un ciel d'orage. L'orangé de son pull contrastant avec les gris du ciel, la détermination de sa poigne sur la ficelle du cerf-volant. Toutes ces émotions m'étaient revenues dans cet instant précis, émotions de satisfaction du travail bien accompli et reconnu, c'était inestimable. J'étais repartie, émue, avec cette aquarelle précieuse dans ma voiture. Je me souviens que j'avais regardé le ciel sur le chemin du retour et que je m'étais dit que j'avais pris la bonne décision, peu importe où elle me mènerait... En arrivant chez-moi, mon cadeau précieux sous le bras, j'avais été accueillie avec froideur, indifférence même. Qu'est-ce qu'on en avait à foutre de mes joies et de mes peines ? Et puis il y avait le repas du soir à prévoir, la pelouse à tondre, les fleurs à arroser. Soudainement j'avais compris, douloureusement compris. Oh, il y avait plusieurs années que ma réflexion durait mais à cet instant précis, sans même une larme, la froide réalité m'avait complètement entourée. Je ne pouvais plus rester là, c'était une comédie et un mensonge qui avaient beaucoup trop duré. J'y avais souvent pensé avant mais chaque fois je me disais : Mais pour aller où ? Pour faire quoi ? Je ne pourrais jamais m'en sortir seule, je n'avais pas la trempe pour le faire. Les autres oui mais pas moi, j'étais si... et si peu..... Ce jour-là, rien de tout ça n'était intervenu, juste un calme inébranlable, une résolution dépourvue de toute peur et de tout doute. Lentement j'avais fait mes bagages. Enfin, si on peut appeler ça bagages que de remplir quelques sacs verts de ses vêtements. Pendant ce temps il me surveillait pour s'assurer que je ne prenne rien de lui. Je n'en voulais pas mais je trouvais ça ironique venant de celui qui m'avait tout arraché au fil des années. J'avais tout mis dans ma voiture, sans parler, sans crier, sans même pleurer. J'avais pris chacun de mes fils, doucement, pour leur parler calmement. J'avais expliqué que je quittais leur père mais pas eux, jamais eux. Je leur avais proposé de m'accompagner s'ils le désiraient mais qu'importait leur choix, je les aimerais, les respecterais et ne disparaîtrais jamais de leur vie. Le grand avait décidé de rester près de son père et le petit était venu avec moi. Nous avions pris ses affaires et étions partis alors que le jour tombait. J'avais conduit sans trop savoir où j'allais mais la seule destination que je pus atteindre ce jour-là fut la maison de mes parents qui m'accueillirent sans trop de questions mais sans trop comprendre non plus. Ce ne fut que le début d'un long chemin de jugement et d'incompréhension. Peu importait, j'avais déplié mes ailes, si le ciel était orageux ça n'avait pas d'importance. Aujourd'hui trois années se sont écoulées. Il y a eu des moments de honte et de peine intenses mais jamais de regrets. Le boulot que j'avais commencé tout de suite après s'est tranformé en un autre, puis un autre. J'ai trouvé un appartement de rêve, ai pu l'habiter deux ans, l'ai perdu puis j'en ai trouvé un autre, plus sage. J'ai traversé deux fois l'Atlantique et découvert un petit bout de ce pays plein de contradictions magnifiques qu'est la France. J'ai retrouvé celle qui s'était blottie au fond de ma douleur, l'ai soignée, l'ai aidée à reprendre goût à la vie. Je me suis offerte une bicyclette et je suis montée dessus. J'ai attendu le retour d'un oiseau qui avait broyé mon coeur, ai compris que ça n'arriverait pas et que c'était bien ainsi. Ai ouvert à nouveau ma fenêtre, ai retrouvé l'amour avec beaucoup moins de mots et beaucoup plus de profondeur et de sincérité. J'ai laissé partir mon père sans oser lui dire au revoir, j'ai regardé la maison de mon enfance se vider peu à peu. J'ai vécu des moments de bonheur simple et des nuits plus noires que les ténébres. J'ai pensé parfois ne jamais passer au travers, jusqu'à maintenant ce fut faux. J'ai continué à écrire ici. Toujours la plus vraie possible, souvent un peu trop voilée, qu'importe, certains d'entre vous sont restés. N'empêche que c'est la première fois que j'ose raconter ça ici, aussi clairement du moins. Je crois que le voile de la honte et de l'échec commence à se soulever. Après trois ans, ce n'est pas trop tôt, vraiment pas trop tôt. Bon vent l'insomniaque, tu le mérites bien.
# 94584264 L'insomniaque
|