Insomnies chroniques

Je suis un peu pipelette ce soir, n'est-ce pas ?

Ben si, ça arrive.

Je voulais parler de cette collègue qui ne semble pas m'apprécier pour je ne sais quelle raison. Chaque fois que j'ouvre la bouche devant elle, elle me fait sentir insignifiante. Mais j'y pense, elle ne peut rien me faire sentir à moins que je n'y consente. Et puis c'est vendredi, on ne parle plus du boulot.
Sauf peut-être pour ajouter que j'ai appris aujourd'hui qu'on allait m'espionner sur mon ordinateur au bureau. Mon patron a installé un petit logiciel qui permet de voir de son propre poste sur quoi les gens naviguent. Il nous a bien prévenus que pendant les heures de boulot il ne tolérerait que du surf relié au travail. C'est normal peut-être... mais je ne peux m'empêcher de me demander s'il installera également une caméra dans mon bureau pour être certain que si je feuillette le journal ce soit dans les offres d'emploi et les nouvelles économiques. S'il fallait qu'il sache que parfois le matin, en buvant mon café, je lis mon horoscope. Et puis tant qu'à y être, un système d'enregistrement des appels téléphoniques au cas où je décidais de vérifier ma boîte vocale personnelle, ou pire encore, fixer rendez-vous à une amie pendant mes heures de travail...
Y'a pas à dire, Big Brother, il exagère vraiment.

Ça sonne tout le temps à la porte. J'en aurais marre à leur place mais je n'y suis pas...

Tant mieux :-)

En ce moment j'ai une envie très forte de posséder une caméra numérique afin de déposer des images ici et partout. Je sais, c'est quelque chose dont je peux très bien me passer et que je ne peux absolument pas me permettre. Je ne suis pas malheureuse. Mais j'en ai très envie de cet appareil. J'ai surtout envie du plaisir de ce que je pourrai apprendre à en faire. Il y a mon voyage qui arrive et ça serait tellement chouette de pouvoir en partager des instants. Si je trouvais une lampe, là, maintenant, et qu'en la frottant un génie en sortait, me proposant de m'accorder trois souhaits sur le champ, je demanderais:

La paix dans le monde
La santé jusqu'à 120 ans
Une caméra numérique.

Il rigolerait peut-être un peu mais dès que j'aurais ma caméra en main je le prendrais en photo, juste pour vous le montrer :-)

Me dorloter, me chouchouter, me faire plaisir et me faire belle. Voilà ce dont j'ai envie ces temps-ci. Comme si cette nouvelle énergie me permettait de faire connaissance avec une partie presqu'inconnue de moi-même. C'est difficile à expliquer à qui ne vit pas dans ma peau. Hier soir je discutais avec ma grande soeur adoptive (c'est chouette d'avoir une grande soeur adoptive :-) et je lui expliquais certains sentiments que j'éprouve à l'intérieur depuis quelques temps. J'ai parfois l'impression que je prends conscience de certaines réalités dont j'aurais dû me rendre compte à 20 ans... En réalité, c'est faux de dire une telle chose puisque la vie est un chemin rempli de découvertes et qu'il n'y a pas deux vies qui se ressemblent. C'est clair, une partie de moi s'est toujours sentie invisible et inutile mais ça n'est plus le cas. C'est mon cadeau de la quarantaine. Si j'avais su tout ça à 20 ans, l'aurais-je autant apprécié ? Et n'ai-je pas développé autre chose pendant ce temps ? Bien sûr.
Je suis fascinée par l'être humain, par ce qui le distingue et par ce qui le réunit. Toute ma vie jusqu'à maintenant, je me suis émerveillée devant les autres. Je considère que c'est un don que j'ai, un privilège surtout. Et s'il n'avait pas existé cet espace en moi, je n'aurais sans doute pas pu en prendre conscience. Un jour j'écrirai peut-être un livre, et ce livre traitera certainement de la beauté du monde, celle qu'on a tant de mal à voir à travers ce monde froid et insécure. Il y aura aussi d'autres choses dans ce livre, mais l'humain y sera, dans toute sa beauté et son humanitude. je dis ça comme ça pour expliquer que ce manque de moi n'a pas été une absence creuse. Ce fut (et ça demeure) un voyage magnifique. Maintenant il est temps que je m'inclue, il est temps que je prenne conscience de ma propre beauté, il est temps que je me donne à moi-même.
Et vous savez quoi ?
Je ne pense pas du tout que ça diminuera mon ouverture aux autres. Au contraire.

C'est une bien drôle de déclaration que je fais là par ce beau vendredi soir. Je sais. Mais ça monte tellement fort, c'est comme si j'avais trouvé une porte dans mon coeur, avec mon nom dessus. Une porte un peu poussiéreuse, avec des pentures légèrement grinçantes, une porte qui était là depuis toujours mais que je n'osais ouvrir. Un jour on m'a donné la vie et je viens de réaliser que c'était pour moi aussi, pas juste pour donner mais pour recevoir, pour demander même... C'est dire.

Je ne sais trop expliquer exactement ce qui a déclenché ce mouvement. Sans doute est-ce toute une combinaison d'événements. Mais je sais une chose:
Le jour où je suis née le monde ne s'est pas assombri, au contraire, il a fait juste un peu plus beau. Et cette fois-ci c'est moi qui le dis, avec le sourire :-)

Jeu de mots tout à fait approprié pour ce jeudi. J'ai envie de m'amuser ce soir. On dirait que ces derniers temps je reprends peu à peu contact avec une joie de vivre et une confiance en la vie. Je commence à me sentir vivante à nouveau et c'est maintenant que je mesure l'impact que 2002 aura eu sur moi. Je pourrais dire que je m'en suis prise plein la gueule et pourtant... J'ai le plaisir de découvrir que je suis intacte et même grandie. Je n'ai aucune idée de ce que la vie me réserve pour les prochaines semaines, les prochains mois, les prochaines années mais je sais que je vais vivre à plein, que je vais profiter de chaque minute et que je vais tout regarder en face.

Voilà :-)