dernière lune
 

Insomnies chroniques

Dans le silence de la nuit les idées de l'insomniaque s'agitent... toujours...

sauter 

Pourquoi?

Et avant?

15.2.03

( 14:48 )

Mysteries

spiraleGod knows how I adore life
When the wind turns on the shore lies another day
I cannot ask for more
And when the timebell blows my heart
And I have scored a better day
Well nobody made this war of mine

And the moments that I enjoy
A place of love and mystery
I'll be there anytime

Oh mysteries of love where war is no more
I'll be there anytime

And when the timebell blows my heart
And I have scored a better day
Well nobody made this war of mine

And the moments that I enjoy
A place of love and mystery
I'll be there anytime

Mysteries of love where war is no more
I'll be there anytime

Beth Gibbons & Rustin Man
Out of season


Rarement une chanson n'a réussi à exprimer ce que je ressentais dans un instant précis avec les exactes nuances pour lesquelles je n'aurais su trouver les mots justes. C'est ainsi.
Il y a des mystères qu'il est vain de tenter d'expliquer.
# 89153976   L'insomniaque

14.2.03

( 22:25 )

Vidée

Autant il m'arrive de me sentir remplie, autant ce soir je me sens vide. Pas triste, pas heureuse, seulement vide. Je ne pense pas que ça ait quoi que ce soit à voir avec la Saint-Valentin mais je sais que mon pouvoir d'absorbtion des ondes négatives autour de moi peut y être pour quelque chose. Alors pour avoir vu quelques visages longs autour de moi ces derniers jours, pour avoir senti le manque d'énergie de quelques personnes de mon entourage, je pense qu'une partie de mon sentiment peut s'expliquer ainsi. Ce qui m'embête justement c'est ce côté éponge que j'ai. J'ai beau savoir d'avance comment je suis, je n'arrive pas à l'éviter.
Je passe en revue ma semaine et tout ce que j'en conclus c'est que j'ai bien travaillé, vécu et réfléchi. Je n'ai pas été triste ni découragée, j'ai abattu plein de boulot de façon très honnête, j'ai fait face à la plupart de mes obligations et j'ai même eu quelques idées très intéressantes. Alors, pourrais-je éviter ce sentiment de creux qui n'a aucune raison d'être ? Quoi ? De la simple fatigue ? Moi ? Bon d'accord. Repos donc.

Ah, juste avant, je voulais dire qu'ils me manquaient à moi aussi dernièrement. Je suis donc allée les repêcher dans un tiroir quelque part. Pour l'instant ils n'ont pas de fonction particulière mais j'ai quelques idées derrière la tête. En attendant j'en dépose quelques uns, juste pour le plaisir.

="souris"lunesoleil
# 89125916   L'insomniaque

12.2.03

( 21:34 )

Vivre ailleurs

En mettant l'accent sur le mot vivre. C'est à ça que l'immigration revient selon moi et on a trop souvent tendance à l'oublier.

J'ai le plaisir de cotoyer chaque jour, dans ma vie privée autant que ma vie professionnelle, des gens qui ont tenté l'aventure. Je les ai écoutés, chacun leur tour, me raconter des bouts de leur histoire et j'en conclus une seule chose : On immigre comme on vit. C'est tout. La vie est une succession de changements auxquels on peut (ou pas) s'adapter. On a tous notre propre façon de le faire.

De mon point de vue il y a trois sortes d'immigration avec chacune ses circonstances particulières:

Il y a d'abord l'immigration pour fuir le danger. On appelle ces immigrants les réfugiés. Ils n'ont pas choisi d'immigrer. C'était ça ou mourir. La plupart ont vécu un certain enfer avant de venir. Ils n'ont pas non plus choisi leur destination. Quand ils arrivent dans leur pays d'accueil ils vivent d'abord l'incrédulité de pouvoir sortir et se déplacer en sécurité. Ils doivent ensuite faire le deuil de leur pays, de leur famille, de leur amis et de leur vie telle qu'ils l'ont bâtie avant. Ce n'est que plusieurs mois plus tard qu'ils peuvent commencer à comprendre et à apprendre leur nouveau pays. Ce sont souvent des gens brisés et blessés mais ils ont tant à nous apprendre quand on veut bien s'arrêter quelques heures pour les écouter. Ils expriment rarement leurs opinions sur le pays d'accueil et sa façon de vivre mais quand on les cotoie on perçoit souvent une amertume et une incompréhension. Normal quand on a tout perdu et qu'on n'a pas choisi de partir.

Le deuxième type d'immigration je la nommerais l'immigration du tout pour le tout. Ce sont habituellement des gens très éduqués avec des diplômes à n'en plus savoir que faire. C'est justement le problème qu'ils ont connu dans leur pays d'origine: Bardés de diplômes mais nulle façon de les faire valoir puisque souvent leur pays natal était défavorisé économiquement et instable politiquement. Théoriquement ils sont partis volontairement, sans menace physique directe (quoique ce ne soit pas le cas de tous). Ils ont plein de rêves en tête, bien souvent pour leurs enfants et ont tout quitté dans l'espoir d'une vie meilleure. Ils arrivent avec trois handicaps majeurs à mon avis : Une idée déformée de la réalité culturelle et économique du pays d'accueil (idée bien souvent entretenue par les délégations du pays d'accueil afin de leur donner l'envie de venir). Un mode de vie très différent de celui du pays d'accueil qui rend la compréhension mutuelle et donc l'intégration, encore plus difficile. Finalement, une vulnérabilité économique renforcée par la difficulté à trouver rapidement un emploi faute d'être acculturés au marché du travail du pays d'accueil rendant le transfert de leurs compétences encore plus ardu. Leur atout majeur est leur grande motivation et leur courage devant l'adversité qui ne suffisent pas toujours mais qui leur permettent souvent de s'accrocher becs et ongles jusqu'à ce qu'ils trouvent leur place, un jour. Ce qui les caractérise la plupart du temps est leur quasi-impossibilité de retourner en arrière puisqu'ils ont tout laissé. Ils ont joué le tout pour le tout. Ils sont habituellement plutôt discrets concernant leurs opinions sur la manière de vivre des citoyens du pays d'accueil. Ils disent ouvertement qu'ils ont le devoir de s'adapter et de s'intégrer mais entre vous et moi, cette opinion n'est-elle pas conditionnée par la pression qu'ils subissent pour réussir... ?

Le troisième et dernier type que j'identifie est l'immigration pour voir. Ce sont en général des gens éduqués et curieux qui ont envie de connaître autre chose et ailleurs. Ce qui les caractérise généralement c'est cette possibilité justement de retourner dans leur pays d'origine, cette fenêtre qu'ils gardent toujours ouverte et le fait que leur pays natal est habituellement un pays économiquement et socialement stable(autant que faire se peut...). Ils vivent en général leur immigration comme une expérience et se montrent plus volontiers critiques envers leur pays d'accueil. Il faut comprendre qu'ils peuvent plus facilement exprimer leurs questionnements puisqu'ils ne sont pas obligés de s'établir pour la vie. Ils ne font que passer et tant mieux si ça fonctionne, ils resteront plus longtemps. Cette catégorie d'immigration est aussi celle qui a le moins fort taux de rétention. Et pour cause.

Ces trois façons d'immigrer ne décrivent pas les individus et leurs différences mais s'attardent surtout sur les circonstances qui amènent une personne à se déraciner. C'est pourtant à mon avis ce qui influence le plus significativement la réussite où non de cette expérience. Et à bien y penser, peut-on vraiment parler de réussite ou d'échec ? Pour le pays d'accueil on parle de taux de rétention des immigrants (je parle bien sûr des pays qui comptent sur l'immigration afin de contrer la faiblesse de leur taux de natalité, comme le Québec) mais pour l'individu qui effectue le grand départ, ne s'agirait-il pas en réalité que d'une transition de vie parmi tant d'autres qui sera négociée de son mieux avec les outils qu'il possède ? Dans ces conditions même un retour vers son pays natal ne serait pas un échec mais bien un autre choix. Et le séjour ailleurs, un moment de vie important faisant partie de l'enchaînement de tous les moments pour former le chemin d'une vie. Rien de plus.

Et puis, franchement, on aura beau immigrer à qui mieux, il y aura toujours des cons à Tombouctou comme à Bangkok ou à Chibougamau. On ne peut fuir l'humanitude, c'est la triste vérité.
# 89008347   L'insomniaque

10.2.03

( 23:01 )

Aujourd'hui j'ai:

Bien travaillé.
Appelé à la banque pour commander des chèques (je déteste appeler à la banque)
Demandé de l'aide à ma mère (difficile)
Pris l'autobus du retour sans grimacer.
Fait des courses raisonnables et utiles.
Préparé le souper.
Fait la vaisselle.
Cuit des muffins.
Dit à Fredoux combien c'était important pour moi qu'il travaille bien. Ne l'ai pas laissé me manipuler (Yé !)
Remercié ma mère de son aide.
Lu un bout du Seigneur des Anneaux avec Fredoux avant qu'il aille dormir. Lui ai montré que je ne lui gardais pas rancune mais que je tenais mon bout.
Lu des entrées très touchantes.
Ne me suis pas laissé gâcher mon plaisir par toutes ces querelles dans notre trop petit monde des diaristes et des blogueurs.
Écrit des courriels importants pour moi.
Et j'en passe.

Je vais me coucher.
# 88891718   L'insomniaque

( 22:52 )

Be proud :-)

Quand on me dit ça, ça me fait toujours sourire. Mais j'avoue que ça m'a pris du temps à bien comprendre ce que ça signifiait. À l'intérieur, je veux dire, parce que les mots sont assez simples à saisir. La fierté est un état délicat qui consiste, pendant un court moment, à éprouver de la satisfaction envers soi. Quand on est petit on s'évertue à nous enseigner que ce n'est pas bien. Mais c'est faux. Chaque fois que je franchis une limite intérieure, que j'abats une barrière ou que je détruis un mythe personnel dévalorisant, je m'arrête un instant et je souris. Je sais que j'ai fait une bonne et belle chose. Dans cet instant je suis heureuse.

Oh, je ne m'assieds pas sur mes lauriers, il me reste tant de choses à faire. Mais juste un moment, je me permets cette fierté qu'avant j'aurais confondu avec orgueuil.
Ça ressemble à un pas de plus. Tout un pas :-)
# 88891261   L'insomniaque

( 22:42 )

À fleur de peau

Voilà comment je me sens aujourd'hui. Sensible à la vie et aux mots. Beaucoup d'émotions, autant de réflexions. Il y a des jours où j'ai l'impression d'être une corde tendue sur le violon de la vie. C'est comme ça.
# 88890772   L'insomniaque

9.2.03

( 10:36 )

Dans un autre ordre d'idées

Ouf parce qu'on peut pas toujours parler aussi sérieusement :-)

Il y a un mois en ce moment j'étais à Paris. Montparnasse plus précisément. Je m'étais réveillée Ailleurs, bien sûr. Pas trop vite. Pas envie de partir. Restée longtemps sous la douche. Il faisait beau et froid ce matin-là. Je me rappelle la lumière. J'avais bouclé mes valises (en prenant bien soin d'oublier un ou deux trucs) et nous avions pris la voiture jusqu'à la Gare. Je regardais tout, comme pour fixer les images et les atmosphères en moi. Ma dernière action: Poster des lettres pendant qu'il garait la voiture. Puis marcher rapidement, traverser ce drôle de carrefour, entrer dans la gare, trouver le bon quai, descendre puis monter avec tous ces bagages. Juste le temps de poser le pied sur le quai, marcher encore plus vite jusqu'au fond. Monter dans le train. Trouver un endroit où poser l'énorme valise. Localiser nos places. Regarder par la fenêtre encore une fois cet endroit. Faire au revoir de la main. Juste au revoir. Écouter ce commercial régler ses affaires importantes via son portable. Me dire que les français sont ni pires, ni mieux que les autres, seulement plus proches. Écrire quelques cartes, mâcher du chewing gum en prévision des tunnels(parce que vous ne savez peut-être pas mais ça blogue grave les oreilles passer dans des tunnels en TGV, pire que l'avion, j'vous jure...). Lui sourire. Me demander comment ce sera à Paris. Avoir hâte et peur en même temps. Visiter les minuscules toilettes avant d'arriver. Sentir la ville qui s'approche, les gens qui bougent, qui rassemblent leurs affaires. Entrer en gare, descendre du train. Marcher. Monter, descendre des escaliers, chercher la sortie, la trouver. Revoir ce manège sur l'Esplanade, me rappeler ce jour de mon arrivée. Entre le sourire et la nostalgie. Marcher devant comme une vraie parisienne, guider ce français qui tire une énorme valise mal balancée qui voudrait bien tomber sur le côté(la valise, pas le français...). Sourire nerveux mais fier. Finalement trouver l'endroit du rendez-vous. S'asseoir un peu puis la voir. Fin de l'intimité, début de la journée-découverte. Sourires et tout s'enfile.
C'était il y a tout juste un mois aujourd'hui. Mais ça m'habite encore autant, presque physiquement. Tant mieux.
# 88800639   L'insomniaque

( 09:15 )

Il fait silence

De ces silences blancs et cotonneux quand la neige tombe doucement, qu'on n'ira nulle part et que personne ne viendra. Pas un silence triste, non, pas du tout. Plutôt un silence rempli de réflexions et de calme. Un silence apprécié. C'est un vrai dimanche, jour de recueillement et de contact avec soi.

Pas de musique, elle est dans ma tête. En ce moment j'entends Beth Gibbons, Tom the model , pour être plus précise. Ça joue en boucle au fond de ma tête depuis une petite heure quand je me suis réveillée. J'ai fait du vrai café et j'ai surfé un peu. Pas trop, je n'ai pas envie de bruit.

Ce matin je pense à l'état d'être humain, à toutes ces chimères qu'on poursuit, à toutes ces inutilités que l'on se crée, à ce bruit justement, qui nous éloigne de l'essentiel. Mais qu'est-ce au fait cet essentiel ? On en parle beaucoup mais on le définit peu. De peur de tomber sur du vide sans doute. Alors on recouvre, on fuit, on invente.

Ce que je suis est simple, l'a toujours été. Je crois que je l'ai toujours senti au fond. Mais on m'a appris à m'en éloigner, puis j'ai continué de moi-même. Ce qu'on m'avait appris à ignorer avec tant d'insistance devait être bien dangereux. Si on avait refusé de m'y accompagner il était donc impensable que je puisse m'en approcher seule. Donc, en avant.

Sauf que le vrai vide est toujours devant. Tant qu'on refuse de reculer de quelques pas et de s'arrêter, on avance vers une sorte de précipice, celui de la vie parfaite à la surface mais totalement vide en dessous ; la vie-coquille quoi. Je l'ai poursuivie cette vie, je sais de quoi je parle. C'est celle où l'on peut contrôler son corps et sa pensée, c'est celle où un enfant représente l'amour et une maison le bonheur, c'est celle où demain sera toujours mieux si je gagne plus d'argent et que je porte plus de titres. C'est cette vie où je ne dérange personne, où mes dettes sont payées et que je planifie mon prochain REER ainsi que ma retraite à la campagne. C'est cet état d'esprit dans lequel on ne demande jamais pourquoi ? mais toujours combien ?... C'est là où le bonheur est continuellement montré à la télé ou expliqué sur l'écran de son PC, c'est la vie mode d'emploi quand tout recèle des instructions précises et que ce qui n'en possède pas n'existe pas.

Il y a le noir et le blanc, le riche et le pauvre, le bon ou le mauvais. Tout est à l'extérieur, rien n'est en soi, ou si peu. On peut avoir de la volonté, faire preuve de courage, de combativité, d'égoïsme sain et je ne sais quoi encore. On doit parler plus fort que l'autre, peu importe ce qu'on dit, c'est l'assurance qui compte. On doit aussi bien sûr posséder plus que lui, la vraie preuve de la supériorité. On peut écorcher n'importe qui sur son chemin, l'important c'est d'arriver. Où ? On ne le sait pas trop bien, mais on se fixe des destinations artificielles qui nous semblent tellement importantes: Dix kilos de moins, une maison payée, une promotion, un voyage... Sans jamais se demander ce que ça signifie et où ça va nous mener devant l'essentiel.

Il y a des guerres partout. On est impuissant. Alors on espère juste que ça ne se passe pas trop près. Quelqu'un m'a dit cette semaine qu'elle craignait la guerre avec l'Irak parce qu'elle habite à 30 minutes en voiture des frontières américaines et que les gaz voyagent vite. Rien que pour ça ? Oh non, dit-elle, à cause des problèmes économiques qui risquent de venir avec, bien sûr... Zut. La guerre ok mais seulement à la télé Monsieur Bush. Ne rien déranger.

Et puis il y a d'autres petites guerres qu'on mène sans y penser. Des batailles qui laissent des séquelles peu importantes mais quels en sont les enjeux ? C'est la question que je lui ai posée, la tête sur l'oreiller, entre deux moments de douceur. Qui va gagner de la CEV ou de ses détracteurs ? Là-dessus on peut spéculer. Mais quel est l'enjeu ? Et surtout où se situe-t-il par rapport à ce qui est important dans la démarche des diaristes et autres blogueurs ? Il n'a pas su répondre, même pas tenté une hypothèse. C'est dire... Mais pendant ce temps les touches claquent et on ne se pose pas de vraies questions. Ce que je sais c'est que j'ai de moins en moins envie de lire les diaristes et les blogueurs de la CEV parce qu'ils ne parlent plus de l'essentiel. Enfin, c'est mon sentiment. Peut-être n'ai-je pas senti leur essentiel ?

Comme je suis prétentieuse d'écrire ainsi le fond de ma pensée en pensant qu'il va intéresser quelqu'un ou qu'il va ajouter quelque chose au débat. Mais j'en ai besoin et ici c'est chez-moi. Possiblement que dans quelques heures, jours ou semaines, je me relirai et je comprendrai le truc qui m'échappe. Peut-être. C'est là l'utilité et le sens de l'écriture pour moi.

Pour le moment c'est toujours dimanche matin, il fait silence autour de moi et j'ai eu envie d'écouter ce qui se passait à l'intérieur en tentant d'en tirer quelque chose. Curieusement Beth Gibbons a cédé la place à Jeff Buckley; Lilac wine.
# 88798359   L'insomniaque