Ce soir je doute de tout et de rien... Je doute de tout ce que je sais, que j'ai cru savoir un jour, de ce dont je m'étais laissée convaincre.
C'est douloureux de ne plus être sûre de rien, de ne plus savoir s'accrocher à ses pauvres certitudes...
Mais il paraît aussi que le doute précède les plus grandes découvertes. Nous verrons bien... En attendant je dois vivre dans cet état d'inconfort.
Qui est l'insomniaque? Qu'est-elle venue faire ici? Sert-elle vraiment à quelque chose?
Voilà une partie de mes questions. Le pire c'est que personne ne peut y répondre. Je doute même d'avoir quelque chose à dire ici.
Alors pourquoi tu as écrit alors? Je n'en sais rien. Dans cet état d'esprit, aussi bien aller au lit. Le soleil va sûrement se lever demain matin. Qu'en pensez vous?...
À très bientôt,
L'insomniaque:)
NdT : Cette lettre vient en lieu et place de celle intitulée Mystères publiée par erreur.
Depuis que le monde est monde on se bat. Pour une frontière, pour une langue, pour des convictions religieuses, pour le pouvoir... Il parait que c'est humain. Sans doute... Dans ce que l'on a de plus petit...
Quand deux adultes décident de mettre fin à une relation, peu importent les raisons, c'est toujours pour terminer une guerre qui a duré trop longtemps. Mais certains sont incapables de laisser aller et se rabattent sur les plus petits détails, ils cherchent à ne pas perdre, à ne pas s'attribuer un échec. Il parait aussi que c'est humain...
Mais là où je décroche c'est quand, pour ne pas perdre la face ou pour ne pas faire face à la douleur, on est prêt à toutes les bassesses. On est même prêt à faire mal à ce qu'on a de plus précieux, nos enfants...
Ils nous sont confiés un jour, cargaisons précieuses et fragiles et nous sommes responsables de les accompagner avec ce que nous avons de mieux, afin qu'ils atteignent leur autonomie et qu'ils puissent à leur tour prendre leur chemin.
Et lorsque pour ne pas perdre, nous les utilisons comme alliés à leur propre insu, nous manquons à notre devoir et à notre responsabilité d'adulte et d'humain.
Il faut voir la douleur et la confusion dans leur regard, il faut voir s'écrouler tout ce que l'amour a patiemment construit, mais lorsqu'on est dans ce mode défensif, on ne voit plus rien. Et même les gens autour de nous qui voient ne peuvent nous arrêter dans ce triste tourbillon:(
On dit que c'est humain, que c'est un signe de souffrance, mais pour moi ça dépasse les limites de l'acceptable. J'ai quitté mon conjoint parce que la relation était toxique et que nous n'arrivions pas à créer un foyer épanouissant après plus de 15 ans... Même si je n'ai pas à me justifier(ici ou ailleurs) j'ai envie de rajouter que je n'ai pas baissé les bras à la première tempête.
J'ai tout essayé mais un jour je me suis rendue à l'évidence que les efforts et la patience déployés n'avaient pour effet que d'empirer les choses et de nous détruire un peu plus chaque jour. Je suis partie.
C'est une histoire banale mais aussi extraordinaire car elle parle de se choisir, enfin. Mais sinon, c'est une histoire malheureuse qui se vit à tous les jours par des humains partout sur la planète.
Et là, parce que j'ai choisi de partir plutôt que de faire semblant, j'ai brisé le système, j'ai cassé le rêve d'un homme. Et cet homme n'a pas d'autre arme que de se rabattre sur notre fils aîné, qui, à 13 ans, cherche sa direction comme une girouette aux quatre vents.
Je suis une personne très patiente mais ce soir je me rends compte que je l'ai été trop. Pour ne pas avoir voulu faire de vagues, j'ai laissé un cyclone se former. Et là j'ai vu la douleur et la confusion dans les yeux de mon fils. Il n'y a pas de pire souffrance pour une mère.
Demain je prends action. La douce insomniaque se transformera en mère lionne rugissante. Il était temps.
À très bientôt,
L'insomniaque qui n'a pas envie de sourire ce soir.
Oui, c'est désormais ainsi que je pourrai nommer cet endroit à Montréal dont on m'a remis les clés hier:)
Ça fait tout drôle d'y penser. L'insomniaque a une adresse maintenant. Et pas n'importe laquelle... Cet appartement est vraiment un cadeau de la vie, la référence d'un ami qui m'a permis de trouver un lieu empreint de lumière et d'aventure.
Hum... Vous vous demandez bien pourquoi je dis ça:) Disons que ce n'est pas un appartement banal du tout. C'est un loft super éclairé situé dans un des plus chouettes coins de Montréal. De plus, l'entrée se trouve dans une ruelle (oui, oui:) et l'aspect extérieur a un peu l'aspect d'un bunker ou Fred et moi seront en sécurité et très confortables:)
Tout près il y a la rue Laurier où on peut trouver plein de trésors et un grand parc que nous pourrons explorer à notre guise:) De plus, l'école est toute proche et je pourrai moi-même marcher jusqu'au travail:) Super non?
Bien sûr c'est un arrangement temporaire puisque les proprios des lieux comptent reprendre possession des lieux dans un an, mais en attendant ça nous permettra à Fred et à moi d'atterrir à Montréal, de trouver nos repères et d'être sur place pour pouvoir se chercher un endroit pour vivre l'an prochain.
En tout cas ça nous convient très bien et hier nous sommes allés découvrir les lieux, planifier l'aménagement (il faudra que je fasse un petit coin à mon Fredoux avec des étagères et des paravents afin qu'il ait sa chambre rien qu'à lui). C'était un plaisir de voir ses yeux tout grands et d'entendre ses commentaires et ses suggestions enthousiastes:)
Il a vérifié que nous avions bien l'eau courante;) et s'est assuré que la chasse d'eau fonctionnait dans la salle de bain. Puis, il s'est exercé à verrouiller et à déverrouiller les portes, a répéré quels interrupteurs commandaient quelles fixtures et a exploré la profondeur des armoires et des garde-robes.
Ensuite, nous sommes allés nous promener un peu et nous avons acheté trois petites plantes que nous sommes revenus déposer «chez nous» afin que l'appartement soit habité en attendant notre emménagement officiel qui devrait avoir lieu d'ici deux semaines.
Voilà nos aventures d'hier après-midi. Ah si, j'oubliais, nous sommes aussi montés au sommet du Mont-Royal pour aller admirer notre nouvelle ville:)
Décidément j'ai des choses à exprimer ces temps-ci. Je rentre à l'instant d'aller boire mon café dehors parmi les oiseaux et les arbres tout en écrivant dans mon petit cahier noir. Parce que dernièrement, il y a tellement d'idées qui passent sans ma tête que j'ai dû commencer à tenir un journal papier. En fait, ce n'est pas un «journal» à proprement parler mais plutôt un recueil de tout ce qui me trotte...
Puis, je rentre ici et j'ai soudainement envie d'écrire à nouveau. Peut-être que j'ai besoin de rattraper les semaines de silence qui ont suivi mon départ en mai dernier, ou que je réagis à l'angoisse ressentie lorsque je pense à ma nouvelle vie dans laquelle j'aurai un accès beaucoup plus restreint à l'ordinateur et à Internet.
Mais je pense surtout que c'est nécessaire à cause de tout ce fourmillement que je ressens dernièrement dans mes pensées. Écrire me permet d'organiser et de regrouper mes idées.
Toute à l'heure je partirai avec Frédéric chercher les clés du logement et lui faire visiter son nouveau quartier. Je sens qu'il a des appréhensions (tout à fait compréhensibles) et ça me fait un peu mal de lui faire traverser tout cela. Mais je crois aussi sincèrement que c'est une étape non seulement importante mais aussi essentielle et que la peur et le doute ne doivent pas nous paralyser.
J'éprouve par contre une certaine difficulté à le rassurer parce que je suis moi même un peu morte de peur. Il me semble que je le cache bien;) mais les enfants ont cette sensibilité qui fait qu'ils ressentent nos émotions bien avant d'entendre nos mots... C'est pourquoi je redouble d'efforts pour faire de la lumière à l'intérieur de moi. De là, sans doute, une partie du fourmillement de mots et d'idées, de ce besoin d'écrire très fort.
Ce que je constate en ce moment c'est que toutes les sphères de ma vie sont intenses et que je dois garder l'équilibre maintenant plus que jamais. J'y travaille très très fort:)
Côté boulot, je découvre de nouveaux aspects à mon travail tous les jours et je dois m'adapter constamment. C'est aussi très stimulant mais cependant parfois déstabilisant. Comme ce client arrivé depuis peu de la Guinée Conacry qui m'a raconté son cheminement vers le Québec qui passait par la persécution et la torture. De plus, en fuyant il a dû laisser derrière lui ses 4 enfants et il en est sans nouvelles depuis 6 mois...
Bien sûr nous lisons ce genre d'histoire tous les jours (ou presque) dans les journaux et nous sommes bien au courant qu'il existe de telles situations. Mais de l'entendre par la personne qui l'a traversé, directement en regardant ses yeux et son visage, c'est tout autre chose.
Et je dois aider cet homme à se trouver un emploi...
Bien sûr on peut l'appuyer dans sa réintégration socio-économique mais qu'en est-il de toutes ses blessures intérieures? Et pendant que je vous écris ces mots la terre continue de tourner...
Enfin, c'est complexe la vie, et l'humain n'est qu'humain.
Très beau samedi à vous tous, je vous raconterai ma petite visite à Montréal avec Frédéric:)
Je reviens tout juste de cette soirée dont je vous avais parlé hier en l'honneur du 14 juillet, fête nationale des Français:) Ouf... Quelle soirée j'ai passée, de quoi rendre une insomniaque encore plus insomniaque:)
D'abord l'endroit: Un resto(on annonçait des orages alors tant pis pour le pique-nique) presqu'aussi original qu'impossible à décrire...
Enfin je peux essayer. Ça s'appelle le Spirit's Lounge, c'est situé sur la rue Ontario est à Montréal, bien sûr:) C'est un resto végétarien et biologique et je dirais même encore plus que ça: conscient et responsable. La bouffe y est délicieuse, vraiment rien à voir avec certains aliments dépourvus de saveur qu'on nous propose parfois dans ce genre de resto. Il n'y a qu'un seul menu et on doit finir son assiette sinon on écope d'une amende de 2 dollars en plus de ne pas avoir droit au dessert (pour éviter le gaspillage).
Heureusement, on peut spécifier si on veut de petites, moyennes ou grosses portions lorsque l'on commande parce que j'avoue que j'ai un peu de mal avec la notion de finir son assiette absolument. Enfin, ça me rappelle peut-être trop certaines règles de mon enfance qui nous apprenaient ni plus ni moins à ne pas respecter notre appétit et à devenir insensible à certains signaux de notre corps. Mais bon, pour le principe du non-gaspillage des ressources et en ayant le choix de l'importance des portions, je crois bien que ça peut aller.
Mais ce qui est le plus frappant à cet endroit c'est principalement le décor... Imaginez l'endroit le plus kitch qui soit et vous n'y êtes même pas encore... Les murs sont recouverts de papier d'aluminium (oui, oui:) et les meubles... Imaginez les restes des restes d'une vente de garage chez un couple âgé qui casse maison**...
Et les propriétaires des lieux sont aussi à découvrir... Très sympathiques et surtout pas banals... Alors vous imaginez un peu l'ambiance. L'endroit idéal pour réunir un groupe aussi hétéroclite que l'endroit lui-même... Il se créera forcément des liens, pour peu qu'on démontre un peu d'ouverture, il va sans dire.
Enfin, j'ai découvert des gens intéressants et une chaleur humaine surtout empreinte de simplicité:) Et là je rentre, un peu survoltée de tout ça et j'avais vraiment envie de partager ça avec vous. Une très belle soirée, somme toute, et surtout, à répéter souvent:)
Bon, maintenant je vais essayer d'aller un peu dormir... J'ai bien dit essayer;)
À très bientôt,
L'insomniaque:)
(**)casser maison (locution québécoise) : vendre une maison dans laquelle on a passé une majeure partie de sa vie.
Dans sa tête et dans son coeur d'abord, puis, organiser tout ça...
Pas évident... Mais j'en suis là.
Je prends possession de mon logement à Montréal ce week-end:) L'insomniaque aura ses clés... Et ses factures;)
Ça me fait tout drôle cette étape, un peu comme si je me lançais dans le vide sans parachute. Pourtant, c'est une étape très importante. C'est l'installation de Ma nouvelle vie. De quoi ai-je si peur?
D'abord c'est la première fois depuis que je suis partie de chez mes parents à 18 ans, que je vais habiter seule dans un logement. Enfin, seule avec Frédéric... Et Yan-François à l'occasion... Mais seule adulte à bord...
Ensuite, je réalise que malgré la vie qui avance et qui me fait grandir, il y a toujours cette petite fille apeurée au fond de moi qui pense profondément qu'elle ne peut réussir seule. J'ai beau la faire taire, lui expliquer, l'ignorer ou la bercer, elle est très persistante...
Je sais d'oû elle vient cette petite fille mais ça ne m'aide pas du tout à la rassurer.
Et je n'ai nullement envie de l'écouter, je sais que d'habiter seule sera la plus belle chose qui puisse m'arriver. Bien sûr, ce sera difficile, il faudra que j'apprivoise ma solitude, mais je veux y arriver, je sais qu'il faut que je passe par là.
Dans un ordre d'idée totalement différent, j'ai reçu une invitation fort sympa pour demain soir;)
Un ami à moi, d'origine française, organise une petite fête pour célébrer le 14 juillet, il a invité plein d'amis, des français surtout mais aussi des québécois. Ça va être la première fois que je célèbre cette fête, ça promet d'être plutôt joyeux:) En fait, ça devrait être un pique nique dans un parc mais là avec les prévisions mouillées de la météo... On verra bien...
De toute manière, pique-nique ou pas, ce sera une super occasion de rencontrer plein de nouvelles personnes. Souhaitons juste qu'avec ma timidité légendaire (oui, oui;) je réussisse quand même à me sentir à l'aise parmi tous ces gens(que je ne connais pas encore du tout...) Une autre peur que l'insomniaque affrontera courageusement:)
Et samedi, j'irai chercher les clés de mon appartement avec Frédéric:)
Je vous en reparlerai :)))) En attendant, bonne célébration à tous les amis français:)
