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En marge; Clichés instants de mes états d'esprit* * Vous n'avez qu'à glisser doucement la souris sur les icones pour les découvrir. |
Sage-femme, je me demande parfois si ce terme pourrait désigner le métier que je fais, par extension de sens, bien sûr. Je m'explique un peu: L'immigration a toutes les caractéristiques d'une deuxième naissance.La sage-femme a pour rôle d'accompagner la naissance en intervenant le moins possible, en demeurant à l'écoute de ce qui se passe et en posant des gestes respectueux uniquement en cas de nécessité absolue. Mais quel privilège elle a d'assister à ce miracle, à ce début d'un monde. Et chaque naissance est tellement différente parce qu'elle est la cérémonie d'entrée d'êtres tellement différents. Il y a un peu plus d'une année je vous livrais ma réflexion concernant la naissance propre à chacun et ses similitudes avec qui on est et la vie qu'on vivra à partir de ce moment. Et ces différences ne sont pas négociables, personne ne peut contrôler la différence des êtres et des circonstances, on ne peut que soutenir de son mieux. Comme la naissance, l'immigration peut s'initier dans des conditions plus ou moins volontaires, plus ou moins facilitantes. Et peu importe le départ, l'arrivée ne peut jamais être prévue, du moins pas avec précision, trop de facteurs variables, intrinsèques et extrinsèques. Dans les deux cas le respect des intervenants est essentiel pour laisser l'être devenir ce qu'il doit et ce qu'il peut. Voilà le germe de ma réflexion à ce sujet. Ça paraît peut-être un tantinet gonflé pour quiconque n'a jamais vécu l'aventure de l'immigration et a oublié celle de la naissance. Mais pour moi l'évidence s'impose de plus en plus. Je fais un bien beau métier qui me procure infiniment plus qu'un salaire. En relisant ces lignes je me rends compte du privilège d'exercer un boulot qui a un sens pour soi. On dit souvent que ce sont les créateurs, les médecins ou les prêtres qui ont l'exclusivité de cet avantage. Mais au fond, chacun y a droit, on est juste des morceaux différents du casse-tête et on contribue à donner un sens au portrait global. Il faut d'abord découvrir où l'on s'insère et cette opération est tellement souvent usurpée par les besoins du marché du travail versus les tests d'orientation et de personnalité... En réalité notre place doit surgir du dedans je pense. Une petite voix qui crie faiblement à travers les bruits de tout ce qui nous entoure. Il s'agit d'apprendre à y porter attention, de savoir l'entendre. Oufff...je ne pensais pas produire une réflexion aussi profonde ce matin. Mais bon, elle a surgi et je l'ai saisie. C'est aussi la raison d'être de tenir un journal, online ou offline...La différence c'est qu'ici je peux vous la partager. Plus légèrement, c'est samedi matin et je suis seule au bunker. J'ai engagé une pile de cd dans mon lecteur (le vrai, pas celui de l'ordi) et je jouis de ce calme soudain. J'ai parlé un peu vite, le téléphone vient de retentir; mon fils aîné qui trouve la vie difficile avec son papa.... Et moi qui suis tellement impuissante. Je sais que mon rôle n'est pas de prendre position mais plutôt d'entendre et de tenter de bien guider, avec amour surtout. Difficile pour moi de prendre le recul nécessaire, de faire la différence entre mes sentiments et mon vécu avec cet homme et mon rôle de maman-oiseau responsable. Je crois que j'y arrive quand même plutôt bien mais quelle violence je dois me faire à l'intérieur. Jeff Buckley qui chante sa difficulté de vivre et d'aimer en ce moment. C'est un dernier message que mon bel oiseau m'avait laissé il y a une année...déjà. Je commence à peine à saisir la portée de cette cérémonie d'adieux et le sens que notre croisement aura eu dans l'ordre de nos existences. Peu à peu la douleur fait place à la douceur et je réalise tout ce que cette rencontre m'a laissé, m'a permis de découvrir. Assez pour tenir une vie, mais dieu que c'est difficile d'accepter cette fin. Mais c'est également très réconfortant d'arriver à pouvoir l'exprimer sans amertume. Enfin, le début de la guérison. Claude Lelouch disait dans La Belle Histoire: Il y a des vies pour aimer et des vies pour apprendre à aimer. et aussi: Plus les histoires sont belles, moins les gens y croient. Je pense que c'est maintenant de plus en plus clair où nous nous sommes situés dans la première citation. Et pour la deuxième, c'est un deuil à compléter. Tant qu'on peut soi-même continuer d'y croire sans altérer la réalité, on contribue à construire et à mettre en place sa propre histoire. N'en tient qu'à soi pour qu'elle soit belle. La mienne le sera. Encore des réflexions profondes. Décidément l'insomniaque... Pour terminer sur une note un peu plus légère (hum...enfin, essayer de...) j'ai célébré l'anniversaire d'une grande amie hier soir dans un resto très particulier. J'y avais été en juillet dernier. Il s'agit du Spirit's Lounge sur la rue Ontario est. Resto végétarien et biologique (en autant que faire se peut) qui s'approvisionne au commerce équitable et qui condamne le gaspillage en imposant des amendes et des sanctions à ses clients qui auront eu les yeux plus grands que la panse.... Malgré toute cette philosophie de base, c'est surtout l'accueil qui est marquant à cet endroit(sans parler du décor kitch...indescriptible et de la musique géniale), à la fin de la soirée on sort en faisant la bise au serveur(co-proprio) comme si on le connaissait depuis toujours. Et tout ça dans un climat de simplicité et de générosité. La qualité des invités n'était pas à négliger non plus, directement proportionnelle à la richesse des échanges. Et le tout avec un petit Jérémie, 6 ans,qui dormait dans un coin de la banquette. Ça fait du bien une telle soirée après une semaine aussi mouvementée. Verbo motrice l'insomniaque par ce beau samedi? Sans doute un peu, mais surtout en ébullition. Bon allons, une dernière. Hier, en fin d'après-midi c'était la fête au boulot à l'occasion de la Saint-Valentin devenue par extension la fête de l'amitié. Une collègue-amie m'a montré une nouvelle façon de remonter mes cheveux sur ma nuque avec une pince (et il y en a beaucoup à remonter). Très joli, j'ai eu plein de compliments et je me suis sentie très bien. Narcissique, l'insomniaque? Non, vivante et heureuse de l'être. très bientôt,
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![]() Un p'tit mot? |