En marge;

Clichés instants de mes états d'esprit*

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Mardi le 6 novembre 2001,

Vous êtes mariée?

Euh...oui!...C'est à dire non!...Enfin, je l'étais...Euh.... L'histoire de ma vie en une réponse.... Il m'arrive de me faire poser cette question dans diverses circonstances.... Parfois par pure politesse, d'autres fois avec un brin de curiosité, à l'occasion par des clients....

Et je ne m'habitue pas. Chaque fois mon premier réflexe est de dire oui, puis je rougis et je bredouille non. Finalement pour me justifier, j'explique que ma confusion vient du fait que je l'ai été. Et chaque fois, autant chez moi que chez mon interlocuteur, un malaise s'installe. Je me dis alors qu'un simple non aurait bien suffi. Mais voilà, je n'arrive pas à le dire. Pourquoi?

En analysant un peu je me dis que si je réponds non, c'est comme si je signalais ma disponibilité. Et de s'affirmer célibataire à 40 ans prend un certain courage... Mais qu'est-ce que j'écris là? Du courage? Mais voyons, le célibat n'est pas une maladie...et si je me rappelle bien, c'est un choix que j'ai fait. D'ailleurs, je ne pense pas avoir le célibat triste.... Alors quoi?

En réfléchissant plus, je réalise aussi que, ayant été mariée pendant quinze ans et mère de deux enfants, je ne me sens pas tout à fait célibataire dans l'âme... Enfin, pas au sens "social" du terme. Un peu compliqué tout ça.

Pour moi une personne célibataire est quelqu'un libre de toute attache, sentimentale ET parentale. Dans mon cas la parentalité est évidente...et la sentimentalité peut-être un peu moins mais disons que je partage des sentiments avec quelqu'un. Pas la vie quotidienne mais une attache suffisamment profonde pour ne pas me considérer disponible.... Mais au fond ce n'est pas ça qui me dérange vraiment...

Pour être totalement limpide je dois dire que ce sont les termes "séparée" et "divorcée" qui me restent dans la gorge à chaque fois... C'est terrible mais je dois avouer que c'est une prise de conscience récente... Pour moi ils me font le même effet de froid dans le dos un peu honteux que si j'avais prononcé "échec".... Et pourtant....

Je n'ai jamais considéré les gens qui avaient traversé ce chemin dans mon entourage comme des personnes qui avaient échoué. En général j'estimais que c'étaient des personnes courageuses qui avaient dû opérer un virage difficile. Cela ne changeait rien à ma perception d'elles.

Pourquoi ne puis-je avoir la même vision de moi-même? Je sais que lorsque je me suis mariée je l'ai fait avec engagement mais pas aveuglément. Au fil du temps il est devenu de plus en plus clair que ma route ne suivait plus celle de mon mari. Après de longues années de réflexion et d'évaluation j'ai conclu que je devais dénouer ce lien. Mais point n'est besoin de me justifier, je sais que j'ai fait le meilleur choix dans le contexte et je ne regrette rien, si ce n'est la tempête que j'ai fait traverser aux miens lors du changement. Mais il le fallait.

Maintenant je me retrouve ici, à la croisée des chemins, le nez au vent. Et je m'aperçois que j'ai du mal à assumer publiquement mon nouveau statut civil. Est-ce un symptôme? Ou simplement la prise de conscience que dans la "vraie vie" une femme divorcée porte les stigmates d'un échec aux yeux d'une société un peu moins ouverte qu'elle avait espéré?

Question profonde, même pour l'insomniaque. Mais une chose est très claire, de savoir déposer ça ici, dans ce petit cahier que je sais qu'on lira est à la fois inquiétant et très libérateur. Un pas de plus, un tout petit

À très bientôt,


L'insomniaque :)