En marge;

Clichés instants de mes états d'esprit*

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Mercredi le 31 octobre 2001,

Une autre fois,

mais cette fois-ci c'était peut-être la dernière à laquelle je participais activement. Cette soirée d'Halloween avait un curieux goût de nostalgie mêlée à du plaisir et de la fatigue...

J'ai réalisé que c'était la quatorzième année que je vivais cette soirée en tant que maman. Non mais, c'est un bail ça. Je me souviens de mes émotions les premières fois, combien je renouais avec la petite fille que j'avais été(et que je suis encore parfois, il faut bien l'avouer). Je me rappelle aussi de l'anticipation avec mes oisillons d'alors, de la préparation des costumes, de l'orchestration quasi militaire du déroulement de ces soirées.

Avec les années mon émerveillement a parfois cédé la place à un peu d'agacement. Parce qu'il fallait tout prévoir, en plus du reste, parce que les enfants devenaient surexcités et s'endormaient tard, puis en avaient pour la semaine à se remettre(dans le meilleur des cas), parce que ça occasionnait des dépenses inutiles et parfois malvenues. J'avais perdu la magie.

Ce soir, malgré le fait que notre soirée d'Halloween à Fred et à moi fut un peu improvisée (il m'a annoncé son intention de participer à la quête il y a deux jours seulement, avant quoi il me disait qu'il était dorénavant "trop grand"...et dire qu'il m'avait presque convaincue...), et malgré la température fort peu clémente(pluie et froid), il me semble avoir retrouvé une bonne partie de cet émerveillement. Sans doute parce que je me disais que c'était probablement LA dernière fois que je l'accompagnais.

Et je le regardais, dans son déguisement de dernière minute frapper à toutes les portes, infatiguable, souriant, presque comme le petit bonhomme qu'il avait jadis été. Et pourtant, c'est devenu tellement un grand bonhomme. À 11 ans tout juste(il est du 2 octobre), il est tellement grand. Toujours un petit garçon dans son regard mais presqu'un corps d'adolescent. Se peut-il que j'aie porté cet être dans mon ventre? Et pourtant oui. Ensuite je l'ai bercé, consolé, chatouillé, rassuré, tant que j'ai pu.

Oh, il en a encore besoin(je crois qu'il en aura toujours besoin) mais bien sûr d'une autre façon. Je dois m'adapter. C'est ça la vie.

Je me demande souvent si mes fils ont la mère qu'ils méritent, si je suis à la hauteur. Très honnêtement, il m'arrive d'en douter un peu. Mais ça passe.

Je sais par contre que je les aime très fort. Et je sais que ce sont par des soirs comme ce soir, dont ils se rappelleront avec un peu de nostalgie d'ici quelques années, que je tisse le lien de leur souvenir, que je m'assure qu'ils sauront que j'ai été là. Pas toujours parfaite, ça non, mais là, avec tout mon coeur.

Quand j'ai mis mes fils au monde, je ne savais pas tout à fait pourquoi je le faisais. C'était comme une sorte d'appel de la vie, quelque chose qui venait très naturellement, une évidence sur le chemin de ma vie. Peu à peu la réalité, pas toujours rose, de la vie s'est imposée à moi. Mes fils étaient. Ils grandissaient, s'affirmaient, demandaient, exigeaient même parfois. J'ai eu du mal à trouver ma juste place là dedans.

Aujourd'hui je nous regarde et je me dis que chaque chose est parfaite. Ils sont, je suis et la vie continue. La leur est tout au début et je suis suspendue, en train de les observer déployer leurs ailes, réaliser leurs toutes premières voltiges sous mes yeux de maman-oiseau, la mienne se poursuit, elle me réserve encore des surprises, certaines même jolies....et mes ailes ont encore quelques replis cachés.

Rien de facile dans tout ça, très intéressant par contre. À condition, bien sûr, de cultiver la faculté d'émerveillement et de surprise, même (surtout?) à travers le stress, la fatigue et les tournants en épingle à cheveu à négocier.

Il existe des endroits où nos regards peuvent porter très loin, mais même le plus paisible des sentiers peut comporter des virages imprévus. Il ne faut surtout pas oublier de s'imprégner de la beauté qui nous entoure et du moment présent, les virages viendront bien en temps et lieu. Merci à mon ami Alain de m'avoir permis d'utiliser cette superbe photo d'un lieu qui se passe de mots pour le décrire, d'un moment précieux dans un été unique.

À très bientôt,


L'insomniaque :)