Journal d'une insomniaque 

Jeudi le 20 mai 1999, 

Une autre planète,

c'est là que j'ai l'impression de me trouver lorsque j'ai une bonne grippe et de la fièvre.  Comme si je percevais la vie de façon intermittente à travers une sorte de brouillard...  On dirait que la vie continue pour les autres mais que pour moi elle ne tourne plus qu'autour de ce malaise que je ressens.  Je sais, vous me direz, ce n'est qu'une grippe, compte toi chanceuse, mais je sais bien, cela me permet quand même de constater que je fais une bien mauvaise malade.  Pas très tolérante, ni très patiente et avec un de ces caractères...

    Alors, qu'est-ce que j'ai fait aujourd'hui?  J'ai dormi, pris une douche, dormi, mangé une soupe, dormi, fait une brassée de lessive, dormi, été voir mes fleurs au jardin, dormi....  Vous voyez le genre.  Et maintenant,qu'est-ce que vous pensez que j'ai envie de faire?  Eh oui, dormir.  Je déteste cet état de somnolence continue.

    Mais bon, la maladie nous oblige à nous arrêter et à nous occupper de nous.  Elle nous force à sortir du tourbillon de nos obligations quotidiennes et à se centrer sur soi.   Ce qui n'est pas totalement mauvais, je pense...  Mon problème à moi, c'est que j'ai tellement peur de manquer quelque chose, de rater le train de la vie.   Terrible, non?

    Nos vies sont tissées d'interdépendances, de liens de communication et de partages mutuels de nos territoires.  Lorsqu'un élément se retire, le système se réorganise en fonction de survivre en redirigeant les liens et les interdépendances vers d'autres éléments et en redistribuant le territoire en fonction de la nouvelle carte.

    Plus un élément est absent longtemps, plus il lui est difficile de se tailler une nouvelle place dans le système réorganisé.  Mmmm... Peur de perdre ma place.   Intéressant.Il faudra que j'analyse cet aspect plus en profondeur.  Ce soir, je n'en peux plus.  Bonne nuit.    

                                                                                                   L'insomniaque