Journal d'uneinsomniaque 

Samedi le 10 avril 1999,

Tout mon temps,

aujourd'hui exceptionnellement, je n'ai aucune pression.  Je suis totalement seule, libre de réfléchir et de choisir de faire ce que je veux.  Ou presque...  Car il y a toujours les "je devrais" ou les "je pourrais".  Mais çà va, je peux quand même en faire fi, j'ai l'habitude.

   Certaines personnes qui lisent ce journal, m'ont fait remarquer à quel point mon besoin de solitude est présent dans ces pages.  C'est vrai.  Pas que je n'apprécie pas les gens dans ma vie, non, pas du tout.   Je crois que c'est parce que je suis dans un temps de ma vie où je découvre que j'ai une existence propre, nullement reliée aux relations que j'entretiens et aux rôles que j'assume dans la vie quotidienne. Et que cette existence est aussi importante que ces derniers...

   Probablement que je suis très en retard pour découvrir cette réalité et que la plupart des gens ont toujours connu et intégré cet aspect dans leur vie.  Pas moi.  Et j'en suis maintenant à faire la connaissance, à aprivoiser et à équilibrer cettepartie de moi.   C'est justement cet équilibre qui est difficile à atteindre.

    Comme ce journal:  Il prend beaucoup de place présentement.  Pas seulement l'écriture et la conception, mais la réflexion quant à son but et son utilité.  Qu'est-ce que je veux en tirer?  Jusqu'où je veux me livrer?  Quel est le dosage d'écriture et d'authenticité?   Quels risques dois-je y prendre?

    Toutes ces questions m'habitent et je dois y réfléchir.  Je dois aussi prendre connaissance de ce qui existe sur le web, des positions des autres diaristes, des différentes philosophies qui sous-tendent ce genre d'écrits.   Pas que je veuille adopter une conception qui appartient à quelqu'un d'autre.  Simplement pour mieux me définir.

    Ce qui fait que je passe de plus en plus de temps sur cet ordinateur, à naviguer ici et là, à m'imprégner et à m'informer.  C'est donc du temps en moins pour ma vie quotidienne...  Je dois absolument rogner du temps un peu partout afin de pouvoir en consacrer ici. 

    J'ai surtout sacrifié la télévision et les conversations téléphoniques, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, sauf pour mes amis à qui je donne beaucoup moins de nouvelles...  J'ai aussi beaucoup rogné sur mon sommeil (l'insomniaque, çà vous dit quelque chose?), ce qui se fait cruellement sentir parfois et qui risque d'attaquer ma qualité de vie.

    Là où c'est le plus problématique cependant, c'est dans mes tâches dites domestiques...  Je sais, je sais, je ne devrais pas dire "mes tâches" , mais, que voulez-vous?  C'est ma partie qui en souffre.  Et bien entendu, cela dérange toute la routine familiale...  C'est surtout à ce niveau que je devrai me réajuster.  Jusqu'à maintenant on est plutôt tolérant à mon égard, mais je constate que lorsque je néglige ma partie, la motivation des autres à accomplir la leur fond très rapidement.  Et je n'ai surtout aucun argument pour inciter les autres à se commettre...

    Il me faudra absolument développer la discipline et la méthode très bientôt, car si je déteste les tâches ménagères, j'haïs profondément la confusion et la désorganisation....  Rien de pire qu'un lundi matin pluvieux où l'on doit démêler les vêtements propres pour y trouver de quoi porter!!!  C'est rien pour vous réconcilier avec l'idée de retourner à l'école ou au travail...  C'est terrible,n'est-ce pas?  Et je ne vous parle même pas de l'aspirateur et de l'époussetage...:-(

    Mais je n'arrête pas de penser qu'on a été mis sur terre pour autre chose que pour toutes ces activités ennuyantes, routinières et complètement ingrates parce que toujours à recommencer!  Peut-être est-ce simplement une question de choisir ses priorités et ensuite de les assumer? 

    Suis-je la seule à vivre un tel dilemme?  Y-a-t-il un secret? Les autres passionnés de la vie vivent-ils tous chez leurs parents ou à l'hôtel?  Et Brume, maman/notaire/amoureuse,comment fait-elle?  Faudrait peut-être que je lui demande...

Bon, je crois que l'insomniaque mérite une sieste!  Nous y reviendrons, mais, entretemps, si quelqu'un a une suggestion ou un commentaire, faudrait surtout pas se gêner. :-)

                                     L'insomniaque