Journal d'une insomniaque 

Lundi le 5 juillet 1999,  

Perceptions,

impressions, visions...   Chacun est libre de regarder la vie avec la paire de lunettes qui lui convient.   Là où le bât blesse c'est lorsqu'on veut vous imposer son propre préjugé de la réalité.  Lorsque l'on vous force à appeler un chat un chat, alors que vous voyez un chien...

    Et ainsi les guerres commencent, les massacres, les opressions,  par manque d'ouverture, par manque d'amour, par intolérance.  Triste.  Et le plus triste c'est qu'il aurait suffi parfois, de s'asseoir par terre et d'écouter, d'entendre et d'absorber.  Non, c'est plus facile de prendre une position déjà mâchée, déjà pré-réfléchie, prête-à penser...

    Pourquoi sommes nous si attachés à nos certitudes?  Pourquoi la différence est-elle si menaçante?  Instinct de survie...  Survivre à quoi?  Je me permets de vous partager une citation d'Edgar Morin, qu'un lecteur vigilant et généreux m'a fait parvenir aujourd'hui.  Je trouve qu'elle résume assez bien un enjeu important de cette fin de siècle: l'adaptation au nouveau , au changement et à la différence.   Je vous l'offre:

"Voilà le défi de l'homme moderne. Qu'au lieu d'en mourir, il puisse
se nourrir d'incertitude, de risque, d'angoisse. L'oxygène,
poison mortel pour la forme primitive anaérobie de vie, est devenu
le détoxifiant vital pour l'aérobie : l'air, asphyxiant des branchies,
est devenu le régénérant des poumons ; l'incertitude est le poison qui
doit devenir notre détoxifiant et régénérateur."

    Je sais, plus facile à dire qu'à faire, mais brillant de sagesse, ne trouvez-vous pas?  Que l'incertitude soit un moteur plutôt qu'un frein.  Que l'inconnu soit une source d'apprentissage, plutôt qu'une menace.   Que la différence soit une nouvelle source de beauté plutôt qu'une limite fonctionnelle.  Que l'insomnie soit une occasion de prolonger`la journée plutôt qu'un facteur de raccourcissement de la nuit...  :)

    Question de point de vue me direz vous.  Un simple choix de lunettes.  moi je choisis le kaléidoscope...  Comment, je ne verrai pas?  Je verrai ce qui compte:  Le mouvement, les couleurs et les formes.  Le reste ne dépend que de l'interprétation qu'on en fait.  Je verrai bien... :)

À plus tard, et, préparez vous, le hibou ôô, va de nouveau faire des siennes très bientôt... Et cette fois-ci,  je le laisse seul avec vous... pour une toute petite journée...  Soyez gentils au moins, aidez le à se sentir chez lui, il arrive d'un très long voyage.  Et surtout, quoi que vous fassiez, surtout ne froissez pas ses plumes.

L'insomniaque :)