WB01426_.gif (1288 bytes) Journal d'une insomniaque  WB01409_.gif (599 bytes)

 

Samedi le 20 mars 1999,

Visite surprise,

    hier soir, de mon amie C. que je n'avais pas vue depuis plusieurs mois.Et pour cause!  En décembre dernier, à l'âge de 35 ans,C., est devenue, par amour, maman instantanée de deux adolescents(13 et 14 ans)dominicains.  Transplantés  de leur pays tropical, arrachés du giron maternel, ils ont dû, dans l'espace d'une petite journée, découvrir tout un univers peuplé d'inconnus et habillé de froideur hivernale.

    C'est mon amie C., qui est la conjointe du papa de ces deux ados, qui a tenté de rendre leur atterrissage plus doux et leur arrivée pleine de chaleur.  C'est elle qui a aussi tenté de rendre leur installation ici la plus confortable et efficace possible.   Voyez-vous, ces enfants n'avaient pas vu leur papa depuis les âges de deux et trois ans et n'avaient aucune idée de ce qui les attendait.

    Nouveau climat, nouvelle famille, nouveau système scolaire:  Classe d'intégration, mise à niveau, apprentissage du Français.  Saviez-vous qu'en République Dominicaine, les privilégiés qui peuvent aller à l'école, n'y vont que quatre heures par jour?   L'intégration des matières est donc plus longue et des jeunes de 13 et 14 ans tout à fait normaux peuvent facilement découvrir qu'ils possèdent un niveau de connaissance de 4ème et 5ème année.

    Voilà tout ce que mon amie nous a raconté en détails hier soir.  Assises autour d'une table devant un bon porto, C., É.(elle nous a rejoint en cours de soirée,et a apporté le porto!!!) et moi-même avons discuté à bâtons rompus sur l'art d'être parents et surtout mamans!!!

    Nous avons eu beaucoup de plaisir à démêler les difficultés issues de leur culture différentes, celles dûes à leurs personnalités propres et celles inhérentes à la parentitude, sans égard au lieu, à la culture ou à quoi que ce soit d'autre.

    C'est cette dernière catégorie qui s'est avérée la plus importante, bien entendu.  Nous avons encore une fois eu la preuve qu'on ne naît pas parent mais qu'on le devient tranquillement, jour après jour, au fil de l'évolution de notre progéniture.

    Avant de vivre les frasques de l'adolescence, nous avons eu l'occasion de sentir la fragilité de notre nouveau-né, d'assister avec plaisir à toute les étapes de la prise d'autonomie, depuis les premiers pas jusqu'aux premières danses, en passant par la première bicyclette.  Nous avons donc eu le loisir de connaître notre enfant, de le trouver beau, de découvrir ses forces et ses faiblesses, d'avoir eu souvent envie de l'étriper même puis d'avoir presque éclaté de fierté devant son courage et sa réussite.   Arrivé à l'adolescence, nous possèdons alors un cadre de référence pour apprécier cet être que nous avons souvent peine à reconnaître.  Ce cadre de référence nous permet alors d'avoir confiance, de continuer à croire en cet être maladroit qui est en plein questionnement  et qui transpire l'incertitude et parfois l'insolence!

    C'est malheureusement ce que notre amie C. n'a pas( ni son conjoint d'ailleurs).  Elle a par contre toute la générosité et la bonne volonté sans oublier la persévérance que nous lui connaissons depuis longtemps.  Elle nous a aussi, ses amies, et nous serons là pour elle, çà c'est certain, quand elle aura besoin qu'on lui rappelle la force qu'elle possède en elle-même.  Après tout, des amies, çà sert à çà, non?

            Bon, et bien, à plus tard!

                                                                  L'insomniaque

 

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