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En marge; Clichés instants de mes états d'esprit* * Vous n'avez qu'à glisser doucement la souris sur les icones pour les découvrir. |
Derrière le comptoir, on voit la vie bien différemment et les gens qui la composent ont un nouveau visage. Je pense que travailler dans un commerce m'apporte une perspective bien différente des êtres humains. Je le savais mais je l'avais oublié. Depuis quelques jours j'ai un nouvel emploi, c'est à dire un deuxième emploi à temps partiel qui me permet de gagner quelques sous de plus. Mais je me rends compte que ce n'est pas la seule chose que ça m'apporte, oh non... En fait, cette frontière entre le monde et moi, soit un petit comptoir dans une fromagerie, me confère un lieu privilégié pour observer les gens et les étudier. Il y a ce père et sa fille d'une dizaine d'années. Devant chaque fromage il la questionne: "Tu aimes?" "Tu veux goûter?" Et la fillette lui répond sans cesse par un grognement monosyllabique dénotant l'ennui le plus profond. Sans doute un papa de fin de semaine comme on les appelle qui tente d'ouvrir la communication par tous les moyens. Et sa fille qui refuse de s'impliquer à moins qu'il ne lui parle d'elle plutôt que de fromages.... Et ce couple dans la cinquantaine: Lui, plutôt élégant, ayant résolument abattu sur son crâne une longue mèche de cheveux grisonnants afin de camoufler une calvitie pourtant distinguée. Elle, discrète et simple, l'air de se demander ce qu'elle fait dans ce lieu bien fréquenté. Elle regarde l'étalage des fromages, un peu dépassée par tout ce qu'elle y voit. Son compagnon lui demande ce qu'elle veut, elle répond par un haussement d'épaules qui signifie: "Choisis, toi". Devant cette hésitation je m'approche et je tente quelques suggestions. "Excellent" répond-il, "Tu aimes ma chérie?" "Je ne connais pas..." réplique-t-elle. visiblement embarassée. "Vous aimeriez goûter? lui dis-je. Et l'homme de répondre en s'adressant à sa femme: " Mais vas-y, goûte, tu seras un peu moins ignorante..." En lui tendant un morceau je cherche ses yeux pour lui faire un sourire mais je ne trouve qu'un regard vide et résigné. Il me prend alors une terrible envie de balancer le morceau de fromage en plein centre du visage de cet homme. Triste humanitude parfois... Et cet homme qui me demande un morceau de cheddar biologique vieilli. Alors que nous passons à la caisse, il me bredouille quelque chose que je n'arrive pas à entendre. Je lui demande alors de répéter et il me dit, en saisissant son morceau de fromage et en fuyant mon regard: "Ailleurs c'est moins cher".... J'ai envie de sourire et de lui dire que c'est parce qu'ici on le tranche avec amour, mais je n'en ai pas le temps, il sort précipitamment comme si le fait d'avoir exprimé ça avait demandé toutes ses forces et le rendait légèrement honteux... Pourtant, il n'a fait que citer un fait et il en avait le droit. Étrange comme les gens ont parfois peur de dire ce qu'ils pensent et surtout, de rester pour en discuter. Finalement ce travail me plaît bien, on dirait que c'est la porte sur un nouveau monde à découvrir, ou à redécouvrir. C'est un travail plus physique que ce dont j'ai l'habitude, pourtant je ne ressens pas la fatigue lorsque j'y suis, plutôt un plaisir à bien faire mon travail, à apprendre tous les petits trucs. J'ai bien fait quelques erreurs durant le week-end mais passée l'humiliation initiale j'ai surtout appris. Alors finalement le bilan est positif et je me rends une fois de plus compte que la vie est un chemin parsemé de surprises et qu'en cultivant l'esprit de découvertes et d'émerveillement on grandit beaucoup plus qu'on vieillit. Tant mieux. En terminant, il semble bien que j'aie trouvé mon prochain logis et encore une fois c'est génial et parfait. J'opterai pour la colocation parce que le logement qu'on me propose est suffisamment grand pour être partagé confortablement. De plus cette façon de vivre n'a rien pour me déplaire puisqu'elle me rappelle mes années d'étudiante, la solidarité et la simplicité qui y régnaient. J'ai depuis découvert que j'aimais bien aussi ma solitude mais je pense vraiment qu'il sera fort possible de trouver un compromis très respectable. J'ai aussi l'avantage d'être située dans un quartier fort agréable ce qui devrait faciliter mes recherches pour le ou la coloc idéal(e)... J'ai bien deux ou trois idées mais pour l'instant rien ne presse. L'important c'est que Fredoux, Pichou et moi aurons un toit au dessus de nos têtes cet automne. Le reste finira bien par arriver, j'ai confiance. Voilà donc quelques nouvelles de ce week-end, je tenterai de revenir cette semaine si le temps peut un peu s'arrêter de courir. Bizarre que je vous écrive cela alors que justement j'aurais très envie d'être déjà en août quelque part en France... Ce n'est qu'une contradiction de plus dans les grands vents de ma vie.
À très bientôt,
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