Lundi le 23 avril 2001,

Il y a quatorze ans,

s'achevait doucement une des plus belles journées de ma vie. Une des plus difficiles aussi. Et sans doute des plus irréelles. Le jour où la peur et l'émerveillement ont dansé ensemble en plein centre de moi. Le jour où je suis devenue maman.

À partir de là je n'ai plus rien reconnu, tous mes repères ont basculé. Un peu comme vous ce soir qui lisez mes mots. Vous ne reconnaissez plus le décor, vous cherchez à me trouver dans cet étrange endroit.

Et pourtant j'y suis.

Mon fils n'y est pas.

Pour la première fois en quatorze ans ce n'est pas moi qui l'ai réveillé ce matin. Je ne l'ai pas embrassé. Je ne l'ai pas vu. Nous nous sommes contentés d'une petite conversation légère et chargée à la fois. Ce soir.

Que dire à un adolescent de quatorze ans dont la maman-oiseau a quitté le nid un soir de printemps? Qu'il doit continuer de grandir? Et moi aussi...

Et là je revois tous les gestes que j'ai posés depuis deux ans, un après l'autre, et je ne peux me résigner à les regretter. Sauf un. Ne pas avoir réveillé mon fils ce matin avec un doux bisou de maman. Je sais. On n'y peut rien, la vie suit son cours. Tous les gestes que l'on pose sont tissés en une toile unique et forment le tissu de la vie.

Mais ce soir je me sens étangement vide,étrangement loin... et je sais que c'est pire pour lui. On ne met pas les enfants au monde pour les garder sur son coeur. Mais ce serait tellement doux de pouvoir les y tenir.

Voilà pourquoi ce soir j'avais besoin de la douceur de cette page, de l'insouciance légère de ce décor. Comme une chambre d'enfant à l'intérieur de moi.

Merci d'éteindre la lumière en sortant sur la pointe des pieds.

À bientôt,

Lou:)

 


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