Journal d'une
insomniaque
Mardi le 12 octobre 1999,
Déphasée,
comme si je n'arrivais pas à me suivre moi-même aujourd'hui. Ça vous arrive parfois de vous sentir à côté de vos souliers? D'avoir l'impression d'être totalement incomprise de l'entourage et de ne pas très bien comprendre non plus.
D'ailleurs, pourquoi je vous écris ce soir? Peut-être parce que ça m'aide à voir plus clair, à me sentir plus branchée, moins décrochée. Bizarre. Ça doit être le brouillard avant l'éclaircie. Si c'est le cas et que j'en juge par l'épaisseur du brouillard en question, la découverte sera majeure. J'espère.
Il y a quelques temps, pas très longtemps, quatre ou cinq mois en fait, j'avais vraiment l'impression d'être à l'aube de quelque chose, d'assister au début de quelque chose de délicieusement merveilleux. Ces derniers temps, je n'arrive pas toujours à vibrer de cette énergie. Et pourtant, c'était si bon, si plein de promesses...
Et pourtant, j'ai la conviction profonde et intime que cette phase n'est qu'une adversité temporaire, un test de la vie pour voir si je tiens vraiment à être heureuse, si j'y crois suffisamment pour continuer à y croire malgré l'épaisseur du brouillard. Le puis-je? en tout cas, je le désire.
Heureusement que j'ai des amies autour, des complices qui continuent à croire en moi même quand j'oublie. Heureusement..... J'en ai besoin.
Parlant d'amies, c'est surprenant parfois comme des cyberamies peuvent bien vous connaître et vous ressentir rien qu'à travers un clavier et un écran, parfois même de l'autre bout de la planète :) On aura beau dire que l'ordinateur est un outil de communication impersonnel, dans certains cas c'est dur à croire...
Dans d'autres cas, c'est moins heureux. Un ami m'a dit quelque chose ce soir que j'ai peine à avaler. Rien qu'une toute petite remarque, en réponse à une question de ma part, donc, aucune intention de me blesser, j'en suis certaine. Et pourtant, ce qu'il m'a dit me renvoie une image négative de moi et de l'amitié que j'entretiens. Est-ce moi qui n'est pas capable d'accepter la critique? Possible.
D'ailleurs cet ami m'a assurée que ce "défaut" que je possédais ne changeait rien à l'amitié qu'il me vouait. Alors pourquoi est-ce que je me sens triste? Je ne sais pas. Sans doute mon orgueil, mon besoin de briller partout... Ou alors, ce fameux déphasage que je ressens aujourd'hui. Comme si je n'arrivais pas à me plaire à moi même aujourd'hui, donc, plus grand besoin d'être reconnue de l'extérieur... Peut-être...
Dans le fond, ce qu'il m'a dit, n'a pas sonné complètement creux en moi. Il y avait certes un fond de vérité là-dedans, sinon ça ne m'aurait sûrement pas touchée autant. Et si tout le monde le pensait et que seulement lui avait eu la franchise de me le dire?...:(
Enfin, c'est aussi que j'aime beaucoup cet ami et que l'idée de lui déplaire m'est extrêmement désagréable... Pas tant que ça quand même. Mais bon, l'idée qu'il me trouve "possessive"(voilà, c'est dit;) signifie pour moi que j'ai outrepassé la douceur et la souplesse de l'amitié. C'est vrai que j'ai parfois tendance à demander beaucoup d'attention, à prendre pour acquis la disponibilité et l'affection des gens que j'aime(certain(e)s pourraient d'ailleurs fort bien en témoigner). Pas fière de le dire mais, je pense que si cet ami a eu le courage d'être franc, je peux à tout le moins lui offrir la pareille. Tu n'as peut-être pas tort. Je tenterai d'être plus consciente de mes à priori. De ne plus prendre pour acquis:) Voilà, ça fait du bien. Et si je le dis ici, c'est que ça vaut pour tous les autres également. Là, j'ai l'impression d'avoir grandi un peu :))) À bientôt,
L'insomniaque :)